Les marchés : La menace russe
Le spectre de l’arme nucléaire agité par Vladimir Poutine a brutalement réveillé les investisseurs. Ce mardi, le CAC 40 abandonne 0,67%, retombant à 7 230 points à la clôture. L’indice français se rapproche de son plus bas niveau annuel, atteint en août à 7 030 points. En cause, un décret signé par le Président russe élargissant les conditions d’utilisation de l’arme nucléaire, sur fond de tensions croissantes avec l’Occident. Le Kremlin justifie cette décision comme une réponse aux "menaces occidentales”, alors que Washington a autorisé Kiev à utiliser des missiles à longue portée sur le sol russe. Cette nuit, l’Ukraine a tiré six missiles américains contre un site militaire russe, près de la frontière.
Pour les marchés, le risque d’escalade semble trop élevé pour être ignoré. Les valeurs cycliques, comme Kering (-2,23%) et Stellantis (-2,04%), en font les frais. Dans cette tempête, quelques valeurs surnagent : EssilorLuxottica (+2,05%) et Thales (+1,68%), portées par leur profil défensif. Nous vous en parlions hier soir, il vaut mieux privilégier les valeurs défensives en Europe en ce moment…
Parmi les autres rares rescapées du SBF 120, ADP profite d’un coup de pouce de Stifel, qui passe à l’achat, et bondit de 3,34%. Sur les marchés obligataires, les investisseurs cherchent également à se réfugier, les rendements américains et allemands reculent. En parallèle, le dollar s’apprécie à nouveau face à l’euro et l’or grimpe (+2,5% sur la séance). Le pétrole, quant à lui, reste stable, avec un baril de Brent autour des 73 dollars. Ce regain de tensions géopolitiques rappelle que la volatilité reste une constante sur les marchés. Pour les investisseurs, l'heure est à la prudence ! D’autant que les résultats tant attendus de Nvidia approchent.
Les valeurs : OPMobility, Aéroport de Paris et Freelance.com
OPMobility
OPmobility, anciennement Plastic Omnium, chute de 6,86% à 8,21€, pénalisé par une note défavorable de Bernstein qui débute le suivi de la valeur à "sous-performance" avec un objectif de cours de 7,2€. Le bureau d’études alerte sur l’impact de nouvelles régulations européennes prévues en 2025 et 2026, qui pourraient réduire la demande pour les réservoirs à carburant, le principal pilier de rentabilité du groupe.
La concentration de sa clientèle, avec Stellantis représentant 14% des revenus, aggrave les risques à court terme. Toutefois, la division "éclairage", créée en 2022, montre des prises de commandes encourageantes et pourrait devenir un moteur de croissance dès 2026. Depuis le début de l’année, l’action perd 31%, reflet des incertitudes pesant sur l’équipementier dans un secteur en transition.
Aéroport de Paris
ADP décolle et s'envole ! Le groupe s’impose comme la plus forte hausse du SBF 120 ce soir, +3,34% à 108,40€. L’opérateur aéroportuaire bénéficie d’un vent favorable, Stifel a relevé sa recommandation de "conserver" à "acheter", accompagnée d’un objectif de cours réajusté à 148€ (contre 130€ précédemment). Selon la banque d’investissement, ADP devrait profiter de son changement de direction prévu d’ici janvier et de la compensation totale de la taxe sur les infrastructures à partir d’avril.
Sur le terrain, le groupe a annoncé une progression de son trafic passagers en octobre 2024, en hausse de 6,5% par rapport à l’an dernier, dépassant même les niveaux pré-Covid. Sur l’ensemble de l’année, le trafic cumulé bondit de 7,9% à 307,6 millions de passagers, soutenant l’objectif de croissance de plus de 8% pour 2024. Malgré cette performance, le titre affiche toujours un recul de 8% depuis le début de l’année.
Freelance.com
L’acteur des solutions RH connectant entreprises et talents externes a réalisé un chiffre d’affaires de 242,6 millions d’euros au troisième trimestre, en hausse de 22%. En France, la croissance atteint 32%, avec une croissance organique de 3% (voir lexique), tandis qu’à l’international, les revenus augmentent de 2%, dont la moitié en organique.
Sur neuf mois, le chiffre d’affaires cumulé atteint 759,7 millions d’euros (+23%). Le groupe juge ces résultats alignés avec son objectif annuel de légère croissance organique, mais reste prudent face à l’incertitude macroéconomique. Il poursuit également ses efforts de croissance externe en Europe. Malgré ces performances solides, l’action recule de 2,14% ce soir à 2,74€, portant sa baisse à 29% depuis le début de l’année 2024.
Demain à la Une : En attendant Nvidia...
Nvidia publiera demain soir ses résultats trimestriels, après la clôture des marchés, ce sera l’évènement majeur de la fin de semaine. On en reparle dans la rubrique ci-dessous. En attendant, les investisseurs devraient limiter les prises d'initiative sur le marché, d'autant que peu d'éléments économiques forts seront publiés ce mercredi. Le marché attend seulement l'inflation britannique et la balance commerciale japonaise. On en profite pour vous rappeler les principaux niveaux techniques sur le CAC : 7 250 et 7 320 points comme objectifs pour les acheteurs, 7 170 et 7 090 points pour les vendeurs.
Nvidia joue son Blackwell !
Demain soir, Nvidia dévoilera ses résultats trimestriels. Tous les regards seront tournés vers Blackwell, sa nouvelle génération de puces d’IA. Après huit trimestres consécutifs de performances supérieures aux attentes de Wall Street, le rythme de croissance du leader des semi-conducteurs pourrait ralentir. Bon… avec tout de même des prévisions de ventes en hausse de plus de 80% à 33 milliards de dollars ! Ce serait toutefois le plus faible taux de progression en six trimestres et les attentes sont très, peut-être trop, élevées...
Les investisseurs attendent des réponses. Le groupe sera-t-il capable de tenir sa promesse de "plusieurs milliards de dollars" de revenus issus des puces Blackwell dès le quatrième trimestre, malgré les retards de production et les tensions sur les chaînes d'approvisionnement ? L’enjeu est colossal. Blackwell, avec une puissance 30 fois supérieure à ses prédécesseurs, pourrait rapporter entre 5 et 13 milliards de dollars dès le prochain trimestre. Mais une seule semaine de retard dans les livraisons pourrait bouleverser ce scénario. En parallèle, les marges devraient reculer à 73,6%, impactées par les coûts élevés liés au développement de cette nouvelle génération de processeurs.
Malgré ces défis, Nvidia reste au centre de la révolution de l’IA, avec une part de marché de 80% et une demande robuste de ses puces de la part de géants comme Microsoft et Amazon. Ses logiciels CUDA (plateforme et interface de programmation), devenus une source de revenus récurrents en forte croissance, renforcent également sa position dominante. Les résultats de demain seront décisifs : ils pourraient conforter Nvidia dans son rôle de leader du secteur ou fragiliser le rallye des valeurs IA, et plus largement des actions technologiques mondiales. On en reparle bien sûr demain soir !
Le lexique : Croissance organique
La croissance organique désigne l'augmentation du chiffre d'affaires, des bénéfices ou de la taille d'une entreprise résultant de son activité interne, sans recours à des fusions, acquisitions ou investissements externes. Elle repose sur l'amélioration des ventes, le développement de nouveaux produits ou l'expansion sur de nouveaux marchés.