Les marchés : Le lux en attente...
La Bourse de Paris entame la semaine sur une note positive, +0,46% à 7 576 points, portée par le secteur du luxe, toujours en quête de bonnes nouvelles venant de Chine. Son agence de planification économique tiendra mardi une conférence de presse où elle pourrait détailler de nouvelles mesures pour relancer la croissance. Autant dire que le marché est déjà en train de spéculer, prêt à réagir à la moindre annonce qui pourrait donner un coup de fouet aux géants du luxe, très dépendants du marché chinois. On en reparle ci-dessous.
En parallèle, les investisseurs digèrent encore les données robustes de l'emploi américain publiées vendredi, dont des créations d'emplois bien supérieures aux attentes en septembre. Dans ce contexte, la Fed pourrait être tentée de maintenir une approche prudente en novembre, limitant la baisse de ses taux à seulement 25 points de base. “Soft landing” ou “no landing” pour l’économie américaine ? Marc Fiorentino vous en parlait ce matin.
La semaine s'annonce chargée. Jeudi, l’attention sera braquée sur les chiffres de l'inflation américaine, et vendredi on ouvrira le bal des publications d’entreprises du troisième trimestre. Tout cela dans un climat où les incertitudes géopolitique et économique demeurent très présentes. Alors, préparez-vous à une semaine pleine de rebondissements !
Les valeurs : du luxe, Ubisoft et Bonduelle
Les valeurs du luxe
Kering (+4,57%) et LVMH (+2,70%) signent ce soir les deux meilleures performances du CAC. En cause, des rumeurs quant à de nouvelles mesures de relance économique en Chine. Alors que la Commission nationale pour le développement et les réformes tiendra une conférence de presse ce mardi, les spéculations vont bon train quant à de nouvelles initiatives, notamment en faveur de la consommation et de la relance du marché immobilier. En attendant ces annonces, les valeurs du luxe (ou “KHOL”, voir lexique) progressent à la Bourse de Paris. La Chine, deuxième économie mondiale, vise une croissance d'au moins 5% pour 2024, mais les récentes baisses de taux de sa Banque centrale et les tentatives pour redynamiser le secteur immobilier en déclin depuis trois ans semblent insuffisantes.
Selon des informations rapportées par l’AFP, la conférence de demain pourrait dévoiler des mesures fiscales supplémentaires ainsi que des dispositifs incitant à la consommation des ménages. L’Empire du Milieu représente une région cruciale pour les groupes de luxe, les consommateurs chinois contribuant à 30% des revenus globaux du secteur. Sur les 20 dernières années, les dépenses des consommateurs chinois ont soutenu 40% de la croissance mondiale du luxe, selon Bank of America. Même si la demande des Chinois a récemment baissé, elle reste un moteur incontournable. Et pas seulement en Chine. Au Japon, LVMH a trouvé un relais de croissance avec des ventes en hausse de 57% au deuxième trimestre grâce… aux touristes chinois !
Ubisoft
Le principal éditeur de jeux vidéo en France s’est envolé de plus de 33% vendredi, après des spéculations concernant un éventuel rachat. Le groupe a toutefois indiqué aujourd’hui qu'il "examinait régulièrement toutes ses options stratégiques". Son communiqué fait suite à des informations de Bloomberg qui évoquaient des discussions entre la famille Guillemot, fondatrice de l'entreprise, et le géant chinois Tencent, autour d'une possible acquisition ou sortie de la cote. Ce rebond intervient après une année difficile pour le groupe, qui a perdu près de la moitié de sa valeur boursière en raison de résultats décevants, de retards dans les sorties de jeux et de la sous-performance de certaines franchises.
Ubisoft, créateur des franchises "Assassin’s Creed" et "Lapins crétins", a affirmé dans son communiqué vouloir rester concentré sur sa stratégie, notamment sur le développement de jeux en monde ouvert et les modèles économiques dits "games-as-a-service", qui reposent sur des mises à jour régulières et des revenus récurrents. La direction n'a toutefois pas souhaité commenter davantage les rumeurs concernant un potentiel rachat. Du côté des actionnaires, les frères Guillemot détiennent actuellement 9,74% du capital d'Ubisoft, tandis que Tencent, déjà actionnaire stratégique, possède 15,05% des parts. Les deux parties auraient consulté des conseillers pour explorer des moyens d’augmenter la valeur du groupe et de stabiliser ses performances financières. Le titre cède 3,87% ce soir, à 13,77€ (-40% en 2024).
