Les marchés : Paris rebondit, l'inflation en vue
L'indice français regagne un peu de terrain ce jeudi et limite ses pertes à -1,4% sur la semaine. Ce soir, le CAC 40 gagne 0,55% à 7 978 points, toujours en dessous du seuil symbolique des 8 000. Ce regain d'énergie sur le marché parisien s'est surtout manifesté en début d’après-midi, après l'annonce d'une croissance américaine inférieure aux attentes au premier trimestre (1,3% sur un an vs 1,6% attendu), ce qui soulage un peu les marchés de taux. Moins de croissance, c’est bon pour faire baisser l’inflation et donc les taux !
Cependant, cela n’a pas suffi outre-Atlantique à rassurer le marché américain qui recule pour l’instant d’environ 0,5%. Les investisseurs restent préoccupés par les orientations futures de la politique monétaire, malgré des signes de faiblesse de l'économie américaine avec une hausse des demandes de chômage et la révision à la baisse de la croissance. Tous les yeux sont désormais rivés vers les données-clés de l'inflation qui seront publiées demain, tant en zone euro avec l'indice des prix à la consommation, qu'aux États-Unis avec l'indice PCE, très suivi par la Réserve Fédérale. On en reparle dans la suite du Journal.
Du côté des entreprises, le secteur technologique connaît des moments difficiles. Ce soir, Capgemini recule de 4,4% et Dassault Systèmes perd 1,3%. À l'opposé, le géant de l’agroalimentaire LDC progresse de 4,7%, stimulé par la publication de résultats annuels très favorables. Pierre & Vacances brille également avec une hausse de 7,5% après des résultats semestriels positifs et une révision à la hausse de ses perspectives annuelles. Derichebourg, après un début de séance difficile, termine en hausse de 6,2%, c’est à découvrir ci-dessous.
Les valeurs : Derichebourg, OVH Cloud et Micropole
Derichebourg
Le groupe de recyclage et de services aux collectivités Derichebourg vient de publier des résultats semestriels décevants, avec un chiffre d'affaires en baisse de 4,9%, un EBITDA en chute de 20,8% et un bénéfice net cédant 56,1%. Rien que ça ! L'activité de recyclage a été particulièrement touchée par une conjoncture défavorable. Malgré ces résultats négatifs, l'action signe la meilleure performance du SBF 120 ce soir : +6,21% à 5,20€, en petit gain d'1% depuis le début de l'année. Il y a de quoi être déboussolé !
Le marché voit le verre à moitié plein grâce à un cashflow libre solide de 31 millions d'euros. Ce flux de trésorerie disponible permet au groupe de réduire son endettement et de respecter ses engagements financiers. Dans ce contexte, Midcap Partners a réitéré son conseil à l'achat sur le titre, anticipant une amélioration de la profitabilité grâce à la baisse des prix de l'énergie, au redressement d'Elior et à la réduction de la dette. En somme, si les résultats semestriels sont décevants, les perspectives sont positives pour Derichebourg.
OVH Cloud
Le spécialiste de l’hébergement en ligne signe la plus forte baisse de la Bourse de Paris ce soir : -14,57% à 5,10€ (-39% en 2024). Les ventes d’actions de ses fondateurs et les inquiétudes de la banque d’investissement Stifel ont provoqué cette lourde sanction boursière. En effet, Octave et Miroslaw Klaba ont vendu une partie de leurs actions pour financer leur nouvelle entreprise, Synfonium. Cette décision a conduit Stifel à dégrader sa recommandation sur le titre d’"acheter" à "conserver" et à baisser son objectif à 6 euros.
