Les marchés : Prudence, prudence...
Le CAC 40 entame la semaine avec une hausse d’1,03% à 7 707 points. Avec son rebond d’1,7% la semaine dernière, l’indice français a effacé environ la moitié de sa baisse de plus de 6% qui a suivi la dissolution de l’Assemblée. Le plus dur reste à faire ! En attendant les résultats définitifs des législatives, le rebond reste précaire…
Les volumes investis à Paris restent assez faibles, signe de la prudence des investisseurs. Ce sont surtout les achats à bon compte qui ont soutenu la hausse aujourd’hui, le podium de ce lundi est composé de BNP (+3,3%), Sanofi (+3,1%) et Edenred (+2,5%). Du côté des taux, l’écart de rendement entre les obligations allemandes et françaises à 10 ans se réduit légèrement depuis la fin de semaine dernière. C’est une bonne nouvelle mais elle est également très précaire. Ce fameux “spread” sera à nouveau suivi de près par les investisseurs dans les prochaines semaines, d’autant que la France a prévu d'emprunter massivement sur les marchés le mois prochain.
Autre source de prudence, le premier débat entre Joe Biden et Donald Trump aura lieu jeudi. Après les élections françaises, celles des États-Unis approchent à grands pas. Elles auront lieu en novembre et d’ici là, les sondages devraient gagner en importance dans la grille de lecture des investisseurs américains. Cette semaine, ce sont avant tout les derniers chiffres de l’inflation de l’Oncle Sam qui seront à l’honneur, on en reparle dans la suite de cette édition. Bonne lecture !
Les valeurs : Eurofins Scientific, Valeo et Valneva
Eurofins Scientific
Sacrée chute ! L’action d'Eurofins Scientific chute de 16,15% à 44,22€ ce lundi, suite à un rapport du vendeur à découvert Muddy Waters, qui accuse le groupe de surestimer significativement ses bénéfices et son cash. Le document critique également l'actionnaire majoritaire pour avoir prétendument siphonné des fonds de l'entreprise. Ces accusations pointent vers des incohérences financières et des pratiques de gestion douteuses, incluant des transactions immobilières suspectes entre le PDG et la société.
Muddy Waters suggère que les audits internes et externes d'Eurofins présentent des lacunes majeures, contribuant à une représentation potentiellement trompeuse de la situation financière de l'entreprise et impactant fortement la confiance des investisseurs. Depuis le début de l’année, le titre cède désormais plus de 25%.
Valeo
Aujourd’hui, la banque d’investissement Stifel abaisse sa recommandation sur l'équipementier automobile et passe d’acheter à conserver. Cette révision s'accompagne d'une baisse significative de son objectif de cours sur Valeo, de 22€ à 11,3€, reflétant une visibilité limitée sur l'avenir de l'entreprise. Ces révisions sont motivées par des risques accrus dans le secteur automobile, en particulier à cause de la transition vers l'électrification qui peut ronger les marges.
Stifel s’inquiète également des incertitudes géopolitiques, et des défis dans la chaîne d'approvisionnement global qui continuent de peser sur la production automobile. De plus, la compétition accrue des équipementiers chinois pourrait également menacer les parts de marché de Valeo. Malgré la mise à jour de Stifel, le titre clôture en hausse de 1,79% à 10,25€ ce soir, mais cède tout de même 27% depuis le 1er janvier.
Valneva
Le spécialiste des vaccins, éligible au PEA-PME, grimpe de 11,15% à 3,45€. Santé Canada a approuvé son vaccin contre le chikungunya, ce qui marque une avancée significative pour l'entreprise qui avait déjà obtenu une approbation aux États-Unis. Ce feu vert ouvre de nouvelles perspectives de marché pour Valneva, en raison des 7 millions de Canadiens qui voyagent chaque année vers des zones endémiques.
Le groupe prévoit de commercialiser son vaccin au Canada au quatrième trimestre, anticipant des revenus importants, avec des attentes élevées quant à une approbation prochaine en Union européenne. Cette série de bonnes nouvelles renforce le potentiel de croissance internationale du laboratoire français mais pour le moment, le titre cède près de 30% depuis le début de l’année.
L'agenda du lundi : En attendant les législatives
Cette semaine, les chiffres d’inflation seront à nouveau au centre des attentes, avant le premier tour des élections législatives en France. La séance de vendredi sera la plus importante, avec les données américaines (indice PCE) et françaises. En dehors d’une nouvelle estimation de la croissance américaine au premier trimestre et des commandes de biens durables réalisées outre-Atlantique en mai, au programme de jeudi après-midi, peu de nouveaux chiffres seront publiés dans les prochaines séances.
Demain à la Une : Direction les 7 800 ?
Demain, un seul indicateur économique pourrait attirer l’attention de Wall Street : le sentiment de confiance des consommateurs américains, mesuré par le Conference Board (voir lexique). Sur le CAC 40, en cas de poursuite du rebond, le test des 7 800 points sera déterminant à court terme, avant celui des 7 925 par extension. Du côté des supports, les plus importants sont fixés à 7 690 et 7 600. Affaire à suivre !
Le monde d'après : Shein choisit Londres !
Le géant chinois du prêt-à-porter en ligne, Shein, vient de faire un pas supplémentaire vers une possible cotation à Londres. Le groupe a en effet déposé de manière confidentielle son dossier auprès de l'autorité britannique de régulation des marchés, la Financial Conduct Authority. Cette démarche, révélée par des sources de Reuters et évoquée par le Financial Times, montre que l'entreprise envisage sérieusement le marché britannique pour son expansion boursière, bien que les détails ne soient pas encore confirmés par sa direction.
Londres pourrait représenter un pivot significatif pour Shein, qui avait initialement envisagé une introduction en Bourse aux États-Unis. Son projet a cependant été compliqué par des défis réglementaires et politiques, notamment par les préoccupations de la Commission chinoise de régulation des valeurs mobilières quant aux chaînes d'approvisionnement de l'entreprise.
Ces obstacles ont poussé le groupe de prêt-à-porter à envisager Londres comme alternative, bien qu'il n'ait pas encore reçu le feu vert des autorités locales. Ce changement stratégique illustre les complexités et les défis réglementaires que rencontrent les grandes entreprises chinoises cherchant à se développer à l’international, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes...
Le lexique : Conference Board
Le Conference Board est une organisation de recherche indépendante et à but non lucratif basée aux États-Unis. Fondée en 1916, elle se consacre à la recherche et à la diffusion de connaissances sur les questions d'affaires et d'économie. L'une des contributions les plus notables du Conference Board est la publication d'indicateurs économiques, dont l’un des plus célèbres est dédié à l’évolution de la confiance des consommateurs américains, d’un mois à l’autre. Bien que basé aux États-Unis, le Conference Board a une portée internationale et possède des bureaux dans d'autres régions du monde. Il aborde des problématiques à la fois locales et mondiales.