Les marchés : Trump J+1
La Bourse de Paris poursuit son ascension ce mercredi, enregistrant une septième séance consécutive de hausse. L’indice CAC 40 progresse de 0,86% à 7 837 points, affichant déjà une performance impressionnante de +6% depuis le début de 2025. Les marchés digèrent avec optimisme les dernières déclarations de Trump, dont le ton semble osciller entre menaces et négociations.
Le président américain a surpris en évoquant de potentielles surtaxes douanières de 10% sur les importations chinoises, bien en deçà des 60% annoncés pendant sa campagne. Il a également mis en garde contre de possibles droits de douane visant l’Union européenne, mais semble pour l’instant privilégier la voie de la négociation. Cette stratégie, qui combine pressions et concessions, semble rassurer les investisseurs, tout en laissant planer un doute sur les prochains mois. Marc Fiorentino le rappelle souvent, Trump est avant tout quelqu’un qui fait des deals.
Par ailleurs, l’annonce par Trump d’un projet national autour de l’intelligence artificielle a capté l’attention des marchés. Une initiative qui pourrait bouleverser certains secteurs stratégiques et créer de nouvelles opportunités d’investissement. On vous détaille ce projet dans ce Journal.
Les valeurs : Schneider Electric et Legrand, Alstom et Younited
Schneider Electric et Legrand
Donald Trump a encore frappé un grand coup. Cette fois-ci, ce n'est pas une nouvelle guerre commerciale qui secoue les marchés, mais l'annonce d'un projet pharaonique dans l'intelligence artificielle : Stargate. Le président américain a dévoilé la création d'une coentreprise entre OpenAI, Oracle et Softbank, avec à la clé un investissement de 100 milliards de dollars dès 2025, appelé à grimper à 500 milliards.
La promesse est simple, doter les États-Unis des infrastructures nécessaires à la prochaine révolution de l'IA, avec une focalisation sur les data centers, ces monstres gourmands en énergie et en technologie de pointe. Dans la suite de l’édition, on reparle de ce véritable eldorado pour de nombreux groupes internationaux. Qui dit data centers, dit aussi opportunités pour les acteurs de l'efficacité énergétique. Schneider Electric et Legrand, les stars du CAC 40 dans le domaine, n'ont pas tardé à briller. Ces deux groupes sont parfaitement positionnés pour capter la manne des investissements colossaux de Stargate.
Schneider, leader incontesté sur le segment des équipements pour data centers, voit ce marché déjà représenter 19% de ses commandes et anticipe une croissance annuelle de plus de 10% d'ici 2027. Son portefeuille est jugé comme le plus complet du secteur, au coude-à-coude avec l'américain Vertiv, selon Barclays. Legrand, de son côté, capte environ 20% de ses revenus grâce à cette activité en plein boom. Son expertise dans les solutions de gestion électrique et de refroidissement innovant le place en première ligne pour profiter de cette dynamique. Ce soir, Legrand gagne 2,99% à 102,70€, +2,64% pour Schneider à 269,80€. Respectivement, +13% et +50% sur un an.
Alstom
Alstom perd ce soir 4,18% à 19,84€ (+84% sur un an). L’équipementier ferroviaire a annoncé des prises de commandes de 4,26 milliards d'euros, au-dessus du consensus de 4,13 milliards, et un chiffre d'affaires en hausse de 9,8%. Pourtant, le marché sanctionne le titre. Pourquoi ce repli ? Le diable se cache dans les détails. Lors de la conférence de presse, le directeur financier, Bernard Delpit, a alerté sur une concurrence accrue, notamment en provenance du chinois CRRC, qui multiplie les contrats en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique Latine. Un signal d'inquiétude pour les investisseurs, même si Alstom assure que cela n'affecte pas ses marges.
Autre facteur de crispation, la révision à la baisse de l'objectif de production. Alstom anticipe dorénavant entre 4 300 et 4 400 voitures de train produites sur l'exercice en cours, contre une fourchette initiale de 4 400 à 4 600. Un décalage en partie imputable à des tensions sur la chaîne d'approvisionnement, avec plusieurs fournisseurs critiques impactant les lignes de production européennes. Enfin, les investisseurs s'interrogent sur les perspectives à long terme. Si Alstom maintient ses objectifs financiers avec une marge d'exploitation de 6,5% et un free cash-flow compris entre 300 et 500 millions d'euros, la prudence s'impose.
