Lundi 13 août

Le mois dernier, on s’interrogeait de l’étonnante sérénité des marchés face au nombre important de sujets d’inquiétude. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, le risque politique italien ou bien la déroute des marchés émergents, et les sanctions à l’encontre de l’Iran ont été autant d’éléments qui glissaient tels de l’eau sur un film protecteur. Et voici que la Turquie est venue rompre un équilibre qui s’est révélé finalement bien précaire sur les marchés.

LA TURQUIE DANS LA TOURMENTE

La livre turque continue sa chute à la vitesse d’un derviche tourneur. Vendredi, elle a lâché près de 20% dans le sillage des déclarations du président Erdogan qui appelle désormais les Turcs à changer leurs devises étrangères ou leur or, en livres, pour participer à l’effort national. Depuis le début de l’année, la devise turque cède plus de 45% à un nouveau record à 7,24 pour un dollar sur fond d’une défiance accrue des marchés vis-à-vis de la politique économique d'Ankara. Recep Erdogan ennemi « autoproclamé des taux d’intérêt » refuse toujours d’avoir recours à une hausse des taux d’intérêt pour contrer une inflation à 16% en juillet. Et la grave crise diplomatique qui a éclaté avec les Etats-Unis après l'affaire du pasteur évangéliste américain, isole encore plus Ankara.

CLOU EN ACIER

Pour enfoncer le clou, Donald Trump a prévu de doubler les droits de douane sur l’acier turc de 25% à 50%. « Leur monnaie, la livre turque, descend rapidement contre notre dollar fort », explique le président américain sur Twitter pour justifier cette décision. Oui, les relations entre les Etats-Unis la Turquie ne sont « pas bonnes en ce moment ». Cela ne fait aucun doute. Cette nouvelle escalade des tensions entre les deux pays pourrait-elle remettre en cause leur alliance au sein de l’Otan ? Rappelons que les Etats-Unis ont une base militaire stratégique dans le sud de la Turquie.

MÉTÉO MAUSSADE

Sur le marché des changes donc. Les devises qui avaient plus ou moins échappé à la correction observée en février, sont dans l’œil du cyclone. L’effondrement de la livre turque en est le parfait exemple. La contagion se propage désormais aux autres monnaies émergentes avec un peso argentin, un Peso mexicain et un rand sud-africain au tapis. L’euro n’échappe pas à ce mouvement de correction sur le marché des changes, avec une monnaie unique sous les 1,14 dollar, sous pression après les avertissements de la BCE sur une exposition des banques européennes à la Turquie. Seuls le Bolivar et la Livre (décidément…) soudanaise font pire que la Livre turque avec des replis respectifs de 97% et 60% depuis le début de l’année.

LA RIPOSTE AU « COMPLOT »

La Turquie va donc contre-attaquer sur deux fronts. Sur le plan économique d’abord. La Banque centrale de Turquie vient de présenter un ensemble de mesures visant à enrayer la débâcle de la devise turque. Elle a abaissé de 250 points de base le coefficient de réserves obligatoires en livre turque pour toutes les échéances et réduit de 400 points de base le coefficient de réserves obligatoires pour les passifs en devises jusqu’à trois ans d’échéance. Et bien sûr, le terrain politique sera privilégié par le président Erdogan pour asseoir son autorité auprès de Washington, accusé avoir été à l’origine d’un « complot politique » contre son pays.

LE RETOUR DE LA VOLATILITÉ

Les marchés avaient donné la volatilité pour morte et avaient déjà achevé de rédiger une belle épitaphe « ci-gît une volatilité en direction de ses plus bas historiques ». Et voici qu’elle nous revient d’un épisode de mort imminente. Le VIX qui somnolait sur ses plus bas de janvier, a repris des couleurs sur les 13 après cette montée de stress sur les marchés financiers.

LA GUERRE DES ÉTOILES II

35 ans après Ronald Regan, Donald Trump se voit metteur en scène d’une guerre des étoiles version 2018. Le président américain veut écrire le prochain chapitre des forces armées avec la création de la « Force de l'espace », une sixième branche de l’armée américaine qui doit permettre aux Etats-Unis de « dominer l'espace ». Il a demandé au Congrès d'approuver un budget supplémentaire de huit milliards de dollars sur les cinq prochaines années. Mais il risque de se heurter au scepticisme des membres du Congrès et des spécialistes du secteur.

SINON DU CÔTÉ DE L’INFLATION AMÉRICAINE ?

Cette statistique est passée complètement inaperçue. Et pourtant, elle guide la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Le taux d'inflation annuel aux Etats-Unis se maintient à 2,9% en juillet. L’inflation « Core », c’est-à-dire hors éléments volatils est à +2,4% en juillet, soit sa hausse plus forte depuis 2008. Sans surprise, cette accélération de l’inflation « cœur », conforte la Fed dans sa politique monétaire restrictive. Un troisième tour de vis est désormais acquis pour septembre et une quatrième hausse devrait suivre en décembre.

DU COTÉ DES MARCHÉS

La Bourse de New-York n'a pas échappé à la dégradation des relations diplomatiques entre Washington et Ankara. L'indice Dow Jones a cédé 0,77% à 25,313.14 points, le S&P 500 a perdu 0,71% à 2833 points et le Nasdaq Composite a rendu 0,67% à 7408 points. La Bourse de Tokyo clôture en forte baisse de près de 2% à 21857 points, dans le sillage des autres places financières fragilisées par la chute de la monnaie turque et du renforcement du yen, devise refuge par excellence en ces temps agités sur les marchés. L'euro qui est aussi pénalisé par le risque turque, se négocie sous les 1,14 dollar. Le CAC 40 aborde cette semaine en légère baisse de 0,25%, le maintien du seuil des 5400 points sera l'enjeu du jour.

ON S’EN FOUT ?

Ferrari gagne 69.000 euros par voiture vendue ; Le fisc espagnol rend 2 millions d’euros à Cristiano Ronaldo ; La Saint-Amour a été la journée la plus foudroyée de l’année, c’est beau ; En Slovaquie, une femme a été arrêtée pour avoir passé le même morceau de la « Traviata » sur des hauts parleurs, pendant près de 16 ans, 16 ans ! ; Louis de Causans réclame 351 millions d’euros à la France, s'estimant spolié du trône de Monaco.

SABRINA SADGUI

Responsable Bourse

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