Les investisseurs non initiés peuvent aujourd'hui très facilement suivre leurs convictions haussières en achetant des valeurs dans leur compte titres ou PEA. Mais ils manquent souvent de solutions claires et simples pour appliquer une conviction baissière ou se couvrir, bien qu'il existe certains produits qui peuvent offrir une solution plus ou moins adaptée (Turbo, warrants, BX4). Pourtant, il existe une technique encore peu utilisée par les particuliers et finalement simple à maitriser : La vente à découvert.
La vente à découvert permet effectivement de profiter de la baisse d'une valeur. Son principe est assez simple : Vous vendez des titres (sans les acheter) au cours du jour, mais pour un règlement ultérieur, dans l'espoir de les racheter à un cours inférieur lors du dénouement de la position.
Concrètement, lorsque vous réalisez une vente à découvert, le courtier va acheter les actions, vous les prêter, puis les vendre pour vous sur le marché. Pour l'investisseur, la position est nulle. D'un côté, il a le cash reçu de la vente mais de l'autre, il a une dette envers son courtier.
La vente à découvert a une échéance (généralement à la fin du mois). A ce moment, il faut rembourser le préteur de ses actions. Le courtier va donc utiliser le cash pour racheter les actions. Si entre temps, le cours de l'action a baissé, le courtier n'utilisera pas tout le cash pour effectuer le rachat. Il restera donc des liquidités sur le compte. L'investisseur réalise donc un gain sur sa position. Si par contre, le cours de l'action a grimpé, l'investisseur est en perte et doit rembourser la différence.
Généralement, le courtier exige un dépôt minimum de garantie de la part de l'investisseur, pour se couvrir en cas de perte. Il est compris entre 10 et 100%, selon le type de produit vendu à découvert.
Prenons un exemple : Jérôme veut vendre à découvert 100 actions Société Générale qui cotent 30 euros. Son intermédiaire demande alors un dépôt de 10% minimum, soit 300 euros, pour une position de 3000 euros. Si à la fin du mois, l'action a baissé de 10%, la banque va acheter les actions à 2700 euros. Jérôme retrouvera alors sur son compte 300 euros, en plus des 300 euros qu'il a déposés en garantie. Sa performance est de 100% alors que le titre n'a baissé « que » de 10%. En fait, le fait qu'il ait effectué un dépôt de 10% lui a procuré un levier de 10 (100/10). S'il avait effectué un dépôt de 1500 euros (50% de la position), son levier aurait été de 2 (100/50).
En pratique, un investisseur qui veut vendre une valeur à découvert va passer auprès de son intermédiaire habituel un ordre de vente en bourse avec « Service de Règlement différé » (SRD). Le SRD implique une avance de titre pour l'intermédiaire. En contrepartie, le client verse à son intermédiaire une commission dite de Règlement Différé qui s'ajoute aux frais de bourse habituels. Le client doit rembourser les titres le dernier jour de bourse du mois, à moins qu'il demande de reporter sa position au mois suivant (ce qui entraine des frais de report).
A noter qu'il est possible via le SRD d'acheter des actions à terme. L'intérêt de cette technique est de profiter de l'effet de levier que n'offre pas un achat au comptant.
Cependant, toutes les valeurs ne sont pas éligibles au SRD. En effet, pour être éligibles au SRD, les actions cotées à la bourse de Paris doivent avoir une capitalisation boursière supérieure à 1 milliard d'euros, et un volume de capitaux échangés quotidiennement supérieur à 1 million d'euros. Au final, 240 valeurs sont éligibles au SRD.