Les marchés : Retour à la case départ !
Le CAC 40 flanche aujourd'hui, en perte de 1,32%. Il retombe sous la barre symbolique des 7 500 points, après avoir frôlé l'équilibre hier (-4% sur la semaine). Les marchés européens sont à l'unisson dans le rouge, pénalisés par les replis des poids lourds comme Stellantis et des géants des télécoms. Par ailleurs, l’euphorie olympique qui avait propulsé le secteur des services se dissipe. Le PMI composite, thermomètre de l'activité dans le secteur privé, ressort en baisse à 49,6 en septembre, signe d'une contraction après un été sous perfusion.
Outre-Atlantique, l'économie agite également Wall Street. En attendant le rapport sur l’emploi prévu demain, les inscriptions hebdomadaires au chômage progressent légèrement. Les investisseurs, autrefois hypnotisés par les chiffres de l'inflation, tournent désormais leur regard vers les indicateurs d'activité économique. L'ISM services, baromètre de la vitalité du secteur, a révélé une croissance assez soutenue en septembre, mais pas de quoi apaiser les esprits.
L'ombre des tensions géopolitiques au Moyen-Orient plane toujours sur les marchés. Le pétrole flambe, le Brent grimpe de 2,77% à 76,73$ le baril. Les craintes sur l’approvisionnement en or noir et l’effet inflationniste sur l'économie restent les principales préoccupations des investisseurs, dans un environnement déjà incertain.
Les valeurs : Bouygues, Stellantis et Precia
Bouygues
Bouygues Telecom revoit à la baisse plusieurs de ses objectifs financiers pour 2026, provoquant une chute de 4,75% de son action, à 28,68€. Lanterne rouge du CAC, le conglomérat a précisé que ses prévisions pour 2024 restaient inchangées, avec une légère croissance du chiffre d'affaires et du résultat opérationnel courant. Initialement, Bouygues espérait atteindre un chiffre d'affaires supérieur à 7 milliards d'euros en 2026 pour sa branche télécoms et une marge de 2,5 milliards d'euros. Désormais, le groupe table sur une croissance plus modeste, en raison d'une baisse attendue du revenu moyen par abonné et de la fin des protections sur les prix de l'énergie.
Ces ajustements interviennent dans un contexte de concurrence accrue, notamment avec Free, qui vient de lancer une nouvelle offre familiale. Bouygues Telecom a réagi en dévoilant son propre produit sous la marque « B.iG », ciblant les familles avec des offres combinées Bbox et forfaits mobiles. Cette offensive, bien que jugée stratégique par les analystes, pourrait peser sur les marges. Malgré cette révision des objectifs, Bouygues maintient son objectif de flux de trésorerie disponible pour 2026 à environ 600 millions d'euros, grâce à des réductions d'investissements et des économies de coûts. Depuis le début de l’année, le titre cède 11%.
Stellantis
L’autre grande baisse du jour est signée Stellantis. Nous vous en parlions lundi soir, le groupe automobile a lancé un avertissement sur ses résultats. En conséquence, la banque britannique Barclays vient de réduire sa recommandation sur l’action. Stellantis a annoncé que sa marge opérationnelle serait de 5,5% à 7%, contre au moins 10% auparavant, et qu'il pourrait brûler jusqu'à 10 milliards d’euros de trésorerie industrielle, en raison de stocks élevés aux États-Unis.
La concurrence chinoise fait également des ravages au sein des constructeurs européens… Barclays, surpris par l’ampleur de cet avertissement, a abaissé son objectif de cours à 12,5€. D’autres bureaux d’analyses ont également réduit leurs objectifs. Stellantis devra maintenant regagner la confiance du marché, avec une reprise espérée dans les prochains mois. Ce soir, Stellantis chute de 4,09% à la Bourse de Paris, à 11,9€. -44% depuis le 1er janvier.
Precia
Le spécialiste du pesage industriel, éligible au PEA-PME, se distingue ce soir avec une hausse de 4,05% à 30,8€ après l'annonce de la vente de sa filiale de logiciels Creative IT. Cette cession permet à Precia de recentrer ses efforts sur ses priorités stratégiques, à savoir les objets connectés, l'automatisation et la supervision. Toutefois, l'action affiche encore une perte de 2% depuis le début de l'année
Demain à la Une : Bad news = Good news
C’est l'événement économique de la semaine. Demain à 14h30, le rapport mensuel sur l’emploi américain sera publié. Après les 142 000 emplois créés en août dans le secteur privé, hors agriculture, le marché s’attend à une petite accélération en septembre (148 000). Surtout, Wall Street espère que le rapport sera décevant, indiquant un ralentissement du front de l’emploi américain et la nécessité pour la Fed d’abaisser fortement ses taux dans les prochaines semaines. C’est tout le paradoxe de la situation, où de mauvaises nouvelles économiques peuvent être perçues comme de bonnes nouvelles pour les marchés, car annonciatrices d’une politique monétaire plus souple. On en reparle demain soir !
Le monde d'après : Cap sur Wall Street !
Total accélère son projet de double cotation à New York. Unanimité totale au conseil d’administration pour cette manœuvre stratégique ! Patrick Pouyanné, le PDG, a tranché : Paris restera la place principale de cotation du groupe, mais l’idée est de transformer les ADR (voir lexique) en actions ordinaires. Objectif ? Fluidifier les échanges pour les investisseurs US et booster la liquidité du titre.
Malgré de vives réticences politiques en France, Patrick Pouyanné s’est montré clair. Pas question de quitter Paris, mais plutôt d’attirer encore plus de capitaux américains. Aujourd'hui, les institutionnels nord-américains représentent 48% de l'actionnariat de Total.
Le lexique : ADR
Un American Depositary Receipt (ADR) est un certificat négociable émis par une banque américaine représentant des actions d'une société étrangère. Les ADR permettent aux investisseurs basés aux États-Unis d'investir dans des actions de sociétés étrangères tout en recevant des dividendes en dollars américains et en négociant les actions sur les marchés financiers américains, comme le New York Stock Exchange (NYSE) ou le Nasdaq.