Les marchés : Évolution en dents de scie
La Bourse de Paris termine la séance en nette hausse, en gain d’1,32% à 7 312 points, un rebond bienvenu après une série de séances en dents de scie. Ce regain de confiance arrive à point nommé à la veille des "Trois Sorcières" (voir lexique), moment crucial où plusieurs échéances de contrats arrivent à expiration, souvent synonyme de volatilité accrue. Grâce à cette progression, le CAC 40 limite la casse à -0,38% sur la semaine et à -0,54% sur le mois.
Les marchés européens suivent la même tendance haussière. Cette dynamique positive est en partie nourrie par les bons résultats du géant allemand Siemens, qui ont relancé l’intérêt des investisseurs pour le secteur technologique. Par ailleurs, l'annonce d'une croissance de la zone euro de 0,4% au troisième trimestre (+0,9% sur un an) vient souligner une certaine résilience de l'économie européenne face aux incertitudes actuelles. Dans ce contexte, les opérateurs de marché semblent momentanément apaisés.
Aux États-Unis, les chiffres du Département du Travail montrent une légère baisse des demandes d’allocations chômage, signe d’une économie américaine toujours forte. Toutefois, l'indice des prix à la production a continué de grimper en octobre, alimentant les spéculations sur la prochaine décision de la Réserve fédérale. On en reparle vite !
Les valeurs : Alstom, Scor et Casino
Alstom
Premier du SBF, Alstom poursuit son impressionnant rebond : +92% depuis le début de l’année, +12,16% ce jeudi, à 22,04€. L’équipementier ferroviaire rassure les investisseurs grâce à sa génération de cash. Après des mois sous pression, Alstom renverse en effet la tendance avec des résultats semestriels encourageants. Le groupe a réduit sa consommation de cash à 138 millions d’euros, bien en dessous des attentes, une performance saluée par les analystes.
En parallèle, ses commandes ont bondi de près de 30% grâce à des contrats majeurs, notamment en Allemagne. Les résultats dépassent les prévisions sur plusieurs indicateurs : la marge opérationnelle a progressé à 5,9% et le bénéfice net atteint 224 millions d’euros. Fort de ces solides résultats, Alstom maintient ses perspectives annuelles, dont des prises de commandes supérieures à son chiffre d’affaires et une croissance des revenus d’environ 5%.
Scor
Malgré un résultat net décevant, Scor s'envole de 9,67% ce soir, à 22,46€, porté par des annonces rassurantes. Deuxième du SBF 120, le réassureur qui avait connu un important recul en juillet après un avertissement sur ses objectifs de croissance, a finalement achevé la révision de ses hypothèses en réassurance vie et santé, un sujet sensible pour ses investisseurs. Scor enregistre une perte nette de 117 millions d'euros au troisième trimestre, plombé par sa branche vie et santé, mais son ratio de solvabilité atteint 203%, bien au-dessus des attentes.
Ce niveau rassure les analystes quant à la solidité financière du groupe et à sa capacité à maintenir son dividende (autour de 9%). Thierry Léger, directeur général, a affirmé que l’entreprise sort « plus forte » de cette phase d’ajustements et envisage l’avenir avec confiance. Le marché attend désormais les prochaines annonces stratégiques, prévues pour décembre. Depuis le début de l’année, l’action Scor perd 15%.
Casino
Le naufrage continue pour Casino. En route pour une quatrième séance consécutive dans le rouge, l’action s'effondre de 17,8% ce soir, à 1,68€, signant une perte vertigineuse de près de 98% depuis le début de l’année. Le distributeur, récemment repris par Daniel Kretinsky, a dévoilé son plan "Renouveau 2028", un programme ambitieux visant à recentrer ses activités sur ses enseignes de proximité comme Monoprix et Franprix pour retrouver l’équilibre d’ici 2026.
Au menu : 1,2 milliard d'euros d’investissements, un objectif de 500 millions d’euros de marge avant impôts en 2028, et 600 millions d’euros d’économies cumulées. Mais le marché n’est pas convaincu. Plusieurs analystes pointent un contexte difficile où les enseignes de proximité peinent à capter des consommateurs toujours plus attentifs aux prix…
Demain à la Une : L'inflation d'octobre
On finit la semaine avec une séance chargée. Beaucoup de résultats économiques sont attendus ce vendredi : productions industrielles chinoise et américaine, croissances japonaise et britannique, inflation française, ventes au détail américaines… En France, l’Insee devrait dévoiler une inflation à 1,2% sur un an en octobre selon le marché, légèrement supérieure à celle de septembre (1,1%). Du côté des entreprises, le géant chinois du e-commerce Alibaba publiera ses résultats trimestriels.
Le monde d'après : Burberry revient aux fondamentaux
Le monde du luxe traverse de fortes turbulences, et le britannique Burberry ne fait pas exception. Pour le troisième trimestre, le groupe a annoncé une baisse de 20% de son chiffre d’affaires et une perte d’exploitation de près de 50 millions d’euros, contre un bénéfice de 268 millions il y a un an. Pourtant, son action s’envole de près de 20% ce soir ! Alors que les résultats du maroquinier étaient en chute libre depuis le début de l’année, le groupe annonce un virage stratégique pour redonner à sa marque son éclat d'antan.
Sous la houlette de son nouveau patron, Joshua Schulman, Burberry veut se recentrer sur des valeurs intemporelles, moins axées sur les tendances passagères et plus sur une esthétique durable. L’explosion haussière de l’action a donné un coup de boost aux autres valeurs du secteur comme Kering (+4%) et LVMH (+1,8%). Un signe encourageant pour les investisseurs et une lueur d’espoir dans un marché du luxe en pleine mutation.
Dans le monde d’après, les consommateurs cherchent des marques qui portent une histoire et une identité fortes, et les entreprises de luxe se concentrent désormais sur cette quête sans dénaturer leur ADN.
Le lexique : Séance des trois et quatre sorcières
Demain, ce sera la séance des trois sorcières, comme tous les troisièmes vendredis de chaque mois. Et des quatre sorcières une fois par trimestre. Durant ces séances, les investisseurs peuvent s’attendre à une hausse de la volatilité engendrée par le débouclement des contrats futures, des options sur indices, des options sur actions et, une fois par trimestre, des futures sur actions, qui arrivent à échéance.
Ces produits financiers sont généralement réservés aux investisseurs professionnels et institutionnels. La dernière heure de cotation est la plus volatile car c’est le moment où un maximum d’investisseurs possédant ces instruments choisissent de dénouer leurs positions ou de les “roller”, c'est-à-dire de conserver les contrats jusqu’à la prochaine échéance.
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