Les marchés : Paris joue la prudence
La Bourse de Paris débute la semaine sur la retenue. Le CAC 40 recule de 0,57% à 7 699 points, dans de faibles volumes, reflet d’un marché attentiste. Les variations sur l’indice français restent mesurées : Hermès signe la plus forte baisse (-3,6%), quand Orange, en hausse de 1,6%, tire son épingle du jeu. Le secteur de la défense est à nouveau fragilisé par l’annonce du sommet Trump-Poutine qui se tiendra le 15 août en Alaska. Une rencontre qui se ferait sans Volodymyr Zelensky ni l’Union européenne, et qui ravive les débats sur l’avenir de l’Ukraine.
Autre dossier majeur sur le radar des marchés : les droits de douane. L’armistice de trois mois conclu entre Washington et Pékin arrive à son terme demain, ouvrant la voie à une possible relance des tensions commerciales. Selon plusieurs sources, de nouvelles mesures ciblées devraient être annoncées, notamment dans les secteurs pharmaceutique et des semi-conducteurs. Cette évolution ferait peser un risque accru de perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et de pressions inflationnistes supplémentaires, des facteurs qui pourraient peser sur la séance de demain.
En attendant, Wall Street comme l’Europe retiennent leur souffle avant la publication, demain, de l’indice d’inflation américaine pour juillet. Cette statistique sera scrutée à la loupe, au-delà d’un baromètre des prix, elle servira de boussole à la Réserve fédérale pour décider de l’orientation de sa politique monétaire. Après la flambée des anticipations de baisse de taux la semaine dernière, le moindre écart à la prévision pourrait provoquer des prises de bénéfices sur les marchés.
Les valeurs : Le secteur de la défense, Orsted et Eutelsat
Le secteur de la défense
Comme la semaine dernière, les valeurs de la défense cèdent du terrain ce lundi. En cause, l’annonce du sommet Trump-Poutine, prévu le 15 août . Thales a perdu jusqu’à 5% en début de séance avant de se reprendre et de clôturer en baisse de seulement 0,31%, tandis que l’allemand Rheinmetall (-4,8%) accuse plus fortement le coup. L’hypothèse d’un cessez-le-feu en Ukraine, évoquée par Trump et excluant Kiev et l’Union européenne des négociations, nourrit les spéculations d’un ralentissement des commandes militaires.
Une perspective qui heurte un secteur porté depuis deux ans par la guerre et les annonces de réarmement en Europe, sous pression américaine. L’OTAN vise désormais 5% du PIB consacré à la défense d’ici 2035, contre 2% auparavant. Si la nervosité domine à court terme, cette tendance sera structurelle pour les années à venir. Mais pour des groupes comme Rheinmetall, dont 20% des revenus proviennent des contrats liés à l’Ukraine, les prochaines semaines risquent d’être agitées…
Orsted
L’éolien en pleine tempête. À Copenhague, c’est un vent glacial qui souffle sur Orsted. Le champion danois des énergies renouvelables voit son action plonger de 29,68% aujourd’hui, après l’annonce d’une augmentation de capital hors norme : 8 milliards d’euros, soit la moitié de sa valeur boursière. Une potion amère, mais jugée indispensable pour financer un portefeuille de projets éoliens offshore de 8,1 gigawatts d’ici 2027, dont le mastodonte Sunrise Wind, au large des États-Unis. Depuis des mois, le secteur tangue. Coût des matières premières, taux d’intérêt élevés, surcoûts en mer… et désormais incertitude réglementaire outre-Atlantique.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, assorti d’un décret gelant les prêts fédéraux aux nouveaux projets offshore, a plongé Orsted dans le brouillard. L’entreprise peine à céder une partie de Sunrise Wind, ajoutant 5,4 milliards d’euros à ses besoins de financement. L’État danois, actionnaire majoritaire, participera à l’opération. Mais la dilution sera sévère pour les autres investisseurs. Pour Orsted, ex-géant des énergies fossiles reconverti dans le vert, c’est une nouvelle épreuve, après l’abandon en mai d’un projet majeur en Écosse. Le vent tourne, et il souffle fort… Depuis le début de l’année, le titre cède désormais 33%.
Eutelsat
L’action Eutelsat gagne 2,90% à 3,19€, portée par une annonce stratégique en Inde. La filiale locale du groupe européen, spécialisé dans les communications par satellite, vient de conclure un accord avec Nelco, une société du conglomérat Tata, pour fournir des services internet en orbite basse. Cette offre visera les utilisateurs au sol, en mer et dans les airs, dès que le réseau sera opérationnel. Ce partenariat ouvre à Eutelsat un marché indien en forte demande de connectivité haut débit, et constitue un relais de croissance majeur pour son réseau OneWeb. Éligible au PEA-PME, le titre progresse de 39% depuis le début de l’année.
