Décidément, l’année 2011 sera probablement un mauvais cru pour Carrefour… Le numéro deux mondial de la distribution a réalisé un chiffre d'affaires de 22,4 milliards d'euros au second trimestre 2011, en croissance de 1,6% à taux de changes courants et de 3% à changes constants. Des ventes qui ressortent en ligne avec le consensus de place (22,5 milliards d’euros) de ventes sur la période. Cependant, sur une base identique (périmètre, hors essence, ajustée de l'effet calendaire), l'activité se plie de -0,2%. Sur les six premiers mois, les ventes du groupe ressortent à 44,6 milliards d’euros, en hausse de 2,7% à changes courants, de 2,5% à changes constants et de 0,1% en comparable.
Dans le détail, l'activité du groupe a été portée par le « dynamisme » relatif de la zone reste du monde, dont les ventes se sont appréciées de 1,9% à 7,37 milliards d’euros. A contrario, les performances dans l’hexagone et en Europe de l’Ouest sont médiocres dont les ventes se sont repliées respectivement de -1% à 8,087 milliards d’euros et -2,1% à 4,56 milliards d’euros. Sur le seul second trimestre et sur une base calendaire identique hors essence, les hypermarchés français ont été particulièrement affectés avec une baisse de -3,3% et une détérioration des parts de marché au second trimestre. Ailleurs en Europe, l'Espagne et l'Italie restent en difficultés en raison d’un environnement économique difficile dans ces deux pays.
Le résultat opérationnel courant du premier semestre est attendu en baisse de 23% à 760 millions d’euros contre 989 millions d’euros au premier semestre 2010 hors DIA. Carrefour explique que cette baisse est essentiellement attribuable à la France. Le résultat opérationnel courant des marchés de croissance devrait enregistrer une croissance solide.
Carrefour explique avoir « mis en place un plan d'action dans le but d'atteindre l'objectif fixé par le groupe de faire croître ses ventes et son résultat opérationnel courant en 2011 ».
Le management fait preuve d’une confiance inébranlable dans son business model alors qu’il a fait l’objet de nombreuses critiques. Le bilan du groupe depuis l’arrivée de Lars Olofsson est peu reluisant : trois avertissements sur résultats en l’espace de neuf mois, une stratégie à l’emporte-pièce, floue, qui ne plaide vraiment pas en faveur du dossier. Par ailleurs, le groupe est pris dans un étau avec d’une part Blue Capital, un fonds d’investissement sous la houlette de Bernard Arnault et de Colony Capital qui participe activement à la stratégie du distributeur. Une présence trop pesante même, puisqu’ils ont été à l’initiative du projet de scission de Dia et de Carrefour Property dont les motivations sont pas d’ordre stratégique mais pour donner de la liquidité à Colony Capital et Arnault, qui ont perdu 40% de leur investissement dans Carrefour… Ce projet controversé de cotation de 25% de la filiale immobilière de Carrefour a finalement été différé devant la levée de boucliers des actionnaires minoritaires. Et en plus des minoritaires, Carrefour s’est mis à dos ses propres salariés ! Le distributeur a du faire face à la fronde de ses employés qui réclamaient de meilleures conditions de travail et une revalorisation de leurs salaires. Récemment, le groupe mené par Lars Olofsson s’est engagé dans un bras de fer avec Casino pour acquérir Grupo Pao de Açucar ; un acteur majeur de la distribution au Bresil. Au terme d’un suspense insoutenable, Carrefour a été contraint de botter en touche après la volte face du gouvernement brésilien qui vient de retirer son soutien au rapprochement entre le français et GPA.
Nous sommes toujours positifs sur Carrefour malgré un enchainement de mauvaises nouvelles depuis plusieurs mois et une évolution du titre très décevante. Par ailleurs, le détachement du dividende de 1,08 euro et l’opération de scission de Dia, amputant la valorisation du titre de 3,50 euros nous amène à logiquement à réviser à la baisse notre objectif de cours à 32 euros sur le dossier. Le titre cote actuellement 21,84 euros en baisse de 0,66%.