Mardi 13 novembre

Lafuma siffle la fin de la partie. Le spécialiste des équipements de sport et de loisirs a mis fin aux discussions en vue de son rachat par E-Land.

Le groupe tricolore refuse donc les avances du conglomérat sud-coréen, « les discussions très préliminaires menées avec E-Land, à la suite de sa manifestation d'intérêt, n'ont pas révélé de synergies suffisantes pour faire évoluer la stratégie de développement notamment à l'international, et le capital de Lafuma ».

Ces tractations en coulisses ont été révélées le 17 septembre dernier, par ‘La Lettre de l’Expansion’. Lafuma avait tenu à l’époque à indiquer que le groupe ne mettrait pas la charrue avant les bœufs : « Lafuma, qui mène en permanence une réflexion concernant l'évolution de sa stratégie de développement et de son capital, confirme qu'elle a reçu une manifestation d'intérêt d'E-Land et que des discussions très préliminaires sont en cours, sans aucune certitude à ce stade que ces discussions aboutissent », avait déclaré le groupe français. Dès le départ, Lafuma était quasiment convaincu de rejeter l’offre même à 35 euros l’action, ce qui l’aurait valorisé 122 millions d’euros…

Miser sur l’international

L’inventeur du sac à dos à armatures indique par ailleurs avoir bouclé la cession de sa marque de bottes Le Chameau. Lafuma continue dès lors de mettre en œuvre son plan stratégique de recentrage sur le marché « Outdoor Sport » et continuera de privilégier son développement en Asie et en Chine. La société drômoise avait en effet souligné fin juillet vouloir concentrer ses efforts sur son expansion internationale, notamment en Asie, et a signé un accord de licence et de distribution avec le groupe japonais World Co, en ce sens.

L’équipementier sportif français a vu son activité stagner à 248,7 millions d’euros sur l’ensemble de l’exercice 2011-2012. . Les produits du groupe sont très convoités en Asie où Lafuma a vu ses ventes croitre de 24,5 % sur la période alors que la société reste en difficultés sur ses terres notamment depuis la crise de 2008. En France, premier marché de Lafuma, l’activité est loin d’être au beau fixe avec un chiffre d’affaires qui s’est contracté de 5,1% l’année. C’est que la concurrence est rude en Europe alors que les géants mondiaux tels que The North Face, Columbia, règnent sans partage dans le royaume de l’ « outdoor » sans oublier la concurrence frontale avec son homologue Décathlon, le distributeur dominant le marché français. Le groupe avait indiqué en marge de la publication de ses ventes annuelles, attendre un « net retrait par le double effet de la baisse de chiffre d’affaires du pôle « Surf » et du chiffre d’affaires du groupe sur le quatrième trimestre ». Dorénavant, Lafuma veut se concentrer sur le secteur de l’Outdoor sport en se focalisant sur l’international, l’innovation et le développement des ventes sur internet ainsi qu’au détail.

Talon d’Achille

L’activité est donc le talon d'Achille de la société. Étant spécialisé dans les loisirs, Lafuma n’a pas été épargnée par la crise auprès des ménages. Des craintes qui ont amené les consommateurs à privilégier les dépenses les plus essentielles au détriment des loisirs. Ce qui a fortement impacté le chiffre d'affaires et fait basculer les comptes dans le rouge dès 2008 et précipité la chute du titre ces quatre dernières années. L’année 2008 marqua la fin de la « success story » Lafuma. C’est qu’en une vingtaine d’années, le groupe piloté par Philippe Joffard avait racheté une quinzaine de sociétés, faisant de son savoir-faire en matière de croissance externe l’une de ses marques de fabrique. Philippe Joffrard n’est pas inconnu chez Lafuma. Il est tout bonnement le petit-fils d’un des fondateurs d’un groupe qui était en pleine déroute après un dépôt de bilan à la fin des années 1980. En 1986, précisément, l’ancien journaliste économique a remis sur rails la société familiale à seulement 29 ans. En 1994, Lafuma avait racheté la société Millet, qui était en redressement judiciaire. Cette emplette avait différé l’introduction en bourse de Lafuma prévue en décembre 1994. C’est donc quelques années plus tard, en mai 1997, que Lafuma fait son apparition sur le Second Marché au prix de 197 francs soit 30 euros. Le titre a culminé sur les 70 euros en 2006 jusqu’à toucher un plus haut historique à 77 euros fin avril 2006. Les investisseurs avaient salué la triple diversification : dans les marques cinq aujourd’hui), dans les produits (cinq grandes familles), et dans les pays. Mais cette dynamique a été interrompue dès 2008 alors que le groupe annonçait une baisse de ses résultats au premier semestre (clos en mars) de son exercice 2007-2008, avec une perte nette de 0,7 million d’euros contre un bénéfice de 1,6 million d’euros un an plus tôt. Cette perte de vitesse a été en sanctionné en Bourse.

L’action Lafuma a en effet perdu 92% de sa valeur quasiment en ligne droite entre son zénith et son plus bas historique à 5,8 euros touché fin février 2009. Puis le titre est reparti à la hausse alors que les efforts du groupe pour se redresser commençaient à porter ses fruits. Des efforts qui ont été aidés par un volume d’affaires soutenu à l’international notamment en Asie où les ventes connaissent une croissance à deux chiffres. L’intérêt de E-Land pour Lafuma en vue d’un rachat avait redonné un coup de fouet à un titre qui végétait sous les 16 euros jusqu’à l’annonce des discussions « très préliminaires ». Mais Lafuma a donc rejeté les marques d’intérêt du sud-coréen, dès lors, les catalyseurs à la hausse pour le titre se réduisent comme peau de chagrin… La capitalisation boursière de Lafuma retombe à 69 millions d'euros sur les 18 euros par titre, mais elle progresse encore de 38% depuis le début de l'année…

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