Les marchés : On prend les mêmes et on recommence !
Deuxième séance consécutive de baisse pour le CAC 40 qui abandonne ce soir 0,69% à 7 609 points (-0,25% depuis lundi matin). Le contexte général demeure inchangé, l’heure est à la prudence avant le débat Biden / Trump demain soir, les chiffres de l’inflation vendredi et bien sûr le premier tour des législatives dimanche. Le calendrier économique d’aujourd’hui était particulièrement vide, ne permettant pas de détourner l’attention des investisseurs. Celui de demain est un peu plus chargé, espérons qu’il anime un peu plus la séance !
Les perspectives économiques françaises restent floues, l’économie semble quasiment à l’arrêt en attendant les résultats du 7 juillet. Les inquiétudes sur les équilibres budgétaires et les mesures économiques post-élections constituent la véritable épée de Damoclès au-dessus des marchés. Pour le moment, l'écart de taux entre les obligations souveraines françaises et allemandes à 10 ans diminue légèrement mais reste toujours élevé, autour de 75 points de base (0,75%). Plus il se creuse, plus la défiance des investisseurs est forte envers la France et son futur gouvernement.
Du côté des actions, on assiste à quelques rebonds après plusieurs vagues de forte baisse, notamment sur Eurofins qui progresse ce soir de 3,26%, en tête du CAC 40. Le titre chutait lourdement de plus de 16% lundi suite aux accusations du vendeur à découvert Muddy Waters, que la société a réfutées. Sanofi clôture pratiquement à l’équilibre, le géant pharmaceutique a lancé un appel d'offres pour la vente de sa division de santé grand public, tout en préparant une possible introduction en Bourse de cette activité, on en reparle dans la suite du Journal.
Les valeurs : Sanofi, Euronext et Hydrogène de France
Sanofi
Le laboratoire français explore actuellement la scission de sa division de santé grand public, et envisage son introduction en Bourse. Sanofi sollicite en effet des offres de rachat pour cette division qui génère plus de 5 milliards d'euros de revenus annuels. Elle pourrait être valorisée à environ 20 milliards. Le groupe pharmaceutique a communiqué son intention de se séparer de cette branche afin de mieux se concentrer sur ses activités principales de médicaments et de vaccins innovants.
Une cotation de cette branche à Paris est envisagée pour fin 2024 au plus tôt, mais Sanofi garde toutes les options ouvertes pour maximiser la création de valeur, évaluant les offres de fonds d'investissement. Cette stratégie est une partie de son ambitieux plan “Play to win” visant à intensifier ses investissements en R&D, sans impacter significativement ses bénéfices futurs. À l’issue de cette séance, le titre reste stable à 90,79€, en légère baisse de 0,09% (+1% en 2024).
Euronext
L'action Euronext cède 1,50% ce soir, à 88,75€, en réaction à l’annonce d'une grève inédite à la Bourse de Milan, prévue pour les dernières heures de trading de demain. Les syndicats italiens, critiquant un "désinvestissement constant" de la part du groupe, ont appelé à cette grève pour exprimer leur mécontentement depuis l'acquisition de la Bourse italienne par Euronext en avril 2021.
Toutefois, Euronext assure que l'impact sur les opérations devrait être minime, grâce à la plateforme de trading automatisée qui gère l'ensemble des activités. Bien que la grève soulève des inquiétudes, notamment en cas de panne technique, les traders semblent confiants concernant les activités de marché à court terme. Depuis le 1er janvier, le titre gagne près de 13%.
Hydrogène de France
Le spécialiste de la production d'électricité renouvelable, éligible au PEA-PME, grimpe ce soir de 7,37% à 6,99€, suite à l'approbation par la Commission européenne d'un soutien financier de l'État français, pouvant atteindre 172 millions d’euros. Ce financement s'inscrit dans le cadre d’un projet européen qui vise à développer et à industrialiser des piles à combustible hydrogène de forte puissance.
Ces développements auront lieu dans la nouvelle usine de HDF à Blanquefort, destinée à l'innovation dans la mobilité lourde maritime et ferroviaire ainsi que dans la production d'électricité pour les réseaux publics. L’initiative marque une avancée majeure pour le groupe dans son engagement à décarboner des secteurs clés grâce à l'hydrogène. Depuis le début de l’année, son titre cède toutefois près de 45%.
