Les marchés : Le calme avant la tempête ?
La Bourse de Paris attaque la semaine avec un petit gain de 0,22%, à 8 040 points. La prudence l’emporte avant les nombreux rendez-vous de cette semaine. Beaucoup de publications économiques de premier plan, et de résultats d’entreprises majeures, seront à l’honneur. On en reparle dans la suite du Journal.
Cette petite hausse journalière intervient également dans un contexte où le risque d'escalade au Moyen-Orient s’est quelque peu atténué. C’est un propos bien sûr précaire et à confirmer dans les prochaines semaines. Malgré la persistance des tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient, on note une certaine modération dans les réactions boursières après les événements survenus en Israël et en Iran ces derniers jours. Le sujet est une véritable épée de Damoclès qui plane au-dessus des grandes places boursières...
Les valeurs : Worldline, Alstom et Solutions 30
Worldline
L’expert des solutions de paiements signe la plus forte hausse du SBF 120 ce soir : +8,23% à 10,27€. En pleine tourmente boursière (-75% sur un an), le groupe revoit sa gouvernance en remplaçant trois membres de son conseil d’administration. L'assemblée générale de juin devra en effet valider une nouvelle équipe, composée de douze membres (hors représentants des salariés). Ce nouveau conseil sera plus international et plus diversifié en termes de compétences selon le communiqué du groupe.
Pour rappel, Worldline avait annoncé une perte de 817 millions d’euros en 2023 et une dépréciation d’actifs d’1,15 milliard d’euros sur son portefeuille clients. Ses perspectives pour les prochains mois sont fortement dégradées. Pour colmater tant bien que mal les brèches, Worldline a cédé plusieurs de ses activités, générant environ 100 millions d’euros de revenus sur le premier semestre 2024. Désormais, le marché espère que la nouvelle équipe de direction mènera à bien le projet de réorganisation “Power 24” censé renflouer les caisses.
Alstom
Un autre phoenix qui essaie de renaître de ses cendres. Le géant des transports ferroviaires cède ses activités de signalisation en Amérique du Nord pour 630 millions d’euros. De quoi rassurer quelque peu le marché, le groupe français faisant face à une dette de 2 milliards d’euros. L’opération devrait être finalisée cet été et d’autres cessions sont attendues en plus d’une augmentation de capital. Pour les actionnaires, la prochaine échéance majeure aura lieu le 8 mai.
Alstom détaillera à cette date les ressources qu’il compte dégager pour résorber sa dette et générer à nouveau du cash. Plus le groupe parviendra à céder d’actifs, et moins il diluera la valeur de ses actions dans le cadre de l’augmentation de capital dont les contours n’ont pas encore été dévoilés. Deutsche Bank estime qu’Alstom devrait lever 500 millions sur le marché, via une opération relativement limitée et assez peu dilutive pour les actionnaires. Le titre gagne 2,25% aujourd’hui, à 15,414 (-30% sur un an). Affaire à suivre !
Solutions 30
Troisième rebond d’une valeur massacrée en Bourse ces derniers mois : +4,09% pour Solutions 30, à 1,86€ (-30% depuis le 1er janvier). Éligible au PEA-PME, le titre clôture à la deuxième place du SBF et fait l’objet de rachats à bon compte ce lundi, sans actualité majeure pour soutenir la tendance. Il faut en effet remonter au début du mois pour trouver quelques éléments tangibles avec la publication des résultats annuels.
En 2023, le groupe a amélioré son résultat net, toujours dans le rouge, le faisant passer de -50,1 millions à -22,7 millions en un an. Sa marge EBITDA (voir lexique) s’est également améliorée l’an passé. Désormais, le groupe anticipe une amélioration générale de ses finances, dont son chiffre d’affaires, pour 2024. Une vision optimiste donc, mais à confirmer avec ses prochains résultats financiers, attendus le 13 mai pour le premier trimestre.
