Les marchés : Entre Fed et inflation
Ce soir, le CAC 40 termine la séance sur un modeste rebond de 0,52%, à 7 560 points. Alors qu’il flirtait encore avec les 7 800 points il y a quelques jours, l’indice parisien subit désormais la pression de plusieurs facteurs : tensions géopolitiques croissantes au Proche-Orient, incertitudes politiques et budgétaires en France, baisses de taux aux États-Unis moins importantes que prévu…
En attendant le coup d'envoi de la saison des résultats avec JP Morgan vendredi, les investisseurs restent prudents. Ils attendent la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed ce soir. Si l'orientation monétaire est claire, la vitesse et l’ampleur des baisses de taux restent en suspens. Les minutes de la Fed (voir lexique) pourraient éclairer les investisseurs sur ces points, alors que les marchés tablent désormais sur une baisse de 25 points de base des taux en novembre, contre 50 précédemment.
Sur la place parisienne, Kering fait encore parler avec la nomination de Stefano Cantino à la tête de Gucci, directement rattaché à la directrice générale adjointe du groupe. Ce changement stratégique intervient à un moment où le secteur du luxe doit naviguer à travers les incertitudes économiques mondiales. Et particulièrement chinoises.
Aux États-Unis, Wall Street gagne encore du terrain après le rebond d’hier, porté par les nouvelles technologies. Le marché reste toutefois fragile, toujours secoué par la vigueur inattendue du marché de l'emploi qui pourrait ralentir le rythme de baisse des taux de la Fed.
Les valeurs : Les équipementiers auto, Renault et Klea
Les équipementiers auto
L'équipementier automobile allemand Continental a annoncé une amélioration de sa marge pour sa division automobile au troisième trimestre, apportant un peu d'optimisme à un secteur secoué ces dernières semaines. En Bourse, Continental bondit ce soir de 6,98% à Francfort, entraînant dans son sillage ses concurrents français Forvia (+4,28%, en tête du SBF) et Valeo (+2,99%).
Malgré une légère baisse de chiffre d’affaires, Continental table sur une marge opérationnelle en hausse grâce à des économies de coûts estimées à plus de 150 millions d'euros. Toutefois, le bureau d’études Stifel reste prudent, jugeant peu probable que l’entreprise atteigne son objectif annuel de marge. Continental perd 22,5% depuis le début de l’année, Forvia et Valeo cèdent respectivement 57% et 26%.
Renault
Le constructeur auto signe la meilleure performance du CAC ce soir : +3,31% à 39,35€ (+6% en 2024). En plus de l’actu sectorielle de Continental, Ampere, la division électrique de Renault, a acquis 40% du capital d'E2-CAD, un spécialiste de l'électronique embarquée, dans le cadre d'un accord de collaboration. Cette opération vise à renforcer les compétences d'Ampere dans l'électronique de puissance, essentielle pour améliorer la recharge, l'autonomie et la gestion énergétique des véhicules électriques.
Renault collabore avec E2-CAD depuis le lancement de sa voiture Zoe en 2013. Cette acquisition permettra à Ampere de bénéficier de l'expertise d'E2-CAD, notamment dans le développement de cartes électroniques et de logiciels bas niveaux, des éléments clés des véhicules électriques. Pour rappel, Renault a annulé en janvier l’introduction en Bourse d’Ampere.
Klea
Klea Holding accélère sa dynamique de croissance et ça se voit en Bourse. Le titre, éligible au PEA-PME, s'envole de 3,76% à 0,22€ après l’annonce de solides performances pour le troisième trimestre. L’expert de la digitalisation annonce une hausse de ses volumes de ventes de 15% par rapport à l’année précédente, malgré la fermeture temporaire de son centre médical City Walk à Dubaï.
Son segment de la santé se distingue, avec une augmentation spectaculaire de 60% pour les bilans de santé, démontrant l’efficacité de sa stratégie de diversification. La réouverture prochaine du centre City Walk, prévue pour le 14 octobre, renforce la confiance des investisseurs dans la poursuite de cette bonne dynamique. Toutefois, le titre cède près de 22% depuis le début de l’année.
