Les marchés : Le verre à moitié plein
Les marchés veulent y croire. Ce mercredi, le CAC 40 progresse de 0,53% et revient flirter avec les 7 800 points. Une hausse nourrie par la bonne tenue d’Airbus, poids lourd de la cote, mais aussi par le réveil des valeurs technologiques, notamment dans les semi-conducteurs, qui profitent d’un courant porteur. Rémy Cointreau signe une hausse de 4% malgré des résultats annuels en recul, les investisseurs préférant retenir les signes de stabilisation du marché américain dans son rapport financier. Dans un environnement incertain, les investisseurs s’accrochent à la moindre bonne nouvelle !
Mais le ciel reste couvert. L’entrée en vigueur ce mercredi du doublement des droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium, désormais portés à 50%, vient tempérer les espoirs d’une désescalade rapide sur le front commercial. Pékin comme Bruxelles ont laissé entendre qu’une riposte est envisagée. On en reparle dans la suite de l’édition.
En parallèle, le rapport ADP sur l’emploi américain indique un net ralentissement dans les créations d’emplois en mai. Les chiffres définitifs seront communiqués vendredi après-midi par l’administration américaine, il arrive qu’il y ait d’importants écarts entre les deux rapports… Wall Street voit le verre à moitié plein, espérant que ce mauvais résultat pousse la Fed à baisser ses taux dans les prochaines semaines. Pour autant, ce n’est pas l’euphorie ! Les prises d’initiative sont assez limitées, avec de petites hausses sur les indices américains dans les premières heures d’échanges.
Les valeurs : STMicroelectronics, Airbus et Global Bioenergies
STMicroelectronics
Le spécialiste des semi-conducteurs bondit de 11,13% ce mercredi, en tête du CAC et du SBF à 24,92€, porté par des spéculations venues d’Italie sur une possible fin de la gouvernance conjointe avec la France. Selon le quotidien italien La Stampa, les deux États étudieraient le démantèlement de la holding qui contrôle 27,5% du capital du fabricant de puces, détenue à parts égales par Bpifrance et le ministère italien des Finances. Une scission des activités industrielles, entre automobile et numérique, serait également à l’étude.
Bien que le scénario reste très hypothétique et suscite le scepticisme des bureaux d’analyse, la perspective d’une réforme d’une structure jugée lourde et opaque séduit les investisseurs. Par ailleurs, le PDG Jean-Marc Chery a évoqué des signes de reprise de la demande et confirmé viser 2,71 milliards de dollars de chiffre d’affaires au deuxième trimestre, en baisse de 16,2% sur un an mais en rebond de 7,7% par rapport au précédent trimestre. Avec la hausse du jour, le titre gagne 2% depuis le début de l’année.
Airbus
Airbus connaît une forte dynamique en Bourse, avec une progression de près de 5% en deux jours, portée par deux actus majeures. D'une part, les chiffres de livraisons de mai, bien que modestes (51 appareils), ont rassuré les investisseurs, écartant les craintes d’un fort ralentissement. D'autre part, une rumeur relayée par Bloomberg évoque une potentielle commande chinoise massive allant jusqu’à 500 avions, notamment des long-courriers, à l’occasion des 50 ans des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE.
Cette perspective, conjuguée à une production en hausse de 6 à 8% depuis le début de l’année et à un bon rythme de livraison attendu pour juin, alimente l’optimisme des marchés. Si cette commande se concrétise, elle pourrait marquer un revers notable pour Boeing et renforcer significativement la position d’Airbus. L’action gagne 2,25% ce soir, à 170,18€, et 10% depuis le début de l’année.
Global Bioenergies
La messe semble dite pour Global Bioenergies. Ce soir, le titre éligible au PEA-PME s’effondre de 90,91% à 0,085€. En grande difficulté financière, la société spécialisée dans les alternatives biosourcées aux dérivés pétroliers, notamment dans la cosmétique et le carburant d’aviation, n’a pas trouvé d’investisseur stratégique malgré des discussions avancées. Délaissée par ses partenaires industriels, lâchée par L’Oréal, et privée de financement pour ses projets, la biotech française n’a plus que 3 millions d’euros de trésorerie face à 13 millions de dettes.
La société engage une procédure de "prepack cession" (voir lexique), dernière tentative pour trouver un repreneur d’ici le 9 juillet. Sans retournement de situation, la liquidation judiciaire et la radiation des actions semblent inévitables, sans espoir de remboursement pour les actionnaires. Marc Delcourt, DG et principal actionnaire, parle de "constat d’échec" dans un environnement hostile à la transition énergétique. Un triste dénouement pour une entreprise entrée en Bourse en 2011 à près de 20 euros.
L'évènement du mercredi : +50% sur l'acier et l'aluminium
Les États-Unis ont porté à 50% leurs droits de douane sur la plupart des importations d’acier et d’aluminium, une mesure entrée en vigueur ce mercredi par décret du président Trump. Cette décision vise officiellement à protéger la sécurité nationale et à soutenir les capacités de production américaines, mais suscite de vives réactions à l’international, notamment au Canada, principal pays touché. L’escalade tarifaire intervient alors que des négociations commerciales ont lieu aujourd’hui à Paris, en marge d'une réunion de l’OCDE.
L’Union européenne a prévenu qu’elle répliquerait en cas de nouvelles taxes ciblées, tandis que le Mexique et le Canada dénoncent une décision injustifiée et demandent à en être exemptés. D'autres secteurs comme les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs pourraient bientôt être visés, accentuant les tensions commerciales mondiales. L’OCDE anticipe déjà un ralentissement de la croissance américaine, désormais estimée à 1,6% en 2025, en raison de la stratégie protectionniste de l’administration Trump.
Demain à la Une : Nouvelle baisse des taux
La BCE va à nouveau baisser ses taux demain. Trop faiblement, trop lentement. Une nouvelle petite baisse de 0,25% est attendue, entraînant le principal taux d’intérêt à 2,15%. La décision est largement anticipée par le marché qui espère toutefois quelques surprises dans la conférence de presse de Christine Lagarde, à 14h45. De son côté, Wall Street devrait surveiller la balance commerciale américaine, avant le rapport tant attendu de vendredi sur les créations d’emplois du mois de mai.
Le lexique : Le prépack cession
Le prépack cession est une procédure juridique pour les entreprises en difficulté. Elle permet de préparer, avant l'ouverture d'une procédure collective (comme le redressement judiciaire), la cession totale ou partielle d'une entreprise à un ou plusieurs repreneurs. Cette cession est ensuite rapidement validée par le tribunal dès l'ouverture de la procédure, afin de préserver l'activité et l'emploi. Elle allie confidentialité, rapidité et efficacité.