L'événement du mercredi : L'alliance électrique
En attendant les échéances cruciales de la fin de semaine, c’est une alliance inédite qui attire notre attention ce soir. L’allemand Volkswagen et l’américain Rivian vont créer une coentreprise pour relancer le marché des voitures électriques. Volkswagen compte investir massivement, en injectant 5 milliards de dollars dans Rivian. Cette alliance, sous la forme d'une coentreprise à parts égales, vise à développer une nouvelle génération d'architectures électriques et de technologies logicielles.
Rivian, après une entrée en Bourse fracassante en 2021, a vu son cours chuter à 8,5$ contre 130$ dans ses premières cotations, souffrant de difficultés de production et d'un environnement économique défavorable. Ses pertes cumulées se sont élevées à 5,4 milliards de dollars en 2023 et à 6,7 milliards en 2022, pour des revenus de seulement 4,4 milliards et 50 000 véhicules vendus. L’alliance permettra à Volkswagen d'utiliser l'architecture électrique et la plateforme logicielle de Rivian, tandis que le groupe américain bénéficiera des liquidités nécessaires pour stabiliser sa valorisation boursière.
À Francfort, l'action Volkswagen perd 1,53% ce soir, mais Rivian bondit de 26,76% pour le moment à Wall Street. Plusieurs bureaux d’analyses voient cette opération comme une victoire majeure pour Rivian, lui fournissant des fonds et un soutien technologique crucial. Pour Volkswagen, le partenariat permet de pallier les difficultés de sa filiale logicielle Cariad, en grande difficulté avec des pertes et des retards de lancement, tout en s'implantant sur le marché américain des SUV et des pick-up.
Demain à la Une : La croissance américaine
Les deux prochaines séances seront assez chargées en données économiques. Avant les chiffres de l’inflation de vendredi, deux statistiques américaines sont au programme de demain. La croissance du premier trimestre sera une nouvelle fois révisée : le marché table sur +1,3% sur un an, contre +3,4% au T4 2023. Thermomètre majeur de la consommation, les commandes de biens durables réalisées en mai sont également attendues à Wall Street.
Les biens durables désignent les biens de consommation fabriqués pour durer dans le temps (usure de minimum trois ans). Ils représentent généralement une grande partie de nos biens d’équipement (électroménager, ameublement, voitures etc.). En parallèle, dans cette dernière ligne droite avant les législatives, la prudence devrait rester de mise à Paris…
Le monde d'après : Une thématique incontournable !
L'eau devient une ressource de plus en plus précieuse et convoitée dans un monde confronté au changement climatique. Chaque goutte compte, et pourtant, des milliards de personnes sont privées d'un accès sécurisé à de l'eau potable. La gestion complexe de l'eau, intensifiée par des infrastructures vieillissantes et des pertes massives dues aux fuites, entraîne des coûts astronomiques. Aujourd’hui, environ 39 milliards de dollars sont perdus chaque année à cause des fuites.
En parallèle, l'évolution technologique offre de nouvelles promesses pour l'avenir de l'hydrosphère. Les innovations, comme le dessalement et la réutilisation avancée des eaux usées, se multiplient pour répondre à la crise croissante de l'or bleu. Ces technologies nécessitent des investissements substantiels, estimés à plus de 1 000 milliards de dollars pour la prochaine décennie, afin d’assurer un accès universel à l'eau potable.
Dans ce contexte, investir dans l'eau apparaît non seulement comme un impératif pour la durabilité environnementale, mais également comme une démarche stratégiquement rentable, car elle représente une perspective solide pour les investisseurs soucieux de l'impact et de la pérennité de leurs placements.
Le lexique : Le spread obligataire
Le spread entre les obligations souveraines allemandes et françaises à 10 ans est un indicateur clé de la perception du risque et de la stabilité économique des deux pays. Un écart important reflète les inquiétudes des investisseurs quant à la solidité budgétaire de la France par rapport à l'Allemagne. Cet écart (“spread” en anglais) influence le coût de financement de l'État et des entreprises françaises, impactant ainsi les décisions d'investissement et la croissance économique. Par conséquent, il est surveillé de près par les marchés financiers et les décideurs économiques.