Les marchés : Trois sorcières
Fin d’une semaine rouge pour le CAC 40 ! Avec sa baisse de 0,26% ce vendredi, à 8 167 points, l’indice français perd 0,63% depuis lundi matin. Une petite respiration bien méritée après le nouveau record historique établi la semaine dernière, sur les 8 260 points. Retrouvez ici les niveaux que l’on surveille sur le CAC pour les prochains jours. En cette séance des trois sorcières (voir lexique), les investisseurs se sont surtout intéressés à deux actus : l’inflation en zone euro et la production industrielle en Chine.
Pas de grande surprise côté européen, l’inflation tous prix confondus stagne comme attendu à 2,4% sur un an en avril. Elle se tasse hors énergie et alimentation, passant de 2,9% à 2,7%. C’était les chiffres attendus par le marché. Les résultats chinois sont toutefois plus mitigés. En avril, la Chine a enregistré une croissance industrielle de 6,7% sur un an, supérieure aux attentes, mais les ventes de détail, indicateur clé de la consommation, ont ralenti à 2,3%, en dessous des 3,1% du mois précédent et des 3,7% attendus par les économistes.
Pour les marchés, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Cela fait plusieurs mois qu’ils espèrent que Pékin va sortir l’artillerie lourde avec un plan de relance massif de son économie. Dans les prochaines semaines, ils devraient également s’intéresser à la guerre commerciale avec Washington, et aux nouveaux droits de douane que s’infligeront les deux superpuissances.
Les valeurs : Richemont, Engie et Carmat
Richemont
Le propriétaire suisse de marques prestigieuses comme Cartier et Van Cleef & Arpels, grimpe de 5,71% à 145,30 francs suisses ce soir, suite à l'annonce de résultats financiers supérieurs aux attentes. Le groupe a encaissé des revenus de 4,8 milliards d'euros au premier trimestre, en hausse de 2% sur un an, avec une performance notable dans la joaillerie qui a contribué à hauteur de 3,34 milliards d'euros. Cette croissance est soutenue par d'excellentes performances en Amérique et en Europe, qui contrastent avec un recul en Asie-Pacifique.
Pour l'ensemble de l'exercice, le groupe a généré un chiffre d'affaires de 20,62 milliards d'euros, en hausse de 3%, et un résultat d'exploitation de 4,8 milliards d'euros. En parallèle, la direction a annoncé la nomination de Nicolas Bos, actuellement directeur général de Van Cleef & Arpels, comme nouveau directeur général de Richemont, une décision qui semble également avoir été favorablement accueillie par le marché. Le titre gagne plus de 25% en 2024.
Engie
Le géant énergétique français clôture à l’équilibre, à 15,77€, suite à des résultats mitigés au premier trimestre. Son chiffre d'affaires global chute de 24,9% à 22 milliards d'euros, bien que le résultat opérationnel ressorte en légère baisse de 1,2%. La division des énergies renouvelables a bénéficié de conditions favorables, tandis que les infrastructures ont souffert d'une baisse de 14,3% due à des volumes réduits. Par ailleurs, les conditions de météo relativement douces ont réduit la demande de gaz, impactant négativement les revenus d’Engie. La direction reste toutefois optimiste avec des prévisions de résultat opérationnel hors nucléaire comprises entre 7,5 et 8 milliards d'euros pour 2024. Depuis le début de l’année, le titre perd 1%.
Carmat
Le concepteur du cœur artificiel Aeson, éligible au PEA-PME, chute ce soir de 22,53% à 3,09€ après qu’Oddo BHF ait réduit son objectif de cours de 9€ à 6,8€, prenant en compte l'effet dilutif d'une récente levée de fonds. Carmat a en effet levé 16 millions d'euros, dépassant son objectif initial de 15 millions, mais à un prix par action fortement décoté, ce qui a négativement impacté son cours. Ces fonds sont destinés à soutenir le développement de son cœur artificiel Aeson et son essai clinique en France, permettant à l'entreprise de prolonger ses opérations jusqu'à mi-août 2024. Depuis le début de l’année, le titre cède plus de 45%.
Le monde d'après : Un cadre pour l'IA
C’est fait ! Le Conseil de l'Europe vient d'adopter le premier traité international juridiquement contraignant sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. Ce traité, ouvert à la signature même de pays non-européens, établit un cadre juridique qui s'appliquera au cycle de vie complet des systèmes d'IA. Il vise à identifier et atténuer les risques liés à ces technologies tout en promouvant une innovation responsable. Les mesures du traité exigent une transparence accrue, le contrôle des contenus générés par IA et la mise en place de mesures pour évaluer et potentiellement interdire l'utilisation de systèmes jugés dangereux.
En parallèle, l'Union européenne a pris des mesures similaires avec l'adoption de l'IA Act début mars, marquant une tentative de régulation des systèmes d'IA comme ChatGPT au sein de l'Union européenne. Cette législation classe les IA selon leur niveau de risque, établissant des contraintes allant de minimales à une interdiction totale pour les applications les plus risquées. Ces efforts visent à garantir que l'IA soit développée et utilisée de manière éthique et sécurisée, en respectant les droits de l'homme, la démocratie et l'État de droit. Bref ! Les Américains innovent, les Chinois copient, les Européens régulent.
Le lexique : Séance des trois et quatre sorcières
Aujourd’hui, c’est la séance des trois sorcières, comme tous les troisièmes vendredis de chaque mois. Et des quatre sorcières une fois par trimestre. Durant ces séances, les investisseurs peuvent s’attendre à une hausse de la volatilité engendrée par le débouclement des contrats futures, des options sur indices, des options sur actions et, une fois par trimestre, des futures sur actions, qui arrivent à échéance.
Ces produits financiers sont généralement réservés aux investisseurs professionnels et institutionnels. La dernière heure de cotation est la plus volatile car c’est le moment où un maximum d’investisseurs possédant ces instruments choisissent de dénouer leurs positions ou de les “roller”, c'est-à-dire de conserver les contrats jusqu’à la prochaine échéance.