Bonduelle
Le géant des légumes Bonduelle, éligible au PEA-PME, clôture en hausse de 1,32% à 6,89€ malgré la présentation de résultats annuels marqués par une dépréciation de 131 millions d’euros liée à de faibles ventes en Amérique du Nord. De quoi basculer le groupe dans le rouge, avec une perte nette de 120 millions d’euros pour l'exercice 2023-2024.
Cependant, tout n'est pas négatif : malgré des ventes en baisse, Bonduelle a réussi à améliorer sa rentabilité opérationnelle grâce à une meilleure maîtrise des coûts et une efficacité industrielle renforcée. De plus, le groupe a lancé un nouveau plan stratégique sur trois ans, visant à transformer et dynamiser ses performances, ce qui semble avoir rassuré les investisseurs ce soir. Le titre cède près de 37% depuis le début de l’année.
L'agenda du lundi : Inflation et bal de publications
En plus de l’évolution de la situation au Proche-Orient, deux actualités économiques sont attendues cette semaine par les investisseurs. Jeudi, les derniers chiffres de l’inflation américaine devraient à nouveau faire couler beaucoup d’encre. Pour le moment, le marché table sur un nouveau recul, à 2,3% sur un an en septembre, contre 2,5% en août. La saison de publication des résultats débutera le lendemain. Comme le veut la tradition, les grandes financières américaines seront les premières à dévoiler leurs résultats du troisième trimestre. On attend notamment ceux de JP Morgan ce vendredi. On en reparle vite !
Demain à la Une : Séance de transition
En attendant les données de fin de semaine, peu de nouveaux éléments seront dévoilés demain. Wall Street attend surtout la balance commerciale américaine. D’un point de vue technique, plusieurs niveaux clés seront à surveiller sur le CAC dans les prochaines séances. Les résistances des 7 575 et 7 625 points en cas de poursuite de la hausse. Et les supports des 7 500 et 7 465 en cas de nouvelle chute. Pour le moment, l’indice français gagne environ 0,5% depuis le début de l’année.
Le monde d'après : IPO historique en vue !
Une opération majeure se prépare à la Bourse de Tokyo avec l'introduction de Tokyo Metro Co, l'un des deux principaux opérateurs du réseau de métro de la capitale japonaise. Cette IPO, prévue pour le 23 octobre, est valorisée entre 3,9 et 4,3 milliards d'euros, avec un prix par action compris entre 1 100 et 1 200 yens (6,76€ à 7,38€). Tokyo Metro espère lever jusqu'à 2,2 milliards d'euros, générant ainsi la plus importante introduction en Bourse au Japon depuis celle du géant Softbank il y a six ans.
Le timing de cette cotation intervient alors que la Bourse tokyoïte se renforce, soutenue par un affaiblissement du yen, ce qui favorise les entreprises exportatrices et attire les investisseurs étrangers. Tokyo Metro, établi en 2004, gère un réseau de neuf lignes de métro couvrant 195 kilomètres dans une des zones urbaines les plus denses au monde. Ce réseau transporte en moyenne 6,52 millions de passagers par jour. Son introduction en Bourse marque un tournant pour l'économie japonaise, et pour les investisseurs. Elle représente une opportunité stratégique pour profiter de la dynamique de relance du marché tokyoïte.
Le lexique : KHOL
On désigne par l’acronyme “KHOL” les géants français du luxe : Kering, Hermès, L’Oréal et LVMH. Ces mastodontes représentent le fer de lance du luxe à la française et affichent des capitalisations massives, parmi les plus importantes en France. Les KHOL sont souvent considérées comme les moteurs du CAC 40. C’est une sorte d’équivalent français des Sept Magnifiques américaines, à ceci près que ce sont des valeurs du luxe et non de la tech. Aujourd’hui, les KHOL représentent près de 35% de la capitalisation totale du CAC, soit environ 800 milliards d’euros cumulés.