Contesté jusqu’au sein de sa propre majorité, le Pazok, Georges Papandréou a pris tout le monde de court en annonçant l'organisation d'un référendum début janvier sur l'accord européen.
Ce sommet marathon, conclu au forceps la semaine dernière prévoit l'effacement de 50% de la dette du pays, soit 100 milliards d'euros, afin de ramener la dette publique de 160% aujourd’hui à 120% en 2020. En échange, le pays doit accepter un renforcement des contrôles sur sa politique budgétaire, jusqu'à présent contrôlée par la "troïka" (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).
Mais cette perte de souveraineté est très mal perçue par le peuple grec, qui se voit imposer depuis 2 ans des plans d’austérités plus drastiques et amères les uns que les autres de la part de la Troïka. Après 4 ans de récession et deux plans de sauvetage, le chômage explose, notamment chez les jeunes, tandis que le nombre de dépressions, comme celui des suicides, grimpe en flèche. Une sorte de déprime collective s’est emparée de la population, qui n’espère plus rien, pas même de rester maitre de son destin. D’où une colère sociale qui éclate à travers des manifestations, émaillées de violences contre les mesures drastiques qui sont prises, et un rejet de plus en plus manifeste des Grecs vis-à-vis de l’union européenne.
On ne peut que constater que les Grecs sont au bout du rouleau après 4 années de récession, et comptent prendre la parole, d’une manière ou d’une autre pour le faire savoir.
Georges Papandréou le sait plus que quiconque, et joue son va tout à travers ce référendum qui n’est qu’une manœuvre politicienne visant à reconquérir un peu de légitimité politique. Il s’agit également de laisser les grecs espérer qu’il y a toujours un capitaine à bord, que leur opinion compte sur la scène européenne, et que quelque part le peuple reste souverain et maitre de son destin.
Les Grecs "veulent-ils l'adoption du nouvel accord ou le rejettent-ils ? Si les Grecs n'en veulent pas, il ne sera pas adopté", a déclaré le premier ministre. "Nous faisons confiance aux citoyens. Nous croyons en leur jugement. Nous croyons en leur discernement, a poursuivi M. Papandréou. La volonté du peuple grec s'imposera à nous."
A en croire le sondage paru le week-end dernier dans le journal To Vima, une majorité de Grecs juge les décisions du sommet européen négatives. En effet, 12,6 % seulement voit d’un œil favorable les mesures prises lors du sommet européen.
Au final, comme le résume le ministre des finances, Evangelos Venizélos, l'a d'ailleurs souligné "Le peuple grec peut, bien sûr, rejeter le plan d'aide mais il devra avoir en tête les conséquences de cette décision." Car les conséquences d’un non au référendum pourraient être bien plus cataclysmiques à l’échelle de la zone euro que « la mise sous tutelle » du peuple grec.