Après l’Espagne, c’était au tour de l‘Italie de passer un test de crédibilité grandeur nature sur les marchés obligataires, une semaine après l’annonce de la BCE qui sortait l’artillerie lourde avec le lancement du programme illimité de rachats d’obligations souveraines. Une nouvelle qui avait entrainé une forte détente des marchés obligataires, signe de regain de confiance des marchés dans la capacité de la zone euro à avancer dans le processus de résolution de crise.
Le Trésor Italien a émis 4 milliards d’euros sur 3 ans, le montant maximum qu’il souhaitait emprunter avec des rendements en forte baisse. Pour la tranche arrivant à maturité en juillet 2015, le taux consenti par le trésor s’inscrit à 2,75% alors qu’il culminait à 4,65% lors de la dernière opération similaire le 13 juillet dernier. Une chute aussi vertigineuse que spectaculaire de la prime de risque qui frôle les 200 points de base !
Une amélioration de la confiance directement imputable à la politique accommodante de la BCE dont l’un des points clés du programme réside dans le fait que les achats d’obligations de la BCE se concentre sur les titres de maturité allant de un à trois ans.
Pourtant, l’accalmie est également de mise sur la ligne obligataire arrivant à échéance en aout 2017. Le taux exigé par les créanciers ressort à 3,7% contre 4,6% lors de la précédente adjudication le 30 juillet 2007, période antérieure à la crise souveraine. Mais si Rome emprunte moins cher aujourd’hui qu’avant la crise, l’écart des taux d’intérêts était à cette époque beaucoup plus faible avec l’Allemagne, qui empruntait alors à 3,7%, soit un spread entre Rome et Berlin de 90 points de base, contre 220 actuellement, le bund allemand s’étant effondré à 1,54% en raison de son rôle de valeur refuge.
Enfin, sur la ligne arrivant à maturité en mars 2026, Rome a également levé le montant maximal qu’elle souhaitait emprunter, soit 1,5 milliard, là encore avec des rendements en baisse. Le Trésor a du payer un taux d’intérêt de 5,32%, contre 5,9% lors de la dernière opération similaire le 14 juillet 2011.
Pour l’heure, les marchés considèrent que le risque d’un défaut de payement de l’Italie, 3ème économie de la zone euro, dont la dette publique frôle les 2000 milliards d’euros, s’est considérablement amoindrie grâce au soutient de la BCE.
Si l’Italie peut respirer, rien n’est gagné pour autant. La BCE n’a d’ailleurs pas manqué de souligner « l'importance pour les gouvernements de tenir leurs engagements en vertu du cadre de gouvernance budgétaire de l'UE et de réaliser les progrès requis vers l'équilibre structurel. Une incapacité de l'Italie et de l'Espagne à atteindre leurs objectifs en vue d'équilibrer leurs budgets à moyen terme menacerait la soutenabilité de leur dette », prévient la BCE dans son rapport.
Pas question donc de relâcher les efforts pour l’Italie si elle veut préserver la confiance des marchés.