Vendredi 16 juin

"Nous voulons rendre le networking plus simple, plus inspirant avec une interface plus ludique." Rencontre avec Ludovic Huraux, Co-fondateur et CEO de Shapr

Ludovic Huraux Co-fondateur et CEO de Shapr Ludovic Huraux, CEO de Shapr

MonFinancier.com : Pouvez-vous nous présenter Shapr ?

Ludovic Huraux : Shapr est une application de networking pour faire des rencontres inspirantes. L’utilisateur reçoit en effet une vingtaine de suggestions de personnes par jour à rencontrer basées sur ses centres d’intérêts professionnels, personnels, la localisation ou même le niveau d’expérience de celui-ci. L’utilisateur décide en un coup de « swipe » [balai, NDLR], si le profil lui convient ou pas, à gauche s’il n’y a pas d’intérêt et à droite si l’utilisateur est intéressé par le profil qu’on lui propose. Celui-ci va indiquer à la personne choisie que l’utilisateur a envie de la rencontrer seulement s’ils swipent tous les deux à droite. Si c’est le cas cela veut dire que les deux personnes sont disposées à se rencontrer, il y aura donc « match » entre les deux. L’intérêt de Shapr comparativement à d’autres plateformes professionnelles, c’est qu’elles suggèrent 15 à 20 personnes par jour. Et parmi ces personnes, il y en a certaines dont on n’aurait pas eu l’idée d’aller aborder sur des réseaux sociaux à l’image de LinkedIn. Ici c’est différent, on est positionné sur de l’inspiration, de l’échange d’idées, de l’entre-aide, afin de partager sans forcément avoir quelque chose à vendre derrière. L’avantage de notre application, c’est sa simplicité, mais c’est aussi qu’elle ne bombarde pas l’utilisateur de publicités, ni de messages non sollicités. Tout le monde est dans le même état d’esprit : celui de provoquer des rencontres inspirantes.

MF : Comment votre passé chez Attractive World, que vous avez fondé il y a 10 ans, a pu vous aider dans la création de Shapr et dans l’élaboration de votre concept ?

L.H : Mon expérience chez Attractive World m’a été profitable pour deux raisons. La première, c’est qu’elle m’a permis de me forger une solide expérience d’entrepreneur. J’ai fondé Attractive World, il y a dix ans et depuis, j’ai toujours gardé à l’esprit l’importance de rencontrer des personnes de l’extérieur, de la puissance du réseau et de la bonne manière d’aborder les rencontres professionnelles. D'ailleurs, la plupart de mes investisseurs ou de mes associés, je les ai rencontrés avec mon réseau. Partant de ce constat, on s’est dit qu’on pouvait faire une application dédiée à la rencontre inspirante. Les interfaces de Shapr sont assez proches des interfaces de sites de rencontres. On avait développé toute une expertise d’un point de vue algorithmique pour faire « matcher » les personnes. Sur un site de rencontres, la photo provoque l’envie de rencontre. Dans le cas d’Attractive World, la démarche de rencontres est plus sérieuse avec d’autres critères qui rentraient en compte. Mis bout à bout, notre passé chez Attractive World nous a permis de développer les algorithmes nécessaires à développer Shapr.

MF : Sans dévoiler tous vos secrets, comment votre plateforme parvient-elle à recommander un profil adapté aux membres de Shapr ?

L.H : Le challenge principal pour Shapr, c’est la récupération de données personnelles de qualité : les passions, les centres d’intérêts professionnels, le niveau d’expérience mais aussi les catégories de personnes que vous souhaitez rencontrer. En effet, les envies de rencontres peuvent être différentes selon si vous cherchez un emploi, si vous lancez votre société ou si vous déménagez dans une nouvelle ville. Ces données sont récupérées via l’inscription sur LinkedIn ou par email. Dans le dernier cas, les membres nous autorisent à accéder leur géolocalisation afin de les présenter à des personnes proches et nous renseignent des hashtags sur leurs centres d’intérêts personnels et professionnels. Derrière, des algorithmes de Machine Learning vont renforcer le poids des hashtags renseignés grâce aux swipe droit et ainsi proposer des profils appropriés. Au fur et à mesure, l’algorithme affine la qualité des suggestions en fonction du comportement de l’utilisateur.

MF : Vous avez donc révolutionné le networking en reprenant les codes d’une célèbre application de rencontres… Est-ce suffisant pour jouer des coudes face à un LinkedIn, omniprésent dans le networking ?

