Les marchés : Le feuilleton commercial
Ce lundi, les investisseurs ont jonglé entre les résultats d’entreprises, globalement bons, et l’épée de Damoclès des tensions commerciales. Le feuilleton des droits de douane continue en effet d’animer la Bourse : surtaxes de 25% sur les importations canadiennes et mexicaines (hors hydrocarbures), 10% sur la Chine… avant un report surprise pour le Mexique et le Canada.
Trump fait du Trump, utilisant les tarifs comme levier de négociation. Pékin réplique avec des taxes sur le charbon, le pétrole et le GNL américains. Le spectre d'une nouvelle bataille commerciale mondiale plane, plombant les perspectives de croissance. Côté entreprises, Dassault Systèmes s'envole de près de 9%, porté par des résultats au-dessus des attentes et des perspectives de trésorerie qui rassurent. On en reparle dans la suite de cette édition.
Publicis (+2,3%) et BNP Paribas (+4,2%) surfent aussi sur de solides résultats trimestriels. En revanche, c’est la gueule de bois pour Pernod Ricard (-1,7%) et Rémy Cointreau (-2,5%), victimes collatérales des déceptions du britannique Diageo et des craintes de nouveaux droits de douane sur les spiritueux européens.
Après sa baisse d’1,2% hier, le CAC 40 rebondit ce soir de 0,66% dans de faibles volumes, à 7 906 points. Wall Street regagne également du terrain. La Bourse avance donc, mais la prudence domine toujours, tant les incertitudes sont fortes entre résultats micro rassurants, et menaces macro angoissantes. Difficile de choisir son camp… On attend désormais de connaître les tarifs douaniers que Trump va imposer à l’Europe.
Les valeurs : Dassault Systèmes et BNP Paribas
Dassault Systèmes
Dassault Systèmes survole la séance avec une envolée de 8,86% à 40,67€ ! Largement premier du CAC, l’éditeur de logiciels a dévoilé des résultats légèrement au-dessus des attentes avec un chiffre d’affaires en hausse de 7% au quatrième trimestre, à 1,75 milliard d’euros. Ses ventes de licences progressent de 15%, et Medidata, sa filiale spécialisée dans les essais cliniques, retrouve la croissance. Mais c’est surtout la tonalité de la direction lors de la conférence avec les analystes qui a dopé le titre. Les perspectives annoncées sont prudentes, avec une prévision de croissance de 6% à 8% pour 2025, en dessous du consensus. Pourtant, le marché a salué les précisions du directeur financier sur une forte amélioration attendue de la génération de trésorerie en 2025 et 2026.
Autre point fort, la direction a su rassurer sur l’intégration de l’intelligence artificielle et la solidité de son offre face à la montée en puissance de Nvidia. Le directeur général a même affirmé que le groupe était mieux armé que ses nouveaux concurrents, grâce à son expertise unique et sa capacité à garantir la protection de la propriété intellectuelle de ses clients industriels. Autre élément, le contrat stratégique décroché auprès de Volkswagen pour renforcer son infrastructure numérique. Une belle session pour l’éditeur français, qui gagne désormais 21% depuis le 1er janvier.
BNP Paribas
La première banque française progresse de 4,24% à 67,05€ grâce à ses résultats solides du quatrième trimestre. Son bénéfice net atteint 2,3 milliards d’euros, en hausse de 15,7%, soutenu par des revenus en hausse de 10,8% à 12 milliards d’euros, et des coûts maîtrisés. La banque de financement et d’investissement se distingue surtout avec des revenus de marché en forte progression (+32,4%), grâce aux segments actions et taux et le change.
Des perspectives qui confortent les investisseurs puisque le groupe prévoit une croissance annuelle de ses revenus de plus de 5% sur 2024-2026 et vise un retour sur fonds propres de 11,5% en 2025 et de 12% en 2026. Un ajustement perçu positivement, car le consensus était plus pessimiste. La banque annonce également un dividende en hausse à 4,79€ et un programme de rachat d’actions d’1,08 milliard d’euros.
Demain à la Une : Nouvelle séance américaine
Demain, une nouvelle salve d’indices d’activité PMI vont animer la séance. Ils dresseront le dernier bilan de santé des services en Occident, avec les résultats européens en matinée, et américains en après-midi. La balance commerciale américaine de décembre sera également dévoilée, elle est bien sûr au cœur de la bataille commerciale menée par Trump. Un déficit de près de 100 milliards de dollars est attendu pour le seul mois de décembre. À deux jours du rapport officiel sur l’emploi US, une première estimation des créations d’emplois sera par ailleurs fournie par le rapport ADP. On en reparle dans le lexique ci-dessous.
Le lexique : Le rapport ADP
Le rapport ADP fournit des informations sur l'emploi privé américain, hors agriculture. C’est un prélude au rapport mensuel sur l'emploi du Bureau of Labor Statistics, plus officiel et connu sous le nom de rapport NFP (Non Farm Payrolls).
Le rapport ADP est publié deux jours avant les NFP, offrant ainsi aux investisseurs une estimation préliminaire de la santé du front de l’emploi américain. Les investisseurs scrutent attentivement ces deux rapports car l'emploi est un indicateur clé de la santé économique globale et un enjeu majeur pour la Banque centrale américaine.