Les marchés : La guerre des puces
Séance rouge pour les technos. Le CAC 40 perd 0,07% ce mercredi, à 7 330 points, contre -0,7% pour le S&P 500 et -1,5% pour le Nasdaq. En cause, le durcissement des restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine, qui ravive les tensions commerciales entre les deux superpuissances. L’administration Trump a également lancé une enquête sur les importations de minerais stratégiques, tandis que Pékin suspend les livraisons de Boeing aux compagnies chinoises.
Le secteur technologique accuse le coup, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Le géant néerlandais ASML recule de 5,3% à Amsterdam après des commandes jugées décevantes, entraînant Soitec (-1,8%) et STMicroelectronics (-1,3%) dans son sillage. Le géant américain Nvidia est également sanctionné par ce contexte terne, son titre chute de 7% dans les premières heures d’échange. On en reparle dans la suite du Journal.
Bref ! La guerre technologique entre Pékin et Washington s’intensifie encore.
Les valeurs : ASML, Sartorius et Catana
ASML
Ce soir, le champion européen des semi-conducteurs chute de 5,34% à 573,10€, plombé par des commandes trimestrielles plus faibles qu’anticipé par le marché. Malgré un bénéfice supérieur aux attentes et une marge brute plus élevée que prévu, le marché n’a pas digéré cette baisse inattendue des prises de commandes. Le contexte géopolitique n’aide pas. L’escalade commerciale entre les États-Unis et la Chine ravive les inquiétudes autour du secteur tech.
Et si ASML ne vend pas de puces mais des machines essentielles à leur fabrication, la pression se fait sentir sur toute la chaîne de production. Les perspectives restent toutefois solides à long terme, portées par l’essor de l’intelligence artificielle. Mais à court terme, la volatilité se renforce sur le titre. Depuis le début de l’année, ASML cède 17% en Bourse.
Sartorius
Retour en grâce pour Sartorius. Le groupe affiche une hausse de 10,67% à 191,35€, signant la plus forte progression du SBF 120 aujourd’hui, après avoir dévoilé une publication trimestrielle meilleure que prévu. Chiffre d’affaires en hausse de 10,4% avec une marge opérationnelle portée à 30% et un bénéfice net qui bondit de plus de 50%. Sartorius renoue avec des fondamentaux solides après trois années de désillusions.
Le spécialiste des solutions pour l’industrie biopharmaceutique confirme sa reprise avec une forte demande de ses clients, une dynamique commerciale robuste et une amélioration de son efficacité opérationnelle. Toutes les zones géographiques sont dans le vert, et la direction se montre enfin plus transparente sur ses objectifs 2025. Plusieurs bureaux d’analyse indiquent un potentiel de valorisation encore sous-estimé. Le titre est désormais stable depuis le début de l’année.
Catana
Catana décroche de 20,64% à 3,21€, pénalisé par une visibilité réduite et un net recul de son activité. Le spécialiste des catamarans, qui avait anticipé un ralentissement post-euphorie du Covid, accuse une chute de 23% de son chiffre d’affaires semestriel. Les clients temporisent, freinés par les hausses tarifaires passées et un climat économique incertain avec les nouvelles tensions commerciales.
Pour relancer la dynamique, le groupe a abaissé ses prix de 2 à 10%, ce qui avait suscité un regain des commandes cet automne. Mais ce frémissement a été brutalement stoppé. Catana évoque désormais une « très grande incertitude » pour 2025 et 2026, sans remettre en cause sa stratégie de long terme. Comme Beneteau le mois dernier, le groupe éligible au PEA-PME fait les frais d’un marché devenu bien plus exigeant et cède désormais 37% depuis janvier.
L'évènement du mercredi : La chute de Nvidia
Nouvelle séance, nouveau changement dans la politique commerciale américaine ! L’actu du jour, c’est le durcissement des règles américaines sur les exportations de puces électroniques vers la Chine. Sanction immédiate, Nvidia décroche de 7% ce soir à 104,30$ (-6,2% pour AMD, à 89,35$). Le géant américain prévoit une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars liée à ses stocks de puces H20, conçues pour le marché chinois et désormais bloquées à l’export par la nouvelle réglementation.
Le gouvernement américain justifie ces nouvelles restrictions par les risques d’utilisation militaire ou par des superordinateurs chinois de ces fameuses puces. Clairement, la pression de Washington se renforce pour garder l'avantage technologique dans la course à l’intelligence artificielle, au moment où des concurrents chinois comme DeepSeek montent en puissance.
Lundi, Nvidia a annoncé un plan massif d’investissement de 500 milliards de dollars sur quatre ans pour rapatrier sa production de supercalculateurs d’IA aux États-Unis. Malgré cette pression réglementaire, le groupe table sur 43 milliards de dollars de revenus pour le trimestre en cours, grâce notamment à sa nouvelle architecture de puces de dernière génération, plus puissante mais plus coûteuse à produire.
Demain à la Une : BCE et résultats d'entreprises
Ce jeudi sera la dernière véritable séance boursière de la semaine. Wall Street et les grandes places européennes seront en effet fermées pour le Vendredi Saint. Exceptionnellement, nous ne vous enverrons pas de Journal de la Bourse vendredi, ni lundi prochain. Sur le front économique, la séance de demain sera marquée par une nouvelle baisse de 0,25% des taux de la BCE.
Christine Lagarde tiendra son habituelle conférence de presse à partir de 14h45 pour évoquer les perspectives de croissance et d’inflation de la zone euro. Plusieurs grands groupes publieront en parallèle leurs résultats du premier trimestre : Hermès, L’Oréal, Netflix, Pernod Ricard, Biomérieux, Gecina, GTT et le géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC.
Le lexique : Les taux de la BCE
La Banque centrale européenne (BCE) dispose de trois taux directeurs qui guident la politique monétaire de la zone euro. Le premier, le taux de refinancement, correspond au taux auquel les banques commerciales peuvent emprunter des liquidités auprès de la BCE pour une durée d’une semaine. Il joue un rôle central dans la régulation de la masse monétaire et l’orientation des taux d’intérêt à court terme.
Le deuxième, le taux de dépôt, s’applique aux excédents de liquidités que les banques choisissent de placer auprès de la BCE. Ce taux incite, selon son niveau, soit à la thésaurisation, soit à la redistribution de ces liquidités dans l’économie. Enfin, le taux de prêt marginal concerne les prêts d’urgence à très court terme accordés par la BCE aux banques qui n’auraient pas pu se refinancer sur le marché. Ces trois taux, ajustés régulièrement, sont les principaux leviers utilisés par la BCE pour maîtriser l’inflation et assurer la stabilité des prix dans la zone euro.