La Banque centrale européenne (BCE) ne peut pas financer directement les Etats, mais elle est « en mesure de lancer de nouvelles opérations massives de refinancement des banques » alors que « celle déjà réalisée a permis de soutenir les émissions de dette souveraine », a déclaré Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
"Nous sommes seulement limités par notre volonté de maintenir les prix stables, donc d'éviter l'inflation. Dans la situation actuelle, nous considérons que nous pouvons refinancer massivement les banques sans risque", a affirmé Christian Noyer sur Europe 1.
Fin décembre, la BCE a lancé une vaste opération de refinancement à trois ans qui a permis aux banques européennes d'emprunter 489,1 milliards d'euros à un taux d'intérêt de 1%. Une nouvelle opération de ce type est prévue en février.
"Depuis que la BCE a fait sa grosse opération de refinancement à trois ans, les opérations d'émissions publiques par les Etats se sont très bien passées", a souligné Christian Noyer. Les banques "ont toutes les capacités d'acheter des dettes d'Etat. C'est un placement qui est sûr, qui leur rapporte : il n'y a aucune raison qu'elles soient timorées là-dessus", a-t-il ajouté.
Sauf que les faits le contredisent. La stratégie de la BCE de prêter de l'argent à 3 ans aux banques européennes commerciales a échoué, puisqu’au lieu d'acheter des emprunts européens avec cet argent, les banques déposent à court terme leurs liquidités, rémunérées à seulement à 0.25%, à la même BCE, cet argent emprunté à 3 ans. C’est la raison pour laquelle le montant des dépôts au jour le jour bat record sur record, culminant à 453 milliards d’euros, un montant pratiquement équivalent à l’opération séduction conduite par le BCE. Les banques ne font tout simplement plus leur métier puisqu’elles refusent d’octroyer des prêts pour financer l’économie. Leur priorités est de diminuer leur exposition aux dettes souveraines, et non de prêter aux Etats en rachetant de la dette souveraine.
Christian Noyer, qui est également gouverneur de la Banque de France, a par ailleurs voulu se montrer rassurant concernant la situation de la France, à qui l'agence de notation Standard & Poor's a menacé de retirer sa note "AAA" pour l'abaisser de deux crans.
"Compte tenu des intentions de politique budgétaire, des décisions qui ont été prises, la dette de la France est parfaitement fiable. Il n'y a aucun doute sur sa capacité à la rembourser intégralement ", a-t-il affirmé. La dette française reste prisée et le pays continue d'émettre à des taux très bas, a-t-il ajouté. Là encore, ce jugement de valeur peut être discutée car la France a emprunté sur 30 ans à pratiquement 4% (3.97%), ce qui ne reflète pas la solidité d’une signature notée encore Triple A.