Les marchés : Les montagnes russes
Après la clôture européenne d’hier, Donald Trump a annoncé une trêve de 90 jours sur ses nouveaux droits de douane, à l’exception notable de la Chine. Washington maintient en effet une taxe de 104% sur les produits chinois, à laquelle s’ajoute une surtaxe punitive de 21% pour riposte. Dans la foulée, les indices américains ont signé l’une de leurs plus fortes hausses historiques : +9,5% sur le S&P 500, +12% sur le Nasdaq.
Cette nuit, les places asiatiques ont suivi le mouvement, +9,1% à Tokyo notamment. Le rebond est moins marqué en Europe ce jeudi, avec tout de même une forte hausse de 3,83% du CAC 40, à 7 126 points et de +4,6% de l’Euro Stoxx 50. Après ce feu d’artifice boursier, Wall Street a décidé de souffler un peu, limitant les gains européens par corrélation. Des prises de bénéfices sont à l'œuvre, le S&P cède 3,6% dans les premières heures d’échange, -4,1% pour le Nasdaq.
Mais derrière le bruit médiatique et les tweets, la réalité économique reprend ses droits. L’inflation américaine de mars est en net repli, tirée vers le bas par la chute du pétrole : -0,1% sur un mois, en dessous des attentes. Tous prix confondus, l’inflation américaine ressort à 2,4% sur un an en mars, contre 2,8% en février. Un chiffre qui calme les esprits, mais ne suffit pas à dissiper les inquiétudes. Jamie Dimon, patron de JPMorgan, rappelle que les droits de douane, même partiellement suspendus, risquent de nourrir l’inflation. Et si les marchés aiment les feux d’artifice, ils n’aiment pas les retours de flamme.
La prudence reste de mise car les négociations ne font que commencer. Le bras de fer sino-américain entre dans une nouvelle phase, lourde d’incertitudes pour l’économie mondiale, et la volatilité devrait rester forte sur les marchés dans les semaines à venir. Pour le moment, Bruxelles a suspendu sa riposte, dans le sillage de Washington. Pékin a répliqué avec des droits de douane dépassant désormais 100% sur certaines importations américaines. Les échanges dans les deux sens sont déjà impactés, avec des annulations de cargaisons de gaz et de produits agricoles.
Côté monétaire, le yuan chinois a chuté à son plus bas niveau depuis 2007, signe que Pékin devrait réaliser une dévaluation progressive pour compenser l’impact des taxes (une monnaie faible permet d’exporter plus facilement).
Les valeurs : Saint-Gobain, AXA et Carmat
Saint-Gobain
L’action Saint-Gobain s’envole de plus de 7,03% à 81,94€, enregistrant l’une des plus fortes hausses du CAC, portée par un relèvement de recommandation de Berenberg. La banque d’investissement allemande passe de « conserver » à « acheter », tout en maintenant son objectif de cours à 94 euros. Dans sa note, elle souligne que la récente baisse de 25% du titre, liée aux inquiétudes sur les droits de douane américains, constitue une opportunité d’entrée attrayante.
Berenberg rappelle avoir toujours salué la restructuration stratégique du groupe, mais n’avoir jamais trouvé jusqu’ici un point d’entrée suffisamment intéressant au vu des performances boursières. Le mouvement du jour intervient également dans un climat de marché plus favorable, soutenu par les signes d’apaisement sur le front commercial venus des États-Unis. Depuis le début de l’année, le titre cède 3,5%.
AXA
Axa reprend des couleurs en Bourse et grimpe de 5,14% à 37,20€, dans un marché très volatil. Outre le rebond général, la confiance affichée par le PDG sur la finalisation prochaine de la vente de sa filiale de gestion d’actifs Axa IM à BNP Paribas, a soutenu le titre. Lors d’un déjeuner organisé par Citi avec des investisseurs, il a mis en avant la solidité de ses activités, les nouveaux produits lancés en France et en Italie, et surtout la résilience du groupe dans le contexte actuel. Résultat, les investisseurs saluent un discours rassurant et un deal qui reste d’actualité malgré la tempête commerciale. Le titre gagne 9,5% depuis le début de l’année.
Carmat
Le titre du fabricant de cœurs artificiels reprend des couleurs. Son action, éligible au PEA-PME, grimpe de 2,69% à 0,86€ ce soir (-19% en 2025), porté par de solides résultats. Le chiffre d’affaires du 1er trimestre 2025 s’envole à 2,4 millions d’euros, multiplié par 2,4 en un an, grâce à une dynamique soutenue d’implantations cardiaques. 16 au total, dont 13 en France.
La société confirme son objectif de doubler ses ventes cette année et compte lancer d’ici fin 2025 une nouvelle version de son cœur artificiel. Mais tout n’est pas réglé, sa trésorerie reste tendue avec un horizon limité à mai 2025. Le marché est suspendu aux prochaines annonces de financement. En attendant, Euroland reste à l’achat avec un objectif de 3,9€.
Demain à la Une : Le bal ouvre ses portes
Les marchés devraient rester assez volatils demain, au gré des annonces, menaces et négociations commerciales. Après la clôture, la saison de publication des résultats du premier trimestre va enfin commencer ! Et on espère qu’elle détournera un peu l’attention des investisseurs dans les semaines à venir. Comme toujours, les financières américaines ouvriront le bal, avec JPMorgan, Wells Fargo, Morgan Stanley et BlackRock.
Le lexique : Dévaluation et exportations
La dévaluation est une baisse volontaire de la valeur d'une monnaie par rapport aux autres devises, décidée par les autorités monétaires. En rendant les produits nationaux moins chers pour les acheteurs étrangers, la dévaluation stimule généralement les exportations, car elle améliore la compétitivité des entreprises locales à l'international.