La recommandation du jour : Les prochaines actions à 4 000 milliards
En un mois, Nvidia et Microsoft sont devenues les deux premières entreprises de l’histoire à franchir le cap des 4 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Deux géants propulsés par l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle. Pour l’un, grâce à ses processeurs graphiques indispensables à l’entraînement des modèles, pour l’autre, via la croissance de son cloud Azure dopé à l’IA.
Selon une projection du site BestBrokers, Meta pourrait être la prochaine grande action à atteindre ce sommet dès février 2027, portée par un repositionnement gagnant sur l’IA et une envolée boursière de plus de 750% depuis ses creux de 2022. Broadcom suivrait en mai 2027, profitant de la demande pour ses processeurs alternatifs aux puces de Nvidia.
Amazon (2028), Alphabet (2029) et Apple (2030-2031) progresseraient plus lentement, compte tenu de leurs valorisations déjà stratosphériques. En dehors des technos, Berkshire Hathaway, l’empire de Warren Buffett, pourrait atteindre les 4 000 milliards à l’horizon 2033. JP Morgan et Walmart s’apprêteraient à rejoindre d’ici mai-juin 2026 le cercle des entreprises à 1 000 milliards. Mais aucun nom européen ne figure dans ces prévisions, la chute de Novo Nordisk ayant refermé, pour l’instant, la parenthèse des ambitions du Vieux Continent.
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Le monde d'après : 15% pour l'Oncle Sam
Nvidia et AMD ont accepté de reverser 15% de leur chiffre d’affaires issu des ventes de semi-conducteurs en Chine au gouvernement américain. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des restrictions imposées en avril par l’administration Trump sur l’exportation vers la Chine des puces H20 de Nvidia, dédiées à l’IA. En juillet, le groupe a toutefois obtenu le feu vert de Washington pour reprendre les ventes, sous conditions. Le département du Commerce a commencé à délivrer des licences, mais la date d’application et les modalités précises de ce prélèvement restent floues.
Interrogé, Nvidia a assuré se conformer aux règles américaines et espère que ces contrôles permettront aux États-Unis de rester compétitifs face à la Chine. AMD, également concerné, n’a pas commenté. Le marché chinois reste stratégique pour les deux géants : sur son dernier exercice, Nvidia y a réalisé 17 milliards de dollars de ventes, soit 13% de son chiffre d’affaires global, tandis qu’AMD y a généré 6,2 milliards (24% de ses revenus).
Ce mécanisme de «reversement» est inédit et marque une nouvelle étape dans la guerre technologique sino-américaine. Washington renforce le contrôle sur les exportations tout en captant une partie de la valeur générée par ses champions technologiques sur le marché chinois. AMD gagne 2,6% cet après-midi. +0,5% pour Nvidia. Retrouvez ici notre opération de long terme sur Nvidia et notre objectif boursier.
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L'agenda du lundi : En attendant le sommet
Avant la rencontre Trump-Poutine de vendredi, les investisseurs suivront plusieurs actus. Demain, les chiffres de l’inflation américaine pourraient influencer la politique monétaire de la Fed. En parallèle, les négociations commerciales entre Washington et Pékin devraient à nouveau faire parler d’elles demain, avec potentiellement de nouvelles restrictions. Côté européen, on attend un indice sur le moral des milieux d’affaires allemands.
Jeudi, place à l’inflation française, à la croissance européenne et aux prix à la production américains. Vendredi enfin, la séance sera fériée dans plusieurs pays de la zone euro (Assomption) mais Wall Street surveillera le niveau des ventes au détail réalisées outre-Atlantique en juillet. Exceptionnellement, nous ne vous enverrons pas de journal de la Bourse ce 15 août, les services Bourse Privée seront également suspendus.
Le lexique : Pourquoi...
une hausse de l’inflation implique que la Fed ne baisse pas ses taux ? Quand l’inflation repart à la hausse, cela signifie que la hausse des prix dépasse ou s’éloigne de l’objectif de 2% fixé par la Banque centrale. Dans ce contexte, réduire les taux d’intérêt rendrait le crédit moins cher, stimulerait la consommation et l’investissement, et donc la demande globale. Cette demande accrue exercerait une pression supplémentaire sur les prix, ce qui entretiendrait ou amplifierait l’inflation. Pour éviter cet effet, la Fed préfère maintenir, voire relever ses taux, afin de freiner l’activité économique et de ramener progressivement l’inflation vers sa cible.