Il y a deux ans, nous avons commencé notre tour du monde avec le Brésil et le titre suivant : « Le Brésil : le géant au pied d’argile ? ». Un titre plus que prémonitoire puisqu’en ce petit laps de temps, la situation politique et économique de la première puissance économique d’Amérique Latine s’est fortement dégradée. Corruption, récession et ras-le-bol de la rue, ce cocktail explosif vient d’entraîner la chute de Dilma Rousseff la première femme présidente du Brésil au terme d’une procédure interminable.
Entre corruption et récession
Le Géant d’Amérique Latine n’est plus que l’ombre de lui-même… Si l’économie brésilienne avait bien surmonté la crise financière de 2008, notamment grâce à ses nombreuses exportations vers l’Asie, c’est cette même exposition qui se retourne contre elle. Le pays a en effet été fortement pénalisé par la chute des cours des matières premières tels que le soja ou le pétrole.
« Ainsi, ce pays de plus de 200 millions d'habitants, est confronté simultanément à l'une des pires crises économique et politique de son histoire. » La décennie bénie est bien derrière lui. Aux oubliettes, la croissance spectaculaire de 7,50 % du PIB en 2010. Place à une croissance qui a chuté de 3,8% en 2015, soit le plus fort recul en 25 ans après un piètre 0,10 % en 2014.
Les finances publiques restent dans un état critique avec un déficit public s’est envolé à un niveau record de 10,2% du PIB et la dette culmine à 65,1% de la richesse brésilienne en 2015. Fin février, Moody's est devenue la troisième grande agence de notation - après Fitch et S&P - à reléguer la dette souveraine du Brésil en catégorie spéculative, expliquant sa décision par la dette croissante et l'instabilité politique.
Alors comment entrevoir une quelconque éclaircie quand le climat politique délétère pèse sur la confiance des investisseurs ? Pour 2016, la Banque Mondiale table sur une croissance en baisse d’environ 3,5 % pour l’année en cours. Résultat des courses: pour la première fois depuis les années 1930, la septième économie mondiale devrait enregistrer deux années consécutives de récession. Et pour 2017, le FMI prévoit une croissance zéro pour le Brésil. Si ces chiffres se confirment, ce sera la pire récession en un siècle.
Les investisseurs étrangers attendent alors de pied ferme un rétablissement de la confiance, un terme qui manque cruellement dans ce contexte des plus troubles. Dilma Rouseff a certes été écartée du pouvoir mais l’avenir du pays reste encore incertain. Charge à Henrique Meirelles, le nouveau ministre des Finances nommé par le président par intérim, de s’attaquer au vaste chantier des déséquilibres budgétaires quitte à prendre des mesures impopulaires mais ô combien nécessaires.
La Bourse de São Paulo : un pari sportif !
Récession, forte inflation, corruption, l’économie brésilienne a en effet fait partie des derniers de la classe pour l’Amérique du Sud. Seul le Venezuela fait pire avec un recul de 10%. Elle est aussi au dernier rang de feu les BRICS, les pays émergents. Et pourtant depuis le début de l’année, la Bourse brésilienne affiche un parcours remarquable avec un gain de 30%, soit la troisième meilleure performance derrière le Pérou et la Russie. Pourquoi un tel paradoxe ? La hausse de l’indice vedette brésilien a été alimentée par la nette reprise des prix du pétrole mais aussi par des espoirs de mise à l’écart du pouvoir de la présidente Dilma Rousseff.
Fondée en 1890, la Bourse de Sao Paulo est principale place financière brésilienne dont la création a résulté d'une fusion de toutes les bourses brésiliennes régionales. L’indice de la Bourse de São Paulo est le IBovespa qui est composé d'environ cinquante des valeurs les plus traitées sur le marché de Sao Paulo, et compte dans ses rangs des géants tels qu’Ambev, la filiale du groupe brassicole Belgo-Brésilien Anheuser-Busch InBev, leader mondial de la production de bière. La première capitalisation de l’indice est suivie par deux banques : Itau Unibanco, et Banco Bradesco, la deuxième plus grande banque privée du Brésil.
Petrobras, la première entreprise du pays reste toujours dans la course. Et pourtant, le géant pétrolier est au cœur du plus vaste scandale de corruption de l'histoire du Brésil, qui a mis en cause bon nombre d’élus brésiliens et qui a provoqué la chute de Dilma Rousseff. Pour ne rien arranger, le groupe affaibli par la chute du prix des matières premières, a vu son cours divisé par deux en 2015 avant de reprendre plus de 40% depuis le début de l’année 2016.
On peut également citer Vale, la multinationale minière et aussi l'un des plus grands opérateurs logistiques du Brésil. Fondé en 1942 à Itabira par des capitaux publics, Vale est devenu leader dans la production et l'exportation du minerai de fer. Vale et Petrobras représentent à elles seules plus de 25% de l'indice, ce qui fait du Bovespa un indice relativement cyclique aux mouvements de grandes ampleurs comme on a pu le voir en 2015, année noire pour la Bourse auriverde.
Sauf pour Embrarer, le troisième constructeur d'avions commerciaux au monde derrière Boeing et Airbus dont le cours s’est apprécié de 50% l’an passé. En revanche, l’année 2016 s’annonce plus compliquée pour la société à l’image de l’économie brésilienne qui va connaitre un nouveau trou d’air. Le titre accuse un retard de près de 40%.
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