En attendant le verdict de Standard&Poor’s, qui devrait dégrader la France incessamment sou peu, la classe politique française prépare les esprits à la perte du précieux sésame, le Triple A
Nicolas Sarkozy a tiré le premier en estimant dans 'Le Monde' daté de lundi dernier qu'en cas de retrait du "Triple A" par les agences de notation "ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable"... Hier Alain Juppé a enfoncé le clou, en estimant que la perte du 'Triple A' "ne serait pas une bonne nouvelle, bien sûr, mais ce ne serait pas non plus un cataclysme".
Aujourd’hui, c’est le Premier ministre français François Fillon qui s'emploie à dédramatiser une éventuelle perte de sa meilleure note face à la menace qui semble imminente. A l’occasion d’un discours devant la Fédération des industries de l'Etat de Sao Paulo, au Brésil, il a averti qu'il était probable que la France doive encore "affronter des secousses".
François Fillon a minimisé une éventuelle dégradation de la note de la France en soulignant que "ce qui importe, ce n'est pas (le) jugement d'un jour" des agences de notation mais "la trajectoire politiquement structurée et budgétairement rigoureuse" suivie par la France et l'Europe.
"La crise n'est pas finie, et il est probable que nous ayons encore à affronter des secousses. Les marchés et les agences de notation ont leur logique. Ils sont dans l'immédiat, dans l'instantané. Mais ce qui importe, ce n'est pas leur jugement d'un jour » a-t-il expliqué.
Pourtant, la perte du triple A se traduirait vraisemblablement par une hausse des taux d'intérêt pesant sur les plus de 1.650 milliards d'euros de dette publique française. Il n’empêche qu’on peut penser que les marchés ont déjà intégré dans leurs cours la perte du triple A. En effet, le spread entre le bund allemand et la France atteint 117 points de base. Si l’OAT s’est éloignée de son record, un tel écart démontre une différence de la perception du risque entre la signature française et l’allemande.
La France est toutefois la seule à être menacée d'une dégradation de deux crans de sa note après que Standard & Poor's (S&P) ait placé, le 5 décembre, le "triple A" français, sous "surveillance négative", avec les notes de 14 autres des 17 pays de la zone euro, dont l'Allemagne.