Les marchés : Les négociations USA/Chine
Les marchés européens ont évolué en ordre dispersé ce mercredi, avec un CAC40 en repli de 0,91% à 7 627 points, poursuivant sa correction entamée en début de semaine. La place parisienne a été pénalisée par une salve de publications trimestrielles contrastées, dans un contexte de prudence généralisée avant deux événements majeurs. D’un côté, les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine, ce week-end en Suisse. Pékin affirme que ces négociations, les premières officiellement depuis que Trump a instauré les surtaxes, sont sollicitées par Washington.
De l’autre, la décision monétaire de la Fed, attendue dans la soirée. Le suspense est limité, la Fed devrait maintenir ses taux inchangés. Mais c’est bien la conférence de presse de Jerome Powell qui retiendra toute l’attention. Alors que Trump continue de faire pression pour une baisse des taux, la Fed garde son cap. Selon Deutsche Bank, Powell devrait insister sur la nécessité de contenir la hausse des prix liée aux droits de douane et rappeler que seule une réelle détérioration du marché du travail pourrait justifier une nouvelle baisse des taux. En clair, ce n’est pas pour tout de suite !
Les valeurs : Legrand, JCDecaux et Crossject
Legrand
Legrand signe un excellent début d’année, avec une croissance de 12,3% de son chiffre d’affaires au premier trimestre, largement portée par la forte demande dans les centres de données, notamment en Amérique du Nord. Le spécialiste français des équipements électriques dépasse les attentes du marché, avec une progression organique de 7,6%, bien au-delà du consensus qui anticipait 4,9%. Legrand se distingue par une dynamique vigoureuse aux États-Unis (+20,2%), alors que l’Europe reste pénalisée par un marché du bâtiment toujours atone.
La rentabilité suit, le résultat opérationnel grimpe de 13,1% à 470,4 millions d’euros, avec une marge de 20,7%, supérieure aux prévisions. Le résultat net ressort à 293 millions d’euros, en ligne avec les attentes. Fort de ce bon départ, Legrand confirme ses objectifs pour 2025, avec une croissance attendue entre 6% et 10%. Concernant l’impact des droits de douane américains, le groupe se montre confiant dans sa capacité à les compenser par des hausses de prix et une réorganisation de sa chaîne d’approvisionnement. À la Bourse de Paris, le titre affiche la meilleure performance journalière du CAC : +3,02% à 101,10€ (+7% en 2025).
JCDecaux
L’action JCDecaux chute de 6,57% ce soir, à 14,64€, parmi les plus fortes baisses du SBF 120, après la publication de ses résultats trimestriels. En cause, des prévisions jugées trop timides pour le deuxième trimestre. Le groupe, spécialiste de l’affichage extérieur, anticipe une croissance de son chiffre d’affaires entre 1% et 3% sur la période, là où les analystes tablaient sur 4%. Cette prudence déçoit les investisseurs, malgré une performance correcte au premier trimestre, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5,5%.
Le bureau d’études Oddo BHF, qui maintient une recommandation "neutre", note que la base de comparaison est exigeante, JCDecaux ayant profité l’an dernier de l’Euro 2024 et des Jeux Olympiques. Il souligne néanmoins des fondamentaux solides et un retour du dividende, estimant que la baisse du titre pourrait offrir une opportunité d’achat. Depuis le début de l’année, JCDecaux perd désormais 4% en Bourse.
Crossject
Crossject s’envole de 53,69% à 1,56€ après avoir confirmé une avancée décisive pour son traitement d’urgence contre les crises épileptiques. La biotech française a terminé avec succès la fabrication des lots nécessaires pour déposer une demande d’autorisation accélérée auprès de la FDA américaine, prévue en juin. Cette autorisation permettrait à Crossject de livrer rapidement son médicament aux autorités américaines. Les premières doses sont déjà en cours de production.
