La crise et les camping-cars ne font pas bon ménage à en croire les résultats annuels de Trigano. Le spécialiste des véhicules de loisir a jeté un froid en annonçant des profits divisés par deux au cours de l'exercice achevé fin août. En plus de cette pâle copie rendue par Trigano, le groupe souhaite supprimer son dividende au titre de l’exercice 2012.
Le groupe a en effet son résultat net pratiquement divisé par deux à l’issue de son exercice décalé 2011/2012. Il publie ainsi un bénéfice net de 14,5 millions d’euros, contre 28,5 millions un an plus tôt, pour un chiffre d’affaires en léger repli de 1,1%, à 740,3 millions d’euros. Outre la baisse de la marge commerciale liée au repli des ventes, les comptes de Trigano ont été pénalisés par une érosion du taux de marge en raison d’un mix défavorable et d’opérations ciblées de promotion destinées à gagner des parts de marché, une baisse du nombre d’heures produites entraînant une moindre absorption des charges et par des coûts d’ajustement des capacités de production dans certaines unités du groupe. Résultat : le bénéfice opérationnel de Trigano a ainsi plongé à 26,3 millions d'euros en 2011/2012, contre 42,7 millions d'euros l'année précédente.
Mais la crise n’a pas vraiment bouleversé la structure financière de Trigano, les capitaux propres s’élèvent au 31 août à 328 millions d’euros, contre 324,6 millions un an auparavant, l’endettement net reste contenu, à 7,4% des fonds propres.
Pour l'exercice démarré le 1er septembre dernier, la direction souligne un contexte économique qui reste difficile, « malgré l'accueil favorable des nouvelles gammes de véhicules par les distributeurs ». Ce discours teinté de prudence s’explique par des résultats en baisse des salons des véhicules de loisirs de cet automne en Europe par rapport à l'an dernier. En conséquence, le groupe va s’adapter à ce nouvel environnement économique. Il intensifiera ses actions de maîtrise de son besoin en fonds de roulement et de réduction de ses frais de structure. Le groupe ne souhaite pas rendre les armes pour autant et entend mettre à profit cette période « pour poursuivre activement sa politique de gains de parts de marché, y compris par croissance externe. »
Sur le terrain purement boursier, la baisse continue du titre s’explique en partie par la mauvaise conjoncture économique. Elle a été confirmée par la baisse des immatriculations des camping-cars… Sur les 14 euros au mois de mars, l’action n’a pas cessé de baisser pour s’inscrire sur ses plus bas annuels, à 8,1 euros, soit 35% en-dessous fin octobre. Depuis début 2011, le repli du dossier est encore plus important puisqu’il a perdu près de 70% de sa valeur, l’été 2011 qui avait été meurtrier sur les marchés n’avait pas épargné Trigano. Du côté des fondamentaux, le niveau de valorisation reste très attractif. Le PER est très loin d’être extravagant à 11,3x les résultats anticipés pour 2013. Le ratio Valeur entreprise sur Chiffre d’affaires ressort à 0,22x. La faiblesse de ce ratio s’explique en partie par un taux de marge d’exploitation réduite à 3,5%...