L'agenda du lundi : Une semaine importante
C’est une semaine importante qui commence pour les marchés. Une batterie de nouveaux indicateurs sera en effet publiée. Les derniers indices d’activité économique, l’indicateur allemand IFO du climat des affaires, les commandes américaines de biens durables ainsi que le PIB du premier trimestre de l’Oncle Sam… Le véritable temps fort aura toutefois lieu vendredi, avec les derniers chiffres de l’inflation américaine. Comme toujours, la publication fera l’objet de spéculations sur la politique monétaire des prochains mois.
Du côté des entreprises, on assistera également à une pluie de résultats au titre du premier trimestre. La Bourse de Paris surveillera entre autres Air Liquide, BNP, Hermès, Kering, Renault et Total. Wall Street sera focalisée en milieu et fin de semaine sur Microsoft, Alphabet (Google) et Meta (Facebook). La saison des résultats bat son plein et c’est une bonne nouvelle : elle fournit aux marchés de nouveaux catalyseurs, après plusieurs semaines orientées sur l’inflation.
Demain à la Une : Tesla et les PMI
Comme bien souvent, la semaine boursière commencera véritablement un mardi. Au programme, les résultats financiers de Kering, Renault, Eiffage, Visa et Tesla. Quant aux données économiques, ce sont surtout les indices d’activité PMI qui devraient attirer l’attention des investisseurs. Pour la zone euro, ils devraient confirmer un petit rebond de l’activité, tant dans les industries que dans les services, pour ce mois d’avril. Il s’agit d’indicateurs “flash”, autrement dit d’estimations préliminaires pour le mois en cours. Dans une moindre mesure, Wall Street aura un œil rivé sur les ventes de logements neufs réalisées en mars outre-Atlantique.
Le monde d'après : Le monde se réarme
Les chiffres viennent de tomber. En 2023, les dépenses militaires mondiales ont atteint un nouveau record, enregistrant leur plus forte hausse en une décennie (+6,8% l’an passé). Ce bond significatif, portant le total à 2 400 milliards de dollars, a été largement alimenté par les conflits en cours à travers le monde. L'Europe, le Proche-Orient et l'Asie forment sans surprise le podium régional des plus fortes hausses des budgets militaires. Les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et l'Arabie saoudite se distinguent comme les principaux clients.
La guerre persistante en Ukraine a non seulement incité Kiev, mais aussi la Russie, et plusieurs pays européens à augmenter leurs budgets. Depuis l'annexion de la Crimée en 2014, Moscou a rehaussé ses dépenses militaires de 57%. On le sait peu, mais grâce à l’aide occidentale, les budgets militaires ukrainiens sont désormais très proches de ceux de la Russie. Au Proche-Orient, les dépenses ont bien sûr été stimulées par l'offensive menée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque du Hamas. L'Arabie saoudite est le premier acheteur de la région et le cinquième dans le monde.
En Asie, la Chine signe sa 29ème année consécutive de hausse des budgets militaires, incitant ses voisins à renforcer également leurs dépenses, singulièrement le Japon, Taïwan et l'Inde. Dans l'ensemble, la tendance à la hausse des dépenses militaires devrait se maintenir dans les années à venir, alors que les conflits et les tensions géopolitiques continuent de peser sur la sécurité mondiale.
Le lexique : EBITDA
On vous parle souvent d’EBITDA dans notre rubrique “les valeurs”, mais de quoi s’agit-il exactement ? L'EBITDA est une mesure de la performance financière d'une entreprise qui désigne son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. En anglais, c’est l’acronyme de “Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization”. Cet indicateur se concentre sur la rentabilité opérationnelle en ne tenant compte que des revenus et dépenses liés à la production de biens et de services.
L'EBITDA est très utile pour comparer la performance des entreprises d'un même secteur, mais ne prend pas en compte les dépenses en capital ni certaines transactions comptables. Il doit donc être utilisé en complément d'autres indicateurs financiers pour avoir une vue plus complète de la santé financière d’une entreprise.