L'évènement du mercredi : Google bientôt démantelé ?
Marc Fiorentino vous en parlait ce matin, Google pourrait être prochainement démantelé ! Le géant technologique fait en effet face à la perspective d'une scission, une décision qui pourrait marquer un tournant historique pour une entreprise de la Big Tech. Le département américain de la Justice (DoJ) évoque la possibilité d'imposer à Google la vente de certaines de ses activités, comme le navigateur Chrome ou le système d’exploitation Android, dans le cadre d’une affaire antitrust en cours. Depuis 2020, le DoJ accuse Google d'abuser de sa position dominante sur le marché de la recherche en ligne et de la publicité numérique.
En août, un juge a confirmé que Google exerçait un pouvoir de monopole, notamment en raison des accords de préinstallation de Chrome et des sommes astronomiques versées pour que ce navigateur soit par défaut sur divers appareils. En 2021, Google a par exemple dépensé 26,3 milliards de dollars à ce titre, dont 20 milliards à Apple. Le DoJ explore plusieurs pistes pour remédier à cette situation, y compris des mesures drastiques comme la vente de Chrome ou d’Android. Cependant, le chemin vers une telle option reste long et complexe. Ce serait une première depuis 40 ans…
À Wall Street, la nouvelle a fait chuter l’action Alphabet de 1,88% ce mercredi. Depuis le début de l’année, le titre préserve toutefois 18% de gain. Bien que l’inquiétude grandisse, les marchés ne cèdent pas à la panique. Les analystes de la Deutsche Bank estiment que Google pourrait être contraint de se démanteler, mais des mesures moins radicales, comme l’interdiction de l’installation par défaut de Chrome, sont également sur la table. Affaire à suivre !
Demain à la Une : Inflation américaine
C’est le grand temps fort de la semaine. Demain à 14h30, les derniers chiffres de l’inflation américaine seront au programme. Comme toujours, ils animeront les spéculations autour des prochaines baisses de taux de la Fed qui se réunira les 6 et 7 novembre prochains. Tous prix confondus, le marché table sur un nouveau tassement de l‘inflation, à 2,3% sur un an en septembre, contre 2,5% en août. Hors prix de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation sous-jacente devrait rester stable selon les économistes, à 3,2%. Ces nouvelles données feront patienter les investisseurs avant l’ouverture de la saison des résultats d’entreprises vendredi soir. On en reparle dans l’édition de demain !
Le monde d'après : Le boom du renouvelable
L’objectif de la COP28 de tripler les capacités en énergies renouvelables d’ici 2030 n’est plus juste une promesse en l’air. L’Agence internationale de l’énergie vient de faire une annonce forte : 70 pays sont dans la course pour atteindre ou même dépasser leurs ambitions. En matière de solaire et d’éolien, la Chine tire le peloton et pourrait représenter à elle seule 60% des capacités mondiales d’ici 2030. Mais attention, tout n’est pas encore gagné : pour vraiment y arriver, il va falloir faire des progrès significatifs en matière de stockage et de réseaux électriques, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est où le potentiel est énorme mais encore sous-exploité.
Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les énergies renouvelables ne sont plus seulement l’option "verte". Elles sont l’option la moins chère pour augmenter les capacités mondiales existantes. À lui seul, le solaire devrait représenter 80% de la croissance des renouvelables dans les années à venir. Avec l'éolien qui se développe également, on est en train d'assister à une transformation qui va bouleverser le marché de l’énergie. Mais les gouvernements doivent encore se retrousser les manches et accélérer sur les objectifs climatiques. Le triplement des capacités ? C’est possible, mais il va falloir jouer finement…
Le lexique : Les minutes de la Fed
Les “minutes” désignent le compte-rendu détaillé des réunions du Federal Open Market Committee (FOMC), l'organe décisionnel de la Banque centrale américaine chargé de sa politique monétaire. Elles sont publiées environ trois semaines après la dernière réunion et présentent les perspectives du FOMC en matière de conjoncture économique, d'inflation, de croissance, de chômage et de taux d'intérêt. Cette synthèse est attentivement suivie par les investisseurs professionnels qui y cherchent des indices sur les prochaines actions de la Fed.