Les marchés : Le CAC frôle son record !
Après une lourde correction hier, le CAC 40 reprend des couleurs ce mercredi, bondissant de 1,56% à 8 174 points. L’indice français revient ainsi à proximité de ses records historiques. Le marché retrouve de l’optimisme grâce au plan d’investissement massif annoncé par Berlin, on en reparle dans cette édition. La Bourse profite globalement des avancées sur le projet européen de défense commune, qui redonne espoir aux investisseurs après les turbulences causées par Donald Trump. Mais la nervosité reste palpable, le président américain a réaffirmé son engagement en faveur de sanctions commerciales contre les partenaires des États-Unis, tout en indiquant que ces mesures pourraient provoquer « quelques perturbations ». Comme d’habitude, il menace avant de négocier.
En effet, un climat plus apaisé s’est installé cet après-midi après l’annonce d’un possible compromis sur les droits de douane avec le Canada et le Mexique. Le secrétaire au Commerce a assuré que Washington restait ouvert aux discussions, évoquant même une décision imminente. Résultat, l’indice de la peur, le VIX (voir lexique), s’est détendu après un pic trimestriel à 26 points. Pendant ce temps, Pékin a évoqué cette nuit un objectif de croissance de 5% pour 2025, tout en mettant en garde contre un environnement mondial difficile. L’objectif devrait sans grande surprise être atteint, au risque de manipuler les chiffres…
Les valeurs : les gagnants du plan allemand, Dassault Aviation, Atos
les gagnants du plan allemand
L'Allemagne sort le bazooka budgétaire et les marchés s'envolent ! Berlin jette aux oubliettes son austérité légendaire et dégaine un plan massif de plusieurs centaines de milliards d’euros pour renforcer sa défense et moderniser ses infrastructures. L’euphorie a gagné les Bourses européennes ce mercredi, et certaines valeurs en profitent plus que d’autres. Le sacro-saint frein à l’endettement est sur le point d’être supprimé pour financer ce tournant historique. Inspiré par le célèbre "quoi qu’il en coûte" de Mario Draghi en 2012, Friedrich Merz, chef de file des conservateurs, a assumé cette révolution budgétaire face à un monde où l’Europe doit prendre en main sa propre sécurité.
Entre 200 et 400 milliards d’euros seront injectés dans la défense, tandis que 500 milliards seront dédiés aux infrastructures. Du jamais-vu. Sur les marchés, les valeurs de la défense explosent, avec Dassault Aviation (+4,3%), Rheinmetall (+6,4%), Hensoldt (+7,5%) et Thales (+7,6%) en forte hausse. Même euphorie du côté du BTP et de la sidérurgie, avec Saint-Gobain (+8,8%), Arcelormittal (+9,9%) et Heidelberg Materials (+17,1%). Le ferroviaire n’est pas en reste : Alstom bondit de 15,1%, porté par l’urgence de moderniser un réseau allemand en piteux état. Les banques profitent aussi de ce vent d’optimisme. L’Allemagne amorce un changement de paradigme, c’est un vrai game changer pour l’Europe. Reste à voir si cette dynamique tiendra dans la durée et si le reste du continent suivra le mouvement.
Dassault Aviation
Dassault Aviation décolle en Bourse après de solides résultats (+4,29% à 287€). L'avionneur tricolore signe un exercice 2024 supérieur aux attentes. Résultats en hausse, montée en cadence du Rafale et espoirs budgétaires du côté de l’Allemagne : tous les voyants sont au vert. Dassault Aviation a frappé fort. L’avionneur affiche des prises de commandes en hausse de 31,6%, à 10,9 milliards d’euros, et un chiffre d’affaires de 6,23 milliards d’euros (+30%), dépassant les prévisions. La montée en puissance du Rafale se confirme avec 21 appareils livrés contre 13 l’année précédente, malgré des tensions sur la chaîne logistique.
Côté rentabilité, c’est aussi très positif. Résultat opérationnel en hausse de 49%, bénéfice net qui franchit le cap du milliard… L’action gagne 46% en 2025 ce n’est peut-être pas fini, grâce au plan massif de Berlin dédié à la défense. La direction du groupe est optimiste : "S'il y a des opportunités, on saura les prendre", assure son PDG Éric Trappier. Une chose est sûre, en 2025 Dassault vise encore plus haut avec 25 Rafale et 40 Falcon à livrer. Le signal est clair, l’aviation de défense française est plus que jamais incontournable.