Les ventes des frères Klaba représentent environ 15% du volume total échangé sur Euronext en mai et montrent que les fondateurs ne sont pas "concentrés sur la création de valeur" selon Stifel qui s’inquiète également du manque de visibilité sur la croissance. Ces cessions d’actions interviennent après une chute de 30% du cours, suggérant que les frères Klaba ne croient pas en un rebond prochain et préfèrent se concentrer sur les importants besoins financiers de leurs sociétés non cotées qui pourraient consommer 25 millions d'euros de cash par an. Au risque d’entraîner de nouvelles cessions d'actions OVH…
Micropole
Le groupe de services numériques éligible au PEA-PME gagne près de 95% depuis le début de l’année. Ce jeudi, l'annonce d'une offre d'achat par Talan à 3,12 euros par action fait la Une. Cette offre entraîne une prime de 200% et valorise Micropole à 90,7 millions d'euros. Talan a été retenue pour son offre généreuse et son projet industriel prometteur. Ce rachat s'inscrit dans la stratégie de Talan de devenir un leader mondial dans la transformation des organisations par la technologie et l'innovation. Ensemble, Micropole et Talan visent un chiffre d'affaires de 780 millions d'euros en 2024 pour plus de 6 200 employés. La cotation de Micropole, suspendue temporairement, reprendra demain à un prix aligné sur l'offre de Talan.
Demain à la Une : L'instant de vérité
La France, la zone euro et les États-Unis publieront demain leurs derniers chiffres d’inflation au terme d’une semaine marquée par les anticipations et les spéculations sur ces données tant attendues. Tous prix confondus, le marché table sur un petit rebond de l’inflation française en mai, à 2,4% sur un an, contre 2,2% en avril. En parallèle, la croissance du pays devrait ressortir à 1,1% sur un an au premier trimestre, contre 0,7% au T4 2023.
Côté européen, là aussi un petit rebond des prix est anticipé, à 2,5% sur un an (vs 2,4% le mois dernier). Dans le courant de la nuit, le principal thermomètre de l’activité industrielle chinoise sera dévoilé : le PMI manufacturier de mai. Surtout, la mesure préférée d’inflation de la Fed cristallisera toutes les attentions à 14h30. On en reparle dans le lexique.
Le monde d'après : Endgame
"La plus grande opération jamais réalisée" contre les logiciels malveillants selon Europol, la police criminelle européenne. Une opération internationale majeure a permis de neutraliser un réseau de cybercriminels responsables de la diffusion de logiciels malveillants utilisés pour déployer des rançongiciels. Quatre personnes ont été arrêtées et plus de 100 serveurs ont été mis hors ligne dans le cadre de cette action coordonnée par les autorités de 27 pays.
L’opération, baptisée "Endgame", visait les groupes à l'origine de six familles de malwares. Ces "droppers", comme les appelle Europol, servaient à introduire d'autres logiciels malveillants, dont des rançongiciels, sur les systèmes informatiques des victimes. Les activités de ce réseau criminel auraient causé des dommages à hauteur de centaines de millions d'euros, touchant principalement des entreprises, des administrations publiques et des institutions nationales. Des millions de particuliers auraient également été victimes de ces cyberattaques.
L'opération "Endgame" a été menée en partie dans le but de perturber les activités des cybercriminels avant les Jeux olympiques. D'autres arrestations sont attendues dans les prochains jours. Cette opération met une nouvelle fois en lumière la menace croissante que représentent les cybercriminels et la nécessité d'une coopération internationale renforcée pour lutter contre ce fléau.
Le lexique : PCE Core
Le PCE (Personal Consumption Expenditures) est une statistique majeure de l’économie américaine. Elle est publiée par le « Bureau of Economic Analysis » et est utilisée par la Réserve Fédérale pour estimer le niveau d’inflation nationale. Elle mesure la consommation des ménages portant sur les biens durables, non durables et les services. Le PCE Core est une statistique similaire, à ceci près qu’elle exclut les dépenses de nourriture et d’énergie, souvent considérées comme saisonnières, volatiles et générant des distorsions dans les mesures d’inflation.
Demain à 14h30, les investisseurs prendront connaissance des données d’avril, les plus attendues de la semaine sur le front économique, alors que l’inflation se tasse petit à petit outre-Atlantique. En rythme annuel, le PCE Core devrait rester stable à 2,8%. Tous prix confondus, l’indice PCE est également attendu inchangé, à 2,7%. Des résultats inférieurs devraient soutenir la hausse des indices boursiers.
