Elle est de retour
Incroyable ! La volatilité est enfin de retour sur les marchés… On avait presque perdu l’habitude de voir des variations de plus d’1% sur les grands indices boursiers. Ce soir, le CAC 40 cède 1,11% et clôture à 8 061 points, en perte d’1,76% sur la semaine. Depuis mi-mars, il ne se passait pratiquement plus rien sur les marchés, faute de nouvelles informations majeures. Mais les craintes d’embrasement au Moyen-Orient et les incertitudes sur la politique monétaire américaine rebattent les cartes.
D’un côté, le risque géopolitique met le feu aux poudres. La situation entre Israël et l’Iran est particulièrement tendue. Depuis la frappe aérienne israélienne de lundi, sur une annexe d’un consulat iranien en Syrie, le ton monte. Téhéran a menacé à plusieurs reprises l’État hébreux de riposter, Israël a annoncé cet après-midi le renforcement de ses mesures de défenses.
De l’autre, le rapport mensuel sur l’emploi américain et les propos d’un responsable de la Fed. C’est un rapport exceptionnel qui a été publié à 14h30 : 303 000 emplois ont été créés en mars dans les secteurs privés, hors agriculture. C’est 100 000 emplois de plus qu’attendus par le marché. Le taux de chômage baisse à 3,8% de la population active, c’est le plein-emploi outre-Atlantique ! L’économie reste donc extrêmement robuste, malgré les hausses de taux. Il n’y aurait donc pas urgence à les baisser, d’autant que le rebond du pétrole risque de faire remonter l’inflation à court terme. Les barils de Brent européen et de WTI américain dépassent respectivement les 91$ et 87$ pour la première fois depuis octobre.
Cerise sur le gâteau, Neel Kashkari, président de la Fed de Minneapolis, a évoqué la possibilité que la Fed ne baisse pas ses taux cette année. C’est très peu probable, mais il n’en faut pas plus aux investisseurs pour se faire quelques frayeurs et surtout… prendre des bénéfices sur des indices actions proches de leurs plus hauts historiques. Plus de peur que de mal donc ? Verdict la semaine prochaine !
Les valeurs : Pernod Ricard, Sanofi, Xilam Animation
PERNOD RICARD
L'action Pernod Ricard cède 2,39% ce soir, à 141,15€, en raison de la dégradation de plusieurs bureaux d'analyses, dont Oddo BHF qui passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 190€ à 150€. Sa décision fait suite à une révision à la baisse des prévisions de bénéfice net par action pour 2024. Les catalyseurs attendus pour la reprise de la croissance, en particulier sur les marchés clés de la Chine et des États-Unis, ne se matérialisent toujours pas. Bien que le potentiel de baisse peut sembler limité sur le titre en raison de sa sous-performance récente par rapport au secteur des spiritueux, les incertitudes actuelles continuent de peser. L’action cède près de 12% depuis le début de l’année.
SANOFI
L'incontournable groupe pharmaceutique perd 1,56% pour atteindre 87,34€ au fixing. Cette baisse fait suite à un accord de principe avec les avocats de plaignants contre le Zantac, un médicament retiré de la vente aux États-Unis et au Canada en 2019 en raison de la présence de niveaux élevés d’un cancérigène potentiel. Bien que Sanofi n'ait pas divulgué les détails financiers de l'accord, le groupe souligne qu’il n'aura pas d'impact financier significatif, affirmant que les plaintes sont sans fondement et qu'aucune concession de responsabilité n'a été actée. Cependant, cette nouvelle négative alimente l'incertitude parmi les investisseurs qui craignent des répercussions potentielles sur les finances et l’image de l’entreprise. Depuis le 1er janvier, le titre cède près de 3%.
XILAM ANIMATION
Le spécialiste de la production de séries et de films d'animation bondit de 14,98% ce soir à 4,49€ (+13% en 2024), après une publication de résultats supérieurs aux attentes. Le groupe a généré un flux de trésorerie disponible record de 12,6 millions d'euros, augmentant sa trésorerie nette à 3,8 millions d'euros. Quant au résultat opérationnel courant, il a plus que doublé par rapport à l'année précédente !
Les analystes notent que 2024 sera une année de transition suite à l'annulation de deux séries importantes, mais restent confiants quant au retour à une croissance durable à moyen terme.
L'énorme potentiel de l'Inde
Comment va la Bourse indienne ? Très bien ! Toujours portée par l’une des économies les plus dynamiques au monde et des réformes favorables au marché. La Bourse de Mumbai continue d’afficher des performances remarquables, son principal indice boursier (le Nifty 50) gagne environ 30% sur un an. L'Inde, dotée d'une population jeune et bénéficiant de réformes pro-business, se positionne comme une alternative attractive aux yeux des investisseurs, notamment face à une Chine confrontée à des tensions internationales et à une population vieillissante. On le sait encore peu, mais l’Inde est devenu le pays le plus peuplé au monde l’an dernier et prend le leadership de la démographie mondiale. Pour beaucoup d’experts, l’émergence de sa classe moyenne ne fait que débuter. Le pays n’a pas de problème quant à la structure de sa pyramide des âges, contrairement à l’Europe et la Chine.
Les investissements directs étrangers affluent dans le pays, alimentant son potentiel de croissance économique soutenu, tandis que le gouvernement Modi met en œuvre des réformes économiques jugées positives par les milieux d’affaires. Par ailleurs, on pourrait croire que l’économie indienne est très fortement corrélée à celle de son voisin chinois. En réalité, la Chine n’est “que” le 13ème partenaire économique de New Delhi. Moins mature que celle de la Chine, l’économie indienne a un potentiel de développement considérable, d’autant que New Delhi manie une diplomatie efficace : à la fois relativement proche des Occidentaux et de ses partenaires émergents réunis au sein des BRICS.
Certes, tout n’est pas rose, loin de là ! Le système de castes et les dérives autoritaires de Modi sont régulièrement pointés du doigt par les associations internationales. Mais d’un point de vue strictement économique, l'émergence de la classe moyenne indienne et la financiarisation progressive de l’économie promettent un essor continu. Le PIB rivalise déjà avec celui des grandes économies internationales et devrait se hisser à la troisième place mondiale d’ici trois à cinq ans. Aujourd’hui, le pays est au cinquième rang et la Bourse de Mumbai vient de devenir la quatrième place financière au monde, raflant à Hong Kong le titre.