Lundi 05 octobre

Mardi 3 novembre, les Américains sont appelés à désigner leur commandant en chef pour les quatre années à venir. Les tensions sont extrêmes à un mois de l’échéance et le risque de chaos politique est réel. Pour cerner les enjeux à venir, nous vous proposons de faire le point sur le précédent historique : les élections de novembre 2000. Quelles ont été les conséquences boursières à l’époque ? Et à quoi faut-il s’attendre pour novembre prochain ?

UN BRAS DE FER HISTORIQUE

Le contexte

Le mardi 7 novembre 2000, les Américains sont appelés aux urnes. Deux candidats s’affrontent : le démocrate Al Gore, vice-président de Bill Clinton, et le républicain George W. Bush, fils du Président George H. W. Bush de 1989 à 1993. Le premier emporte près de 51 000 000 de voix. Soit plus de 500 000 que George Bush. Mais le système électoral américain est bien différent du nôtre : le suffrage universel direct ne prime pas.

Ce sont les grands électeurs qui ont le fin mot dans la désignation du Président. Leur nomination relève de la compétence exclusive de chaque Etat fédéré qui en fixe les règles. En découle un système complexe et qui se déroule en plusieurs étapes : des délégués locaux sont d’abord désignés par les électeurs lors des caucus, ou d’élections primaires. S’ensuit une convention nationale où les grands partis désignent leur candidat. Tous les Etats n’ont pas le même poids dans le collège des grands électeurs. La Californie représente par exemple 55 voix, contre 38 pour le Texas ou 29 pour New York.

En 2000, les deux candidats sont au coude à coude tout au long de la campagne. Les trois débats présidentiels d’octobre n’y changent rien. Toute la question est de savoir qui emportera la Floride, et ses 25 grands électeurs qui feront basculer l’élection dans un sens, ou dans l’autre. S’ensuit un incroyable suspense pendant 36 jours. Une bataille politico-judiciaire historique s’engage.

La folle nuit du 7 novembre

Le 7 novembre 2000, les chaînes de télévision annoncent la victoire d’Al Gore à 19h15. A 22h, elles se corrigent : impossible de départager les deux candidats. A 2h15 du matin, un politologue donne Bush vainqueur sur la chaîne conservatrice Fox News. C’est l’un de ses cousins…

Les autres chaînes de télévision suivent le mouvement. Al Gore appelle Bush pour concéder sa défaite, mais il se reprend une heure plus tard. A 4h15, les médias se rétractent à nouveau et comme à 22h, annoncent que les deux candidats ne se sont pas départagés.

Peu après, les autorités électorales de Floride proclament Bush vainqueur par, seulement, 1 784 voix d’avance, sur plus de 5 600 000. Al Gore demande alors le recomptage des bulletins, à la main, dans quatre comtés de Floride. Le doute se répand, et le psychodrame ne fait que commencer.

C’est donc en Floride que se joue le résultat de l’élection nationale. Or, Jeb Bush, le frère du candidat républicain, en est le gouverneur. Certains démocrates, convaincus de leur victoire dans l’Etat, accusent de partialité le clan Bush. Le gouverneur nie ces accusations et se met officiellement en retrait de la procédure judiciaire et administrative qui se prépare.

De nombreuses irrégularités

Dans le comté de Palm Beach, les choses prennent un vilain tour. Des plaintes sont déposées pour rédaction illégale de bulletins de vote pouvant entraîner la confusion dans le choix des électeurs. 19 000 bulletins sont annulés car deux croix y sont cochées, au lieu d’une seule pour indiquer le vote. Il faut dire que de nombreuses machines à perforer utilisées en Floride sont hors d’âge. D’autres graves irrégularités sont signalées, notamment des intimidations à l’encontre d’électeurs Afro-Américains pour les empêcher de voter dans certains bureaux. La Ministre fédérale de la Justice est saisie. “L’affaire est grave”, dit-elle en substance.

36 jours pour tirer un enseignement

Le 10 novembre, les bulletins sont recomptés à la machine. Bush n’a plus que 288 voix d’avance : soit 0,005% d’écart face à Al Gore. Le 16 novembre, la Cour suprême de Floride ordonne un recomptage manuel. Cinq jours plus tard, elle ordonne à l’unanimité d’intégrer les résultats des recomptages manuels aux résultats finaux. Le 22 novembre, Bush en appelle à la Cour suprême des Etats-Unis. Le 24, elle accepte son recours. Contestations et suspense se prolongent. Les Américains attendent.

Enfin, le 12 décembre, la Cour suprême américaine estime par 5 voix contre 4, que la décision de son obligée de Floride est inconstitutionnelle et annule donc le recomptage des voix. De fait, elle donne la victoire à Bush fils.

5 voix contre 4

Les 3 conservateurs et les 2 modérés contre les 4 progressistes.

Bush est donc élu. Les grands électeurs n’auront plus qu’à ratifier sa victoire.

Al Gore l’admet.

Les Américains sont tellement attachés à leur Constitution et à leurs institutions, notamment à la Cour suprême, que la légitimité d’un Président aussi mal élu ne sera jamais contestée.

Mais surtout, un enseignement est à tirer de ces 36 jours de chaos politique : la Cour suprême américaine peut faire l’élection.

LES CONSÉQUENCES BOURSIÈRES DE 2000

Les investisseurs ont horreur de l’incertitude et de l’instabilité, notamment politiques. Entre le 7 novembre et le 12 décembre 2000, les trois principaux indices américains ont connu une volatilité assez élevée et ont lâché un peu de terrain. Ces variations sont surtout palpables dans le cas du Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques américaines. Rien de comparable néanmoins avec les variations subies en ce début d’année, jusqu’à 30% de baisse en un mois pour les indices US.

S&P500

Volatilité entre le 7 novembre et le 12 décembre 2000 : 9,94%

Performance sur la période : -4,73%

Source : TradingView

Dow Jones

Volatilité entre le 7 novembre et le 12 décembre 2000 : 6,55%

Performance sur la période : -2,11%

Source : TradingView

Nasdaq

Volatilité entre le 7 novembre et le 12 décembre 2000 : 26,50%

Performance sur la période : -13,41%

Source : TradingView

Lors de la période d’instabilité politique de 2000, c’est donc le Nasdaq qui a enregistré la plus forte volatilité (26,50%) et la plus importante claque en termes de performance : -13,41%. Entre le 1er mars et le 1er novembre, l’indice avait déjà perdu plus de 23% à cause de l’éclatement de la bulle internet. Ce risque baissier est renforcé cette année, alors que le compartiment est déjà sous haute tension, malgré ses impressionnantes performances liées à la digitalisation de l’économie pendant le confinement.

On se souviendra par exemple du mardi noir vécu par Tesla, le 8 septembre dernier. L’action a connu son plus lourd recul depuis son introduction en Bourse il y a dix ans : -21%. En une séance, plus de 150 milliards de dollars de valorisation sont partis en fumée. Et les exemples analogues ne manquent pas. La pression est déjà vive sur ce compartiment survalorisé, à mesure qu’approchent les élections.

Le Vix, l’indice de volatilité implicite du S&P500, aussi appelé “indice de la peur” est un véritable thermomètre des tensions mondiales pour les investisseurs. Il est resté globalement stable à 25 pendant les élections de 2000 : il ne peut être compris qu’entre 0 et 100. Actuellement, il évolue autour de 30, après s’être emballé au-delà de 80 en mars dernier, au plus fort du krach boursier provoqué par la Covid.

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