Les marchés : Œil, pour œil, taxe pour taxe
L’escalade commerciale se poursuit. Ce mercredi, le CAC 40 clôture en forte baisse de 3,34%, à 6 863 points, pénalisé par l’entrée en vigueur des taxes douanières décidées par les États-Unis à l’encontre de tous leurs partenaires commerciaux. Les produits européens sont désormais soumis à un droit de douane de 20%. L’UE a annoncé en réponse des mesures équivalentes sur plusieurs produits américains emblématiques, dont les motos, le soja et la volaille. D’autres mesures devraient suivre dans les prochains jours. Cet après-midi, la Chine a renforcé ses mesures de rétorsion en alourdissant ses taxes sur les produits américains. Cette annonce marque une nouvelle étape dans la guerre commerciale et accentue le climat d’incertitude pour les marchés. Nous revenons sur cette escalade dans la suite du Journal.
Aux États-Unis, les indices restent sous pression, malgré de légers gains au moment de l’écriture de cette édition. Le S&P 500 grappille 0,37% (-1,6% hier), après avoir reculé de 20% depuis ses plus hauts historiques.
Sanofi
Ce mercredi, Trump a frappé un nouveau secteur. Cette fois, il vise l’industrie pharmaceutique, jusqu’alors épargnée par sa guerre commerciale. Le président américain veut imposer "des droits de douane majeurs" sur les médicaments importés. Sanction immédiate, les labos européens boivent la tasse. À Paris, Sanofi s’écroule de 6,89%, à 86,76€, pire performance du CAC. Et pour cause, 45% de son chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis. Le titre cède désormais 7,5% en 2025. À Londres, GSK et AstraZeneca dévissent de 5% à 7%. En Suisse, Roche et Novartis prennent aussi une claque. Même punition à Francfort : Sartorius, Bayer, Merck… tous plombés.
Et ce n’est pas fini. L’Inde, championne du générique, voit aussi rouge : Glenmark, Biocon, Ipca… tout le monde plonge. Trump veut rapatrier la production aux États-Unis. America First, encore et toujours. L’EFPIA, la voix de la pharma européenne, tire la sonnette d’alarme, l’Europe est en train de décrocher. Capitaux, innovation, propriété intellectuelle, tous les voyants sont au vert côté américain. Et si en plus, Washington se met à taxer les médicaments, autant plier bagage. D’ailleurs, Trump promet une "Big, Beautiful Tax Bill", une “grande et belle loi fiscale” pour attirer les groupes étrangers. Pour l’instant, c’est surtout une grande claque pour les laboratoires européens et asiatiques.
Le secteur du luxe
C’était censé être l’année du rebond pour le secteur du luxe. Un dollar fort, des Bourses au sommet, de riches Américains qui dépensent sans compter… Et puis, Trump a sorti son arme favorite, les taxes. L’industrie européenne du luxe poursuit sa chute en Bourse ce mercredi. Deutsche Bank vient de fortement abaisser son objectif de cours sur Kering, le mastodonte français derrière Gucci. De 340€ à 205€. Aïe. La raison ? Un cocktail explosif : chute des marchés, guerre commerciale, et un consommateur américain devenu frileux. Fini les folies à 10 000 dollars, bienvenue dans l’ère du doute.
Les ventes de produits de luxe pourraient reculer de 2% cette année au niveau mondial, du jamais-vu depuis plus de 20 ans. Pour sauver les meubles, les marques relèvent discrètement leurs prix aux États-Unis. Pas trop, juste assez pour ne pas effrayer les clients. Mais combien de temps cette solution peut-elle durer ? Dans les coulisses, tout le monde espère que Bernard Arnault, le grand patron de LVMH, saura murmurer à l’oreille de Trump. Les deux hommes se connaissent. En attendant, le secteur français du luxe est pris en tenaille, entre les États-Unis et la Chine, et subit de plein fouet les premières conséquences de la guerre commerciale. Kering perd 5,42% ce soir. -4,12% pour LVMH, -2,33% pour L’Oréal et -0,80% pour Hermès.
Riber
Les technologies de pointe ne font pas toujours rêver en Bourse. Malgré une performance solide en 2024, Riber décroche de 8,97% à 2,33€, dans un marché refroidi par l’absence de perspectives claires pour 2025. Le spécialiste des machines dédiées à la fabrication de matériaux semi-conducteurs a pourtant vu son résultat net grimper de 21%, à 4,1 millions d’euros. Ses marges progressent, son chiffre d’affaires aussi, et son dividende reste au rendez-vous (0,08 € par action).
Mais voilà, dans un contexte de guerre commerciale et d’incertitudes macroéconomiques, les investisseurs veulent de la visibilité. Et pour l’instant, le groupe préfère rester prudent. Pas de profit warning, mais pas de perspectives claires non plus. Le titre éligible au PEA-PME cède 15% en 2025.
L'évènement du mercredi : Nouvelle escalade
Ce 9 avril, les droits de douane américains s’appliquent sur les importations mondiales. Ce n’est plus seulement une menace, mais une réalité économique et palpable pour les entreprises et les consommateurs du monde entier. La Chine est le pays le plus ciblé, avec un taux de 104%. Réponse du berger à la bergère, Pékin a annoncé cet après-midi l’instauration d’un tarif douanier supplémentaire de 50% sur les importations américaines, portant le total des droits de douane chinois à 104% sur certains produits.
Cette riposte alimente l’escalade des tensions entre les deux premières économies mondiales. L’annonce provoque une onde de choc sur les marchés financiers. Cet après-midi, le taux des obligations d’État US à 10 ans bondit à 4,51% et les indices boursiers mondiaux accélèrent leur chute. Plus que jamais, les économistes alertent sur les risques de récession et de rebond de l’inflation aux États-Unis. Clairement, l’accalmie d’hier a été de courte durée !
Demain à la Une : Guerre commerciale et inflation
Demain, une seule publication pourra détourner l’attention des investisseurs de la guerre commerciale. L’inflation américaine sera publiée à 14h30. Tous prix confondus, le marché table sur un ralentissement à 2,5% sur un an en mars, contre 2,8% en février. Hors prix de l’énergie et de l’alimentation, le ralentissement devrait être plus modéré, avec un taux attendu à 3% en mars, contre 3,1% en février. Surtout, ces résultats ne reflètent pas encore les conséquences de la politique commerciale de Trump. Les premiers tarifs douaniers sont en place depuis aujourd’hui et se feront donc ressentir dans les prochaines données mensuelles. Affaire à suivre !
Le lexique : L’once d'or
L’once est l’unité de mesure utilisée dans le commerce de l'or et d'autres métaux précieux. Une once d'or équivaut à environ 31,10 grammes, c'est une mesure standard largement reconnue et utilisée dans le monde entier. L'or est coté en dollars américains sur les marchés mondiaux des matières premières. Ce vendredi, l’once d’or vaut environ 3 080$, soit environ 2 780€.