Les médias et les publicitaires français s’inquiètent d’une potentielle nouvelle fonctionnalité au sein du moteur de recherche Safari sur Apple. La fonction « gomme » ou « web eraser » pourrait être officiellement annoncée en juin par la marque à la pomme et permettrait aux utilisateurs de Safari de masquer certains éléments d’une page web comme les espaces publicitaires. À l’instar de leurs homologues britanniques, les représentants français des médias et de la pub ont écrit à Tim Cook, le patron d’Apple, afin de manifester la menace que représenterait ce projet.
Cette nouvelle fonctionnalité qui peut s’apparenter à un bloqueur de publicité pourrait en effet mettre en péril une part significative des revenus des publicitaires, alors que Safari est utilisé par plus d’un quart des internautes français. Selon Les Echos, plus de 80% des revenus tirés du numérique par la presse en Europe sont dépendants de la publicité. L’ajout d’Apple pèserait donc sur la filière du marketing digital en France, constituée de 9000 entreprises et de près de 100 000 employés.
Cette fonctionnalité ravive également un souvenir douloureux chez les acteurs de la publicité. En 2021, les éditeurs d’applications mobiles se sont vus imposer de demander le consentement des utilisateurs avant de leur soumettre des contenus publicitaires ciblés. Cette mesure avait entrainé un manque à gagner conséquent de plusieurs milliards de dollars dans le monde. À titre d’exemple, la seule société Meta estime la perte engendrée entre 10 et 13 milliards de dollars par an. En effet, ce type de mesure de la part d’Apple met en péril l’efficacité des campagnes de publicité en ligne et par la même occasion les revenus qui y sont associés.
Le titre Meta a perdu plus de 26% à l'annonce de ses résultats 2021. La société a fustigé Apple pour ses modifications en terme de confidentialité.
Les inquiétudes liées au web eraser surviennent alors que les acteurs des médias et du marketing digital sont confrontés aux nouvelles réglementations en lien avec la protection des données des utilisateurs. En France, la CNIL interdit désormais à Meta (Facebook, Instagram) de facturer ses services aux internautes refusant les cookies. Par ailleurs, la volonté de Google Chrome de supprimer ses cookies tiers, jusqu’alors très utilisés par les annonceurs pour cibler au mieux les consommateurs, pèse également sur l’écosystème médiatique et publicitaire.
Les acteurs du marketing digital sont ainsi nombreux à revoir leurs stratégies et leurs méthodes pour s’adapter à l’évolution rapide des normes et des pratiques du secteur. Dans ce contexte, les données « first party", c’est-à-dire celles collectées directement auprès des clients par une entreprise via ses propres canaux, gagnent en importance.
Par ailleurs, l'inbound marketing, axé sur l'attraction des clients par le biais de contenus pertinents et de qualité, complète cette approche en générant de l'intérêt et en établissant une relation de confiance avec le public. Les marketeurs utilisent ainsi les données first party pour optimiser leurs stratégies d'inbound marketing, en personnalisant les messages et en ajustant les offres en fonction des besoins et des attentes des consommateurs.
Cette synergie entre données précises et contenu pertinent permet non seulement d'augmenter l'engagement et la fidélité des clients, mais aussi d'améliorer le retour sur investissement des campagnes marketing.
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