Crossject agit ici dans le cadre d’un contrat de 60 millions de dollars signé avec un organisme fédéral américain. Une étape clé franchie, avec un potentiel commercial majeur à la clé. Les investisseurs saluent ce virage stratégique réussi. Malgré la forte hausse du jour, le titre cède toujours 27% depuis le début de l’année, signe de son extrême volatilité.
L'évènement du mercredi : Tensions dans la santé
En attendant la Fed ce soir, une actu secoue la Bourse. Le compartiment santé tremble après la nomination controversée de Vinay Prasad à la tête du Center for Biologics and Research. Il s’agit d’un organe stratégique de l’autorité sanitaire américaine, la Food and Drug Administration chargé de la régulation des produits pharmaceutiques. Perçu comme critique envers l'industrie, notamment sur les vaccins anti-Covid, cet oncologue fait figure de personnalité clivante.
Résultat, les valeurs pharmaceutiques plongent. Hier soir à Wall Street, Moderna a chuté de plus de 12%, Merck de 4,6% et Pfizer de 4,1%. En Europe, la tendance est tout aussi morose : Sanofi accuse la plus forte baisse du CAC 40 ce mercredi, -4,3% à 91,67€, tandis que Roche (-1,8%) et AstraZeneca (-2,2%) reculent également. Cette nouvelle secousse intervient dans un climat déjà tendu pour le secteur.
Trump a récemment promis d’imposer d’ici deux semaines des droits de douane "majeurs" sur les médicaments importés aux États-Unis, accentuant l’incertitude. Le marché craint désormais un durcissement réglementaire aux États-Unis, un marché vital pour de nombreux laboratoires. Un précédent avait déjà alerté les investisseurs en novembre dernier, lorsque Robert Kennedy Jr., figure antivax, avait été nommé à la tête du département de la Santé.
Demain à la Une : La Fed et la Boe sous les projecteurs
Les marchés digèreront deux actus monétaires ce jeudi : la conférence de presse de Jerome Powell qui se tiendra ce soir, et la baisse attendue des taux britanniques demain en début d’après-midi. Le taux de référence devrait passer de 4,5% à 4,25%. Une petite baisse symbolique donc, qui accompagne la lente décrue de l’inflation outre-Manche. Ce 8 mai, les places européennes et Wall Street seront ouvertes mais les volumes d’échange devraient être un peu plus faibles qu’à l’accoutumée.
Exceptionnellement, nous ne vous enverrons pas de Journal de la Bourse demain. Vendredi, vous recevrez votre édition habituelle et les services Bourse Privée seront opérationnels.
Le monde d'après : Walt Disney: 11%!
Disney a surpris Wall Street avec une performance nettement supérieure aux attentes. Au deuxième trimestre de son exercice 2024-2025, le géant des divertissements a généré 23,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 7%, et un bénéfice par action ajusté de 1,45 dollar (+20% sur un an). Cette dynamique s'explique notamment par la division streaming, où Disney+ a gagné 1,4 million d’abonnés, alors que le groupe anticipait une baisse.
Mais ce n’est pas tout. La division parcs d’attractions et croisières a également contribué à ces bons résultats, avec une croissance de 9% des revenus, portée par une hausse des dépenses des visiteurs et le succès du nouveau navire Disney Treasure. Dans la foulée, Disney a annoncé l’ouverture prochaine d’un treizième parc sur l’île de Yas Island aux Émirats arabes unis. Côté perspectives, la société se montre optimiste et relève ses prévisions annuelles, notamment sur ses activités sportives. Ce soir, l’action s’envole de 11% et limite sa perte à 9% depuis le début de l’année.
Le lexique : L'Once d'or
L’once est l’unité de mesure utilisée dans le commerce de l'or et d'autres métaux précieux. Une once d'or équivaut à environ 31,10 grammes, c'est une mesure standard largement reconnue et utilisée dans le monde entier. L'or est coté en dollars américains sur les marchés mondiaux des matières premières. Ce mercredi, l’once d’or vaut environ 3 400$, soit environ 3 000€.