Quelques heures après la réunion à l'issue de laquelle le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont annoncé le projet franco-allemand qui prévoit une révision des traités, avec sanction automatique des Etats qui laissent filer leurs déficits et instauration d’une règle d’or budgétaire, la mise en garde de S&P a fait l’effet d’une douche froide.
En conséquence, les 6 triple A de la zone euro c’est-à-dire la France, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg voient leur notes placées sous surveillance négative ce qui signifie qu’il y a une chance sur deux pour qu’ils soient dégradés dans les trois prochains mois.
Au total, 15 pays sur les 17 de la zone euro, à l’exception de Chypre et de la Grèce sont par conséquent sous surveillance négative. L’agence justifie sa décision de placer sous surveillance les 15 pays par le fait qu’ils sont convaincus que « les tensions systémiques dans la zone euro ont augmenté ces dernières semaines jusqu'au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble."
La situation de la France est particulièrement délicate, avec un déficit public prévu de 5,7% du PIB pour 2011 et une dette qui s'établit à 1.600 milliards d'euros, soit 85% de son PIB. D'après S&P, les mesures budgétaires annoncées par le gouvernement français à ce stade pourraient être insuffisantes pour remplir l'objectif de déficit de l'an prochain à 4,5% du PIB, si la croissance en 2012 ressortait inférieure aux projections gouvernementales actuellement de 1%. S&P envisagerait plutôt une croissance deux fois moins forte du PIB réel tablant sur 0,5% pour 2012 ainsi qu'un déficit budgétaire à 4,8% du PIB.
Le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande, a déclaré mardi qu'en plaçant la notation de la France sous surveillance négative, Standard & Poor's pointait la faiblesse de la croissance et du système bancaire français.
S'exprimant sur France Inter, le responsable politique a déclaré que l'agence de notation faisait "deux reproches" à la France: "il n'y a pas assez de croissance pour atteindre les objectifs de réduction de déficit de 2012". "La deuxième remarque que fait cette agence est que notre système bancaire est fragile et qu'il pourrait devoir être recapitalisé", a remarqué le candidat. En effet, S&P évoque aussi les problèmes de liquidité et l'affaiblissement de la qualité des actifs des portefeuilles des banques françaises, qui pourraient encore accroître "le risque d'un besoin d'injections de capitaux additionnelles de l'Etat ».
Mais la France n’est pas la seule dans le collimateur de S&P. L’Allemagne, avec sa dette de 2.000 milliards d'euros (plus de 82% de son PIB), tout comme l’Autriche la Finlande le Luxembourg et les Pays-Bas se trouvent aussi sous pression.