Les marchés : La Fed sous pression
Comme attendu, l’inflation rebondit aux États-Unis et met la Fed sous pression. Après une accalmie ces derniers mois, elle reprend de la vigueur en octobre, à 2,6% sur un an contre 2,4% en septembre. Ce rebond, bien que modeste, soulève des préoccupations alors que la lutte contre la cherté de la vie demeure un sujet clé pour les électeurs qui ont voté en faveur de Donald Trump. La Fed, qui vient d'abaisser ses taux pour soutenir l'économie, se retrouve donc face à un dilemme : comment maintenir le cap de son assouplissement monétaire sans risquer une nouvelle poussée inflationniste ? Les marchés, eux, se montrent prudents. Wall Street évolue à l’équilibre dans les premiers échanges.
Ce soir, la Bourse de Paris perd 0,14% à 7 217 points, reflétant les incertitudes autour des perspectives économiques américaines mais aussi européennes. Sur la semaine, le CAC perd désormais plus d’1,5% : nous vous rappelons dans cette édition une solution d’investissement incontournable en cette période agitée. Dans les prochains jours, investisseurs et analystes scruteront de près plusieurs autres indicateurs pour évaluer l’écart entre les conjonctures économiques européenne et américaine. La séance de demain sera assez chargée en nouvelles données…
Les valeurs : Interparfums, Nexans et Atos
Interparfums
Interparfums signe une hausse d’1,15% à 39,75€ ce soir, après avoir révélé ses ambitions pour 2025 et affiné ses prévisions pour la fin d’année. Le groupe de parfums sous licence prévoit un chiffre d'affaires compris entre 910 et 930 millions d'euros en 2025, avec une marge opérationnelle supérieure à 19%. Grande nouveauté, l'entreprise se lance dans la création de sa propre marque de luxe, Solférino, qui promet dix fragrances premium dans un réseau de distribution exclusif.
Pour 2024, Interparfums relève légèrement ses prévisions, visant une croissance de plus de 10% des ventes, portée notamment par le succès des parfums Lacoste. Malgré la prudence de ses prévisions, le groupe continue de séduire le marché, qui salue cette nouvelle orientation stratégique. Depuis le début de l'année, le titre affiche cependant une baisse de 13%.
Nexans
Après une période chahutée, Nexans se relance ce soir, en gain de 4,21% à 118,80€ marquant ainsi une progression impressionnante de 50% depuis le début de l'année. Boosté par des objectifs 2028 audacieux, le leader des câbles électriques se réoriente résolument vers l’électrification, visant une marge avant impôts d’1,15 milliard d’euros dans cinq ans, bien au-dessus des 750-800 millions d’euros attendus cette année.
Ce nouveau plan stratégique mise sur une croissance soutenue dans les segments clés de l’électrification, grâce à des investissements dans l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Malgré les incertitudes sur les projets d’éolien aux États-Unis avec le retour de Donald Trump, le directeur général reste confiant, affirmant que l’usine américaine du groupe est prête à soutenir la demande européenne si besoin.
Atos
Ce soir, Atos est la lanterne rouge du SBF 120 avec un plongeon de 28,80% à 0,30€ (-92% en 2024). La société informatique, déjà fragilisée, a vu son action chuter après que sa filiale Bull ait émis une action de préférence pour l’État français, visant à protéger certaines activités sensibles d’Atos jugées stratégiques.
Cette décision accorde à l’État des droits de gouvernance sans droit de vote, renforçant sa mainmise sur des opérations cruciales. Par ailleurs, l'augmentation de capital en cours continue de peser lourdement sur le groupe.
L'événement du mercredi : L'euro au plus bas
Marc Fiorentino vous en parlait ce matin, les marchés sanctionnent l’Europe depuis l’élection de Trump, en particulier lors de la séance rouge vif d’hier. Les actions et la monnaie unique perdent du terrain. L’euro retombe à son plus bas niveau depuis un an, face au dollar américain. Il valait 1,12$ en septembre, contre moins de 1,06$ aujourd’hui, en baisse de près de 3% en novembre, l’une de ses pires performances mensuelles en deux ans.
Quelles sont les conséquences pour la zone euro ? Une monnaie faible augmente le coût des importations, notamment énergétiques. De quoi jouer à la hausse sur l’inflation. Pour l’heure, les perspectives ne laissent toutefois pas craindre de dérapage de celle-ci, en chute libre depuis plusieurs mois. Un euro faible, c’est en revanche une bonne nouvelle pour les exportations européennes, notamment dans le luxe, l’automobile et les services. Un petit soulagement pour l’Allemagne notamment, où la crise politique devrait encore durer trois mois, jusqu’aux élections du 23 février.
Outre la situation allemande, l’euro baisse surtout à cause des futures hausses de droits de douane sur les produits européens, annoncées par Donald Trump. Mais ce n’est pas tout, les perspectives économiques s’assombrissent pour l’Europe, alors même que les États-Unis pourraient voir leur inflation repartir, limitant les marges de manœuvre de la Fed pour abaisser ses taux. Plusieurs banques envisagent désormais que l’euro pourrait atteindre la parité (1€ = 1$) dans les prochains mois… Affaire à suivre !
Demain à la Une : +0,9% de croissance ?
Au programme de ce jeudi, la dernière estimation de croissance de la zone euro. Pour le troisième trimestre, le marché table sur +0,9%, contre +0,6% au deuxième trimestre. La BCE publiera également le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire. Le marché n’en attend pas grand-chose, si ce n’est de nouveaux indices sur les prochaines baisses de taux européens. Après l’inflation américaine aujourd’hui, la séance de demain sera par ailleurs marquée par l’indice des prix à la production. On en reparle dans le lexique.
Le monde d'après : Amazon piraté !
Alerte rouge dans le monde de la cybersécurité. Le géant américain est la dernière victime en date d’un piratage massif. Un pirate informatique a mis en vente en ligne une base de données d’Amazon. Il a profité d’une faille d'un logiciel pourtant censé sécuriser les transferts de fichiers entre entreprises. Utilisé par de grandes sociétés, ce logiciel est devenu, malgré lui, une porte d'entrée pour les hackers. Ce nouveau coup porté à la sécurité des données illustre la vulnérabilité des systèmes d’entreprises face aux cyberattaques sophistiquées et nous rappelle que, dans le monde d’après, la cybersécurité est plus que jamais cruciale.
Pour les investisseurs, cette crise révèle une tendance forte et incontournable : la protection des données devient un enjeu central et stratégique pour toutes les entreprises. Les fonds spécialisés dans la cybersécurité capitalisent sur ce besoin urgent et croissant. Dans un monde où chaque faille informatique devient une porte ouverte aux cybercriminels, ces investissements constituent une assurance pour les entreprises et une opportunité pour les investisseurs.
Le lexique : IPC & IPP
Indice des prix à la consommation (IPC). Indicateur économique majeur qui mesure l'évolution, dans le temps, des prix d'un panier fixe de biens et services couramment achetés par les ménages. L’indice est couramment utilisé pour estimer l'inflation, c'est-à-dire la hausse générale des prix. L'IPC aide à estimer le pouvoir d'achat des consommateurs et est souvent utilisé pour ajuster les salaires, les pensions et les taux.
Indice des prix à la production (IPP). Indice qui mesure l'évolution des prix de vente des biens produits par les entreprises, avant qu'ils atteignent le consommateur. L’indicateur prend en compte les biens intermédiaires (ceux utilisés pour produire d'autres biens) ainsi que les biens finis. L'IPP est un indicateur précoce des tendances inflationnistes puisqu'une hausse des coûts de production peut se répercuter sur les prix à la consommation.