Les marchés : Le CAC est-il hanté ?
Ce soir, Halloween inspire les marchés qui jouent à se faire peur. Le CAC 40, dans le rouge, clôture en baisse de 1,05% à 7 350 points. -2% depuis le début de la semaine et -2,6% sur l’année. Malgré des performances encourageantes de certaines valeurs, comme Airbus et Société Générale, BNP Paribas et Total n’ont pas échappé aux crocs des investisseurs. Les taux obligataires en Europe continuent leur ascension infernale. Le rendement des OAT françaises grimpe à 3,15%, et le Bund allemand se hisse à 2,41%.
Ces mouvements sont attisés par l’inflation en zone euro qui augmente un peu plus fortement que prévu en octobre, à 2%, et qui fait planer une ombre d’inquiétude. La BCE devrait opter pour des baisses de taux plus importantes si l’inflation et la croissance restent inquiétantes. Tant mieux ! Aux États-Unis, l’inflation n’est pas au mieux de sa forme non plus, restant à 2,7% sur un an (hors prix de l’énergie et de l’alimentation), contre 2,6% attendu. Surtout, Microsoft (-5,5%) et Meta (-4%) pèsent lourdement sur la tendance des indices américains, après des résultats en demi-teinte.
Les valeurs : Les bancaires, Rubis et Lectra
Les bancaires
Deux salles, deux ambiances. Société Générale (+11,33%) finit premier du CAC ce soir, quand BNP (-4,20%) signe la pire performance. Les deux banques ont publié leurs résultats trimestriels aujourd’hui et le moins que l’on puisse dire, c’est que le marché les a accueilli de manière bien différente ! Société Générale a frappé fort, dépassant largement les attentes avec un bénéfice net de 1,37 milliard d’euros, boosté par des performances solides sur ses activités de trading et un net redressement de sa banque de détail en France.
BNP, à l’inverse, présente des résultats ternes malgré un bénéfice de 2,87 milliards d’euros, conforme aux prévisions. La première banque du pays souffre d'une faiblesse persistante dans son activité de détail et des performances trimestrielles mitigées dans sa branche d’investissement. Depuis le début de l’année, Sogé gagne désormais 10% et BNP est à l’équilibre.
Rubis
Dernier du SBF 120, Rubis ne brille pas ce soir ! Spécialisé dans la distribution d'énergies, le groupe français annonce une révision à la baisse de ses objectifs pour 2024, provoquant une chute de 10,3% de son titre, à 22,48€. La direction évoque notamment les tensions au Moyen-Orient pour justifier ce revers mais se montre optimiste sur le résultat net et les dividendes pour 2024.
Le bénéfice net annuel devrait ressortir entre 340 et 375 millions d'euros. Le bureau d’analyses Oddo BHF a abaissé son objectif de cours sur l’action à 32 euros, estimant que cette nouvelle révision pourrait accentuer la pression des actionnaires pour un changement de stratégie. Depuis l’entrée au capital de Vincent Bolloré en mars, Rubis attire les investisseurs, mais sa rentabilité stagnante alimente leur impatience… Le titre gagne 1% depuis le début de l’année.
Lectra
Le spécialiste des solutions technologiques pour l'automobile et l'ameublement s'envole de 8,97% ce soir, à 25,5€. Éligible au PEA-PME, l’entreprise profite de résultats solides sur les neuf premiers mois de l’année, dont un chiffre d'affaires en hausse de 10% à 394 millions d’euros, porté par une forte croissance des revenus récurrents, en particulier sur le segment SaaS. Ce modèle, basé sur l'abonnement en ligne, assure une accessibilité continue et des mises à jour simplifiées pour les utilisateurs, et a plus que doublé cette année.
L’annonce de la société de maintenir ses prévisions annuelles, bien que prudentes avec une cible dans le bas de la fourchette de 480 à 530 millions d’euros, renforce la confiance des investisseurs. Le marché salue également l’augmentation marquée du cash-flow libre, qui atteint 49,9 millions d’euros. Cependant, le titre affiche toujours un recul de 15% depuis le début de l'année.
Demain à la Une : Les Major US
Le contexte pétrolier est très chargé en ce moment. Entre les tensions géopolitiques, la faible demande mondiale et la politique du cartel de l’OPEP+, les sujets ne manquent pas. Demain, les deux majors américaines Exxon et Chevron publieront leurs résultats du troisième trimestre. Ce seront les principales publications d’entreprises suivies par Wall Street.
La place américaine devra aussi digérer les résultats dévoilés ce soir, et pas des moindres : Apple, Amazon et Mastercard sont attendues de pied ferme. Au programme également, le rapport mensuel NFP, sur l’emploi américain. Aucune entreprise majeure ne dévoilera de résultat en France demain, à l’occasion de la Toussaint. Le CAC 40 cotera mais les volumes investis devraient être particulièrement faibles.
Le monde d'après : Frissons de fin d'année !
Les temps sont durs pour les spécialistes des semi-conducteurs. STMicroelectronics, AMD, ASML… Tous enregistrent des performances décevantes ces derniers jours, dans la tourmente d’une demande qui fléchit et de prévisions qui déçoivent. STMicroelectronics vient de publier des résultats au-dessus des attentes pour le troisième trimestre, mais ses prévisions pour le T4 et l’ensemble de l’année sont inférieures aux attentes du marché.
Malgré des revenus en légère hausse par rapport au trimestre précédent, la demande est en effet poussive, en particulier dans le secteur automobile, poussant l’entreprise à revoir ses prévisions annuelles à la baisse. Sans grande surprise, le marché a accueilli défavorablement cette annonce, avec une chute de 2,87% de l’action ce soir, à 25,02€.
L’incertitude s’étend désormais à 2025, où la croissance semble déjà compromise. Le président du directoire de STMicroelectronics a annoncé un plan d’économies ambitieux pour optimiser les coûts d’ici 2027. Son projet inclut une réduction importante des coûts. La réaction du marché sera à surveiller dans les prochaines semaines, alors que les spécialistes des semi-conducteurs luttent pour maintenir leur rentabilité dans un contexte mondial difficile.
Le lexique : L'Impact des élections US
Extrait de notre guide sur les élections américaines :
“Historiquement, les marchés boursiers ont souvent réagi positivement lors des élections américaines, notamment quand le président sortant se représente. Depuis 1944, les actions américaines affichent en moyenne une progression annuelle de 16% durant ces années électorales, peu importe l'issue du scrutin. +18,4% en 2020. Les marchés ont mieux performé sous les démocrates, avec des rebonds marqués en 1976, 1996 et 2020.
Mais l'élection de 2024 pourrait encore bouleverser ces tendances qui ne sont pas exclusivement liées au processus électoral. D’autres facteurs jouent un rôle crucial, notamment les résultats des entreprises, l’évolution de l’inflation et surtout les politiques monétaires de la Fed. Sans oublier les tensions avec la Chine…”