Atos
Le groupe informatique gagne 23,53% ce soir, après avoir annoncé un redressement spectaculaire de ses prises de commandes au quatrième trimestre, atteignant 2,7 milliards d’euros. Grâce à des renouvellements et extensions de contrats stratégiques, le ratio de prises de commandes sur chiffre d’affaires bondit à 117%, un signal fort envoyé aux investisseurs. Atos affiche un bénéfice net de 248 millions d’euros en 2024, contre une perte abyssale de 3,44 milliards d’euros en 2023.
Cependant, la marge opérationnelle reste sous pression à 2,1% et le chiffre d’affaires recule de 5,4%, en dessous des attentes. Atos n’a pas dévoilé d’objectifs clairs pour 2025 mais tiendra une journée investisseurs le 14 mai, où la direction précisera sa nouvelle stratégie et son organisation. Un rendez-vous clé pour juger du potentiel de redressement à moyen terme. Depuis le début de l’année, le titre gagne 61%.
L'événement du mercredi : L'écart se creuse
L'événement de ce mercredi, c’est le plan massif dégainé par Berlin. Nous vous en parlions ci-dessus et une chose saute aux yeux sur les graphiques boursiers : l’écart se creuse entre les performances annuelles de l’Europe et de Wall Street. Le CAC 40 gagne 1,56% aujourd’hui, +3,5% pour le DAX allemand. Dans ses premières heures d’échange, l’ambiance est beaucoup plus mitigée outre-Atlantique, avec une petite baisse de l’ordre de 0,30% sur les principaux indices américains.
Désormais, le CAC et l’Euro Stoxx gagnent respectivement 11% et 12% depuis le 1er janvier (+16% pour le DAX). Le S&P 500 perd 2% et le Nasdaq 5%. Outre l’effet rattrapage après une année 2024 passable en Bourse pour la zone euro, et exceptionnelle pour les États-Unis, les niveaux de valorisation relativement faibles des actions européennes attirent de plus en plus les investisseurs internationaux.
Depuis plusieurs séances, la Bourse de New York évolue sans direction claire. D’un côté, Donald Trump laisse entrevoir aujourd’hui un allègement des droits de douane sur les importations canadiennes et mexicaines. De l’autre, l’économie américaine envoie des signaux relativement inquiétants, notamment sur l’emploi.
Le marché du travail ralentit en effet selon l’enquête ADP qui montre des créations d’emplois bien en deçà des attentes. Les marchés restent donc sous pression et les investisseurs attendent fébrilement les prochains indicateurs économiques, en particulier le rapport officiel sur l’emploi vendredi après-midi. Dans ce climat tendu, la moindre annonce peut faire fortement bouger les indices boursiers. La volatilité est clairement de retour !
Demain à la Une : sommet de l'UE, BCE et résultats.
Ce jeudi, les dirigeants de l’UE se réuniront pour un sommet dédié à la poursuite du soutien à l’Ukraine et à la défense européenne. Après le plan massif annoncé par Berlin, de nouvelles annonces pourraient être faites, au profit du secteur de la défense, tant convoité par les investisseurs ces derniers jours. En parallèle, la BCE devrait sans surprise baisser ses taux de 0,25%. Son taux directeur passerait ainsi de 2,90% à 2,65%.
Christine Lagarde tiendra sa traditionnelle conférence de presse à partir de 14h45. Cet épisode fait souvent l’objet d’une volatilité assez marquée sur les marchés, notamment sur l’euro. Par ailleurs, les États-Unis publieront leur balance commerciale de janvier. Du côté des entreprises, Broadcom, Bouygues, Getlink, La Française des Jeux, Spie et JCDecaux publieront leurs résultats annuels.
Le lexique : Le VIX
L’indice VIX (Volatility Index) mesure la volatilité implicite du S&P 500 sur les 30 prochains jours, en se basant sur les prix des options. Surnommé "indice de la peur", il reflète l’anticipation des investisseurs quant aux fluctuations du marché. Un VIX élevé (supérieur à 30) indique une forte incertitude et une nervosité des investisseurs, souvent liée à des crises ou des corrections boursières.
À l’inverse, un VIX faible (inférieur à 20) traduit un climat de confiance et une relative stabilité des marchés. Le VIX est utilisé par les traders et les gestionnaires d’actifs pour évaluer le risque et ajuster leurs stratégies d’investissement. Il peut également servir d’actif spéculatif à travers des produits dérivés comme les ETF et les contrats à terme liés à la volatilité.