Younited
Younited s’invite à la Bourse de Paris ! Le spécialiste européen du crédit à la consommation a officialisé ce lundi sa double cotation sur Euronext Paris. Déjà présent à la Bourse d’Amsterdam, le groupe valorisé 622 millions d'euros a financé plus de 6 milliards d'euros de prêts depuis 2009. Il compte ainsi renforcer sa visibilité en France, son marché d’origine.
Ce mouvement s’inscrit dans une stratégie de croissance ambitieuse, soutenue par un investissement récent de 152,6 millions d’euros d’Iris Financial, destiné à solidifier son bilan et accélérer son expansion. Son objectif est d’atteindre un résultat net positif d’ici fin 2025 et générer un retour sur capitaux propres supérieur à 25% d’ici 2027. Une étape stratégique qui positionne Younited comme un acteur clé du secteur financier européen.
L'événement du mercredi : 500 milliards pour l'IA
Hier soir, nous vous parlions de la suppression des régulations sur l’IA validée par Trump. Un jour, une annonce : il va falloir s’y habituer. Trump lance Stargate, un projet de 500 milliards de dollars à horizon quatre ans visant à faire des États-Unis le leader mondial de l'intelligence artificielle, et à distancer largement la Chine.
Soutenu par SoftBank, Oracle et OpenAI, ce projet promet 100 000 emplois et une infrastructure technologique massive. Les premiers data centers, déjà en construction au Texas, doivent permettre à OpenAI de développer une intelligence artificielle générale (voir lexique) et de s'affranchir de sa dépendance à Microsoft.
Stargate vise aussi le secteur de la santé, avec des solutions pour optimiser le partage des dossiers médicaux et améliorer le dépistage des maladies graves. Avec un état d'urgence déclaré pour lever les obstacles réglementaires, Trump veut aller vite. Moins de régulations, plus d’énergie et un soutien financier massif à l’IA. Reste à voir si ce projet tiendra ses promesses ou s'il s'essoufflera face aux réalités du marché.
Demain à la Une : Trump, encore et toujours
La seule véritable actu de demain sera… trumpienne ! Aucune publication majeure n’est attendue, tant sur le front économique que des résultats d’entreprises. D’un point de vue technique, les acheteurs sur le CAC 40 devraient viser les 7 865 et 7 925 points d’ici le week-end. Les 7 800 et 7 725 points pour les vendeurs.
Le monde d'après : Un marché à 650 milliards
Résultats record pour Netflix. Le service de streaming a attiré près de 19 millions d’abonnés supplémentaires au quatrième trimestre, portant son total à plus de 301 millions. Cette performance, la meilleure de son histoire, a été alimentée par des offres avec publicité, des succès comme la saison 2 de Squid Game, et des événements sportifs en direct. En parallèle, Netflix a annoncé des rachats d'actions pouvant atteindre 15 milliards de dollars. À Wall Street, l’action bondit de 12% (+102% sur un an !).
L’expansion vers le sport est un pari gagnant. Le combat Jake Paul-Mike Tyson et deux matchs de la NFL diffusés à Noël ont attiré des dizaines de millions de spectateurs, consolidant la position de Netflix dans le streaming d’événements sportifs. La diffusion de Monday Night Raw (catch) et des futurs accords pour des Coupes du monde féminines ou UFC (MMA) témoignent de l’ambition croissante du groupe dans ce domaine. Netflix repose désormais sur deux piliers qu'il avait autrefois écartés : la publicité et le sport en direct.
Côté financier, le groupe affiche des revenus trimestriels de 10 milliards de dollars, en hausse de 16%, avec une marge opérationnelle portée à 22%. La société anticipe une croissance soutenue en 2025, avec des revenus attendus entre 43,5 et 44,5 milliards de dollars. L’arrêt de la communication des recrutements d’abonnés dans les prochains trimestres signale une confiance dans ses perspectives de long terme, alors que Netflix représente déjà 6% du marché mondial du divertissement, évalué à 650 milliards de dollars.
Le lexique : L'intelligence artificielle générale
L'intelligence artificielle générale (AGI) désigne un système capable de comprendre, apprendre et appliquer des connaissances dans divers domaines, avec une autonomie et une adaptabilité comparables à celles d'un humain. Contrairement à l'IA spécialisée, l'AGI peut résoudre des problèmes complexes sans intervention humaine spécifique.
