Les marchés : Rebond boursier avant Nvidia
La Bourse de Paris rebondit ce mercredi, portée par un regain d’appétit pour le risque. Le CAC 40 gagne 1,15% à 8 144 points et revient à l’équilibre sur la semaine, après deux séances de baisse. Aujourd’hui, plusieurs mastodontes français ont soutenu la tendance avec de bonnes performances, entre autres LVMH (+2,3%), Saint-Gobain (+2,8%) et Schneider Electric (+3,2%). À l’inverse, Stellantis dévisse de près de 4% après des perspectives jugées décevantes, et Worldline s’effondre de 17%, lanterne rouge du SBF 120.
Tous les regards se tournent maintenant vers Nvidia, qui publiera ses résultats ce soir. L’enjeu est majeur, la demande pour ses puces explose, mais le marché a placé d’énormes attentes dans le géant américain de l’IA. Des attentes peut-être excessives. D’autant que les valeurs technologiques ont connu un début d’année difficile, plombées par l’essor de la start-up chinoise DeepSeek, qui jette le doute sur les dépenses en IA des géants américains.
Si l’impact de Nvidia sur le marché s’est un peu réduit par rapport à l’an dernier, sa publication reste un test clé pour la tech et pour l’appétit des investisseurs. En attendant, Wall Street oscille entre espoir et prudence, dans un contexte où l’économie américaine montre quelques signes de faiblesse malgré une inflation toujours tenace. Dans les premières heures d’échange, le S&P 500 et le Nasdaq gagnent environ 1%.
Les valeurs : Interparfums, Stellantis et Medincell
Interparfums
Interparfums envoûte la Bourse avec des résultats solides et des perspectives rehaussées. Ce soir, le titre grimpe de 4,68% à 44,70€ (+9% en 2025), porté par une marge opérationnelle légèrement supérieure aux attentes et un relèvement de ses prévisions de revenus pour 2025. Le spécialiste des parfums sous licence (Montblanc, Jimmy Choo, Coach…) affiche un chiffre d'affaires 2024 en hausse de 10% à 880 millions d'euros. Le bénéfice net progresse également de 10%. La société a dégagé un résultat opérationnel courant de 178 millions d'euros, dépassant le consensus.
La bonne génération de cash du groupe, avec une trésorerie nette de 57 millions d’euros, ainsi que l’annonce d’un dividende en hausse de 10% (1,15 euro par action) et d’une action gratuite pour dix détenues en juin, séduisent les investisseurs. Pour 2025, Interparfums vise désormais un chiffre d'affaires compris entre 930 et 935 millions d’euros, intégrant des effets de change favorables avec l’appréciation du dollar. Le bureau d'analyse Midcap Partners salue une "rentabilité best-in-class" (voir lexique), confirmant la solidité du modèle économique d’Interparfums dans un contexte incertain.
Stellantis
Le constructeur automobile a dévoilé une chute de ses bénéfices en 2024, plombés par des stocks excessifs aux États-Unis et une forte baisse des ventes. Son bénéfice net s'est effondré de 70% à 5,5 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle divisée par deux à 5,5%. La situation est encore plus préoccupante en Amérique du Nord, où les volumes ont chuté de 30%, entraînant une marge négative de -6,8%. Stellantis a également brûlé plus de 6 milliards d’euros de trésorerie en 2024, un contraste saisissant avec son excédent de 12,9 milliards d’euros en 2023.
Pour 2025, le groupe table sur une croissance modérée de ses revenus et sur une marge opérationnelle comprise entre 4% et 6%, un objectif jugé décevant par les analystes. L'entreprise espère une amélioration au second semestre et prévoit un flux de trésorerie positif d’ici fin 2025. En attendant, Stellantis proposera un dividende en forte baisse à 68 centimes par action, contre 1,55 euro l’an dernier. À la Bourse de Paris, l’action chute de 3,95% à 12,95€ après ces annonces de perspectives prudentes et de contexte de marché toujours difficile. Désormais, Stellantis abandonne 47% en Bourse, sur un an.
Medincell
La biotech française éligible au PEA-PME bondit en Bourse, gagnant 9,34% à 14,28€, après un feu vert de l’autorité sanitaire américaine. La FDA va étudier la possibilité d’étendre son traitement destiné aux patients atteints de trouble bipolaire. Ce traitement, déjà approuvé aux États-Unis depuis 2023 pour la schizophrénie, pourrait élargir son marché. L’israélien Teva, partenaire de Medincell, pilotera le processus réglementaire et assurera la commercialisation du médicament, tandis que Medincell percevra des redevances sur les ventes nettes.
Pour l’instant, l’efficacité du traitement dans cette nouvelle indication n’a pas encore été validée, mais la FDA a jugé les données cliniques existantes suffisamment solides pour examiner cette demande. Une nouvelle qui ravive l’optimisme des investisseurs sur les perspectives de croissance de la biotech française. Le groupe gagne 58% sur un an.
L'événement du mercredi : Tesla, la chute se poursuit
L’actu de ce mercredi fait écho à notre Battle sur Tesla et Elon Musk. Hier soir, l’action a clôturé en perte de 8,4%, creusant son recul annuel à près de 25%. Symboliquement, la valorisation du groupe est passée sous les 1 000 milliards de dollars après cette nouvelle baisse. En cause, l’annonce d’une chute spectaculaire des ventes en Europe. En janvier, les immatriculations du constructeur américain se sont effondrées de 45,2% sur le continent, tandis que le marché des véhicules électriques, lui, progressait de 34%.
La concurrence s’intensifie avec l’arrivée de nouveaux modèles européens et chinois, souvent plus abordables, alors que la gamme Tesla commence à accuser son âge, ne se renouvelant pas assez. Le groupe promet de nouveaux modèles plus accessibles, mais en attendant, le marché sanctionne. Ajoutez à cela un Elon Musk focalisé sur son tout nouveau projet politique à Washington, au risque de déplaire à beaucoup de ses clients, et vous obtenez un cocktail explosif pour les investisseurs. Depuis ses sommets de décembre, l’action Tesla a déjà perdu 40%. Reste à savoir si la firme californienne saura inverser la tendance… et surtout, si Musk reviendra aux affaires.
Demain à la Une : Nvidia, impact imminent !
Ce jeudi, les marchés vont digérer les résultats de Nvidia, dévoilés ce soir après la clôture américaine. Nous vous en parlions ces derniers jours, le géant américain fera clairement la pluie ou le beau temps en Bourse, en particulier sur les valeurs technologiques. En France, AXA, Saint-Gobain, Engie, Veolia, Arkema, Teleperformance et Vallourec passeront demain sur le gril des résultats. Sur le front économique, on attend une révision de la croissance américaine du quatrième trimestre 2024 et le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE.
Le lexique : Rentabilité best-in-class
L’expression "rentabilité best-in-class" signifie qu’une entreprise affiche l’une des meilleures rentabilités financières de son secteur. Elle se distingue alors par des marges supérieures à la moyenne, une gestion efficace des coûts et une capacité à générer un flux de trésorerie solide. Cette rentabilité élevée peut être due à plusieurs facteurs : un positionnement premium, une politique tarifaire maîtrisée, une forte demande pour ses produits ou services, ou encore une excellente maîtrise de la chaîne d’approvisionnement.
Dans le cas d’Interparfums, l’entreprise est qualifiée de "best-in-class" car elle maintient une marge opérationnelle élevée malgré les fluctuations des matières premières et des devises. Son modèle économique basé sur des licences prestigieuses et une distribution bien maîtrisée lui permet d’afficher une profitabilité supérieure à celle de nombreux acteurs du secteur.