Après avoir fait la part belle aux deux dragons que sont Hong-Kong et Taiwan, dans le précédent numéro, on va changer non pas de continent mais de civilisation. Place au Japon, le pays du Soleil-Levant. Le Japon est un pays fascinant et surtout, l’illustration de l’extrême et des paradoxes. Entre Tōkyō, la capitale qui ne dort jamais, haut lieu de la frénésie japonaise et Kyōto, le berceau d’une grande partie de la civilisation nipponne, l’archipel offre de multiples visages.
Du miracle au mirage
Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon, pays vaincu, n’était qu’un vaste champ de ruines. Mais les décennies qui ont suivi ce douloureux épisode de l’Histoire japonaise ont été l’occasion pour ce pays de panser ses plaies et de renaitre de ses cendres. Le peuple japonais a ainsi pris sa revanche. Il a en effet vu son niveau de vie augmenter considérablement pour atteindre celui des pays les plus riches de la planète. De 1949 à 1976, la puissance de l'économie japonaise a été multipliée par 55 ! Dès 1968, le Japon est parvenu à dérocher le prestigieux titre de seconde puissance économique mondiale, derrière son allié américain. Le pays est parvenu à se redresser, honneur oblige.
Ce miracle économique japonais a surtout été symbolisé par l'achat en masse de produits technologiques et par la frénésie innovatrice du pays. On peut situer l’apogée du « miracle Japonais » vers 1988 : le Japon est alors numéro un mondial de l’industrie bancaire, électronique et automobile. La capitalisation boursière à Tokyo, qui représentait 60% du PIB en 1985, grimpe à 153% du PIB en 1989 ! Certains observateurs étaient prêts à parier leur chemise que le Japon allait dépasser les Etats-Unis comme puissance économique dominante. Mais ces doux rêves de grandeurs ont volé en éclats avec l’explosion de la bulle immobilière et de la bulle sur les actions au début des années 1990. À partir de 1992, la crise gagne l'industrie, qui se trouve confrontée à une double concurrence : d'un côté celle des États-Unis qui retrouvent leur dynamisme perdu pendant la décennie précédente, et de l'autre, celle des nouveaux pays producteurs de l'Asie en développement, notamment la Chine. Le rythme annuel moyen de croissance du PIB réel a été divisé par quatre entre la décennie 1980 et la période 1992-2002, passant de 4 % à 1 %. Le miracle économique n’est plus et laisse place à une situation de « déflation rampante ».
Croissance faible, déficits publics abyssaux, depuis 20 ans, le pays se débat avec ses démons… En plus la faiblesse de la consommation intérieure suite à une hausse de la TVA à l'impact dévastateur, les entreprises ont massivement délocalisé au Mexique et dans ses pays avoisinants. Les grands groupes, de Toyota et Nissan à Sony sont confrontés à l’émergence des nouveaux champions chinois ou coréens – tels Huawei, Hyundaï ou Samsung. La troisième économie mondiale, doit également composer avec des partenaires commerciaux qui sont loin d’être en forme olympique. Quatre ans après, les fameuses réformes structurelles lancées par le premier ministre Shinzo Abe (baisse d'impôts, dérégulation, aboutissement de négociations commerciales...), tardent à faire leur effet. Et pourtant, la Banque du Japon a opté pour le statu quo tout en se montrant plus optimiste sur la croissance en 2017. Le gouvernement a d’ailleurs relevé de 1,2 % à 1,5 % sa prévision de croissance pour l’année budgétaire d’avril 2017 à mars 2018, après 1,3 % pour l’exercice en cours.
Kabuto Cho, une bourse sur la voie de la rédemption
Le Nikkei est l’indice incontournable de la Bourse de Tokyo, fondé le 16 mai 1949 par la société Dow Jones et sur le même modèle que l’indice américain éponyme. Il regroupe les actions des 225 plus fortes capitalisations boursières sur le marché japonais, et il est renouvelé tous les ans. Depuis 1950 c’est le journal d’affaire Nihon Keizai Shimbun qui le calcule. Il est surtout un bon indicateur de la santé du marché japonais.
Parmi les valeurs phares de l’indice, on retrouve notamment des noms biens connus du grand public. Le Nikkei 225 fait la part belle au secteur automobile japonais avec des marques comme Nissan, Suzuki, Mitsubishi, Honda ou Toyota. L’électronique, secteur grâce auquel le Japon a assis sa suprématie économique durant trois décennies est aussi majoritaire avec des sociétés qui ne sont tout autres que Toshiba, Canon, Nikon, Olympus ou Casio.
Les banques sont également bien présentes à la Bourse de Tokyo avec Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG), le plus grand groupe financier de l'Archipel, Sumitomo Mitsui Financial Group et Mizuho Financial Group qui rassemble, sous une société holding, Mizuho Bank (banque de détail), Mizuho Corporate Bank (banque de financement des grandes entreprises), Mizuho Securities (maison de titres) et Mizuho Trust & Banking (banque de gestion d’actifs). Plus dans l’ère du temps, on peut également citer, l'action Softbank qui a presque triplé de valeur en 2013. Ce groupe de télécommunications a marqué les esprits en rachetant son homologue américain Sprint Nextel pour plus de 22 milliards de dollars. Il est devenu la deuxième capitalisation boursière à Tokyo, derrière Toyota.
Autre entreprise qui a le vent en poupe, le groupe de vêtement Fast Retailing. Derrière ce nom inconnu au bataillon se cache l’enseigne Uniqlo qui a fait son apparition en France en 2009, a vu son action presque doubler de valeur. Toujours dans l’univers féminin, on peut revenir sur Shiseido, Mais quel est le rapport entre le géant japonais des cosmétiques et Fujifilm, fabricant japonais de matériel photographique numérique dont les produits ont immortalisé bon nombre nos souvenirs de vacances. Pas grand-chose de prime à bord. Et pourtant ils sont tous les deux dans le compartiment de la chimie.
Mais il y a d’autres valeurs à la réussite tout aussi remarquable, mais plus discrètes comme Kikkoman. Le fabricant japonais de sauce soja est devenu en quelques années omniprésent dans les supermarchés du monde entier et dans les restaurants japonais. Les amateurs de sauce soja, sucrée ou salée, pourront toujours mettre en portefeuille l’action, qui elle n’est pas périssable.
Convaincus par les charmes du Japon ? Vous avez l’embarras du choix pour mettre ces deux pays dans votre portefeuille. Retrouvez notre sélection ici
Trois chiffres
• 3ème puissance économique du monde pour le PIB nominal
• 1 % du produit intérieur brut consacré aux dépenses militaires.
• Superficie de 377972km², 62ème pays le plus vaste du monde