Jeudi 14 avril

Janvier 2011, un très bon millésime pour les bulls. Le marché parisien avait entamé l’année sur les chapeaux de roues, engrangeant 100 points pour repasser au dessus du seuil psychologique 4000 points. Le 16 mars dernier, l’indice parisien clôturait à 3696 points. 400 points perdu en ligne droite. 400 points qui ont d’ailleurs été récupéré depuis. Le marché joue aux montagnes russes. Tour d’horizon non exhaustif des arguments des bulls et des bears

Premier argument des bulls, la crise financière est derrière nous. Mieux encore, la reprise économique, chancelante pendant un temps, apporte ses premiers effets positifs tangibles sur l’environnement économique mondial. Le spectre d’une déflation qui planait sur les Etats-Unis a complètement disparu. A en croire les prévisions du FMI et de l’OCDE, les perspectives de croissance mondiale sont solides. Le FMI table sur une croissance mondiale de 4.4% en 2011 et 4.5% en 2012.

La reprise économique en Europe se confirme également. Signe qui ne trompe pas, la BCE, garante de la stabilité des prix, juge celle-ci suffisamment solide pour pouvoir encaisser un durcissement de la politique monétaire sans fléchir.

Certes, la croissance est molle en Europe, mais les multinationales ont trouvé un relais de croissance en allant la chercher là où elle se trouvait. Dans les pays émergents. En Asie chez les tigres, en chine bien sur, qui caracole avec une croissance à deux chiffres, mais également chez les géants indiens et brésiliens.

Une stratégie d’internationalisation qui s’est d’ailleurs avérée payante. Les bénéfices des sociétés du CAC 40 ont rattrapé en 2010 le record absolu de 2007. Après deux années de vache maigre, certaines grandes sociétés ont accumulé un véritable trésor de guerre. Les perspectives économiques à long terme se présentant sous de meilleurs auspices, elles recommencent à prendre des risques en investissant. Depuis quelques semaines, il ne se passe pas une séance sans que l’on entende parler d’acquisitions de fusions, d’acquisitions ou de spin off. Un thème agitateur de tendance qui revient sur le devant de la scène et alimente la hausse.

Enfin, last but not the least, le QE2 de la FED : 600 milliards de dollars injectés dans l’économie. Un déferlement de liquidités sans précédent qui fait monter toutes les classes d’actifs. Actions, matières premières, métaux précieux… tout, sauf le billet vert. De l’argent, qui ne coute presque rien grâce aux politiques monétaires ultra accommodantes menées depuis deux ans. Ou plutôt presque rien, car faire tourner la planche à billet n’est pas sans conséquences.

Entre en scène les bears, et les arguments ne manquent pas. D’abord, force est de constater que la reprise économique existe bien, mais celle-ci est fragile et de nombreux risques pèsent sur elle.

Le QE2 de la Fed, qui nourrit ce marché haussier entraine des déséquilibres macroéconomiques périlleux pour l’économie mondiale. Les Etats-Unis devront affronter leurs responsabilités et faire face tôt au tard à un mur de dettes. Le plafond de dette actuel, de 14,25 milliers de milliards de dollars, atteindra sa limite le 16 mai au plus tard selon le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner . Une fois la limite atteinte, le département du Trésor ne serait plus en mesure d'emprunter comme il le fait normalement pour financer les opérations fédérales. Finalement, il serait incapable de rembourser les dettes parvenues à maturité, mettant le gouvernement des Etats-Unis, la référence mondiale en termes de solvabilité, en faillite.

L’endettement des Etats a de fait explosé pour sauver le système bancaire durant la crise financière, et éviter la crise systémique. En transformant la dette privée en dette publique, le système a échappé de peu au gouffre, mais la dette et les déficits se sont envolés, et deviennent de plus en plus difficilement supportables. L'ombre d'une contagion de la crise des dettes souveraines plane toujours sur la zone euro. Moins d’un an après la tragédie grecque, le Portugal, emboîtant le pas à l'Irlande, a sollicité une aide au FMI, à la BCE et à l'Union européenne afin de redresser ses finances publiques. Et l’histoire n’est pas finie. La Grèce ne pourra pas échapper à une restructuration de sa dette, tandis que l’Espagne, l’un des poids lourd de la zone euro, reste dans le collimateur des marchés.

Second risque qui pèse sur toutes les composantes de la croissance : L’inflation. Un phénomène monétaire qui a dans un premier temps frappé de plein fouet les économies des pays émergents, devenu depuis un enjeu planétaire. Les prix à l'importation américains ne cessent de grimper (2,7% en mars, contre 1,4% en février). En zone euro, même constat. L’indice des prix à la consommation a progressé de +2.6% en mars, nettement au dessus du seuil clef fixé par la BCE. Trichet n’a d’ailleurs pas attendu pour agir en optant pour le resserrement monétaire, quitte à voir s’accentuer le gouffre qui sépare les économies solides et fragiles de la région.

Et devinez ce qui grimpe ? Pour faire simple, ce qui touche à la vie quotidienne. L’alimentation de base (riz, mais, soja, blé…etc.), qui peut faire basculer les populations les plus pauvres dans le dénuement le plus total, et surtout l’or noir. Il y a un an, le Brent se négociait à 87$ le baril, contre 122$ aujourd’hui. Les prix de l’énergie grimpent en flèche, et pèsent de plus en plus sur la consommation. Une inflation que l’on constate tous les jours en tant que consommateurs. Le PDG de Total estime qu’il est inéluctable que le litre d’essence dépasse le seuil psychologique des 2 euros, la question est de savoir quand cela se produira. Une petite phrase qui parle aux consommateurs. Et qui paiera l’addition de la hausse des prix de l’essence et des produits alimentaires ? Les deux mamelles de la reprise. Les entreprises, via une compression sur leurs marges, et les ménages, via une perte de leur pouvoir d’achat.

Plus généralement, les indicateurs économiques qui prennent le pouls de l’économie mondiale sont tous plus inquiétants les uns que les autres. Le tableau de bord indique que les risques qui pèsent sur la reprise ne cessent de s’accroitre. Le malade est sorti des soins intensifs, pour reprendre une expression chère à DSK, mais l’état du patient reste convalescent et nécessite toujours une vigilance accrue avec un marché de l’emploi qui tarde à s’améliorer avec 200 millions de chômeurs dans le monde, 30 millions de plus qu’en 2007.

Le bilan de santé de l’économie mondiale montre que la page de la crise n’est pas tournée. Et c’est justement ce point qui fait consensus entre les bulls et les bears. Ils partagent le même constat, mais en tirent des interprétations opposées. Pour les bulls, plus les chiffres sont catastrophiques, plus la politique monétaire exceptionnellement accommodante menée par la Fed est légitime. Le secteur immobilier américain est moribond ? Un argument de plus pour la mise en œuvre d’un Qe3 ! Le séisme au Japon ? Un drame humain certes, écologique, avec la situation à Fukushima désormais classée au niveau 7 (le même que celui de Tchernobyl), mais un argument de plus pour les bulls. Après tout, le montant des réparations consécutives à la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’Histoire pourrait dépasser 210 Mds€, en quelque sorte un mini QE3.

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