L.H : Nous voulons rendre le networking plus simple, plus inspirant avec une interface plus ludique. Nous pensons que le networking doit être vu comme un style de vie avec des rencontres régulières qui pourraient mener à une ou plusieurs rencontres qui pourraient compter. Avec un monde qui évolue avec les nouvelles technologies, la recherche de sens est de plus en plus importante. La nouvelle génération, qui veut davantage voyager avec une envie d’indépendance croissante et qui montre un rejet de la hiérarchie, se connecte pour trouver un sens à la vie de plus en plus. Shapr se positionne très clairement sur ce créneau-là.

MF : Où en êtes-vous dans votre phase de développement ?

L.H : Aujourd’hui, nous recrutons massivement pour absorber notre croissance, passant de 15 à 30 salariés d’ici les 12 prochains mois dont une vingtaine en France et le reste à New-York. Nous enrichissons le service avec une fonctionnalité qui permettra à des communautés de faire matcher des membres.

MF : Vous revendiquez combien d’utilisateurs à ce jour ? Et comment recrutez-vous de nouveaux utilisateurs ?

L.H : Nous connaissons une croissance exceptionnelle en France et aux États-Unis avec plus de 2000 personnes qui s’inscrivent chaque jour contre 500 il y a 6 mois. Les États-Unis sont le plus gros marché avec 60% des utilisateurs contre 25% pour la France. Le bouche-à-oreille est bien sûr un formidable vecteur de recrutement ! Mais nous pouvons compter sur d’importantes retombées presse. Le Wall Street Journal, la BBC ou le Guardian nous ont consacré plusieurs articles. Nous avons également fait une large campagne d’affichage dans le métro de New York ! En France, nous sommes également très actifs sur les réseaux sociaux.

Ludovic Huraux Co-fondateur et CEO de Shapr

MF : Avez-vous déjà procédé à des tours de table ? Si oui pour quel(s) montant(s) ?

L.H : Nous avons levé quasiment 7 millions de dollars depuis notre création.

MF : Les investisseurs qui ont participé à ces levées de fonds vous accompagnent-ils toujours ?

L.H : Une très grosse partie des investisseurs d’Attractive World ont réinvesti dans Shapr après la vente d’Attractive World l’an dernier. Il y a également de nouveaux investisseurs qui ont voulu participer à ce projet parce qu’ils estimaient qu’on avait beaucoup d’ambitions, que Shapr avait un potentiel de développement important.

MF : À quel horizon prévoyez-vous de dégager votre premier chiffre d’affaires ?

L.H : Actuellement, Shapr ne fait pas de chiffre d’affaires et se finance uniquement par levées de fonds. Début 2018, nous commencerons à monétiser notre application. Nous sommes en train de travailler sur le développement de plusieurs fonctionnalités. Prochainement, vous pourrez ajouter des hashtags si vous faites partie d’une communauté pour rencontrer les autres membres de cette communauté. Demain, d’autres fonctionnalités seront disponibles contre le paiement d’un abonnement notamment l’accès à de nouveaux filtres, la possibilité de swipes supplémentaires ou de changer sa géolocalisation.

MF : Depuis le lancement de Shapr, [il y a 2 ans et demi, NDLR], quel regard portez-vous sur votre deuxième bébé ? Et où le voyez-vous dans les 5 voire 10 ans à venir ?

L.H : Nous avons énormément d’ambitions sur Shapr ! À très long terme, nous souhaitons que Shapr devienne une plateforme leader mondial autour de l’épanouissement professionnel. C’est pour cette raison que nous avons commencé notre aventure entrepreneuriale aux États-Unis, pays où le marché est important et très actif. Nous sommes convaincus que le challenge des générations à venir sera pour chaque individu de trouver un sens à sa vie. Les mentalités évoluent, les nouvelles technologies vont rebattre le marché du travail. Si Shapr peut devenir la plateforme pour vous aider à façonner une vie que vous ne regretterez pas, parce que l’application vous aura permis de rencontrer les personnes qui vous aideront à vous réaliser, alors nous réussirons notre pari.

MF : Vous militez pour le bonheur de chacun en quelque sorte ?

L.H : Notre souhait le plus cher, c’est que les gens s’épanouissent bien sûr dans leur vie professionnelle mais aussi personnelle. Grâce à Shapr, on reconnecte les gens pour les ramener à la réalité.

MF : Prévoyez-vous de vous mettre en Bourse Shapr à l’image de Critéo, une autre société tricolore avec un accent américain ?

L.H : Dans un monde idéal oui, j’adorerais que Shapr reste indépendant mais puisse un moment donné se coter en bourse pour donner de la liquidité aux actionnaires. Le chemin est encore long et il y a beaucoup de challenges et d’obstacles à traverser. Mais rien n’est écrit dans le monde des start-ups, il suffit qu’un grand groupe s’intéresse à la technologie que vous produisez et souhaite vous aider à vous développer et dans ce cas de figure, la question se poserait.

Propos recueillis par Sabrina Sadgui

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