Les marchés : 5ème semaine de baisse
Malgré des vents contraires, l’indice parisien progresse timidement de +0,58% à 7 255 points ce soir, réduisant son repli hebdomadaire à -0,27%. La séance reste toutefois marquée par la chute de Thales (-3,67%). Pendant ce temps, les indices américains affichent un optimisme toujours très élevé, gagnant en moyenne +1,5% sur la semaine, malgré une baisse prononcée de 3% de Nvidia ce soir, et d’1,5% sur Alphabet. La maison-mère de Google est sous la menace d’un démantèlement par le département américain de la Justice qui exige la cession de Chrome et d’autres mesures pour limiter son monopole dans la recherche en ligne.
La zone euro continue de souffrir d'indicateurs économiques peu encourageants. L’indice flash PMI composite, qui mesure l’activité globale dans l’industrie et les services, s’est replié à 48,1 en novembre, un niveau qui signale une contraction marquée de l’économie (un résultat en dessous de 50 indique une baisse d'activité). Ce déclin est principalement alimenté par un ralentissement notable en Allemagne. De quoi raviver les attentes d'une politique monétaire plus accommodante de la BCE, avec des baisses de taux plus significatives à l'horizon… Espérons-le !
Sur le front géopolitique, la montée des tensions entre l’Ukraine et la Russie continue de capter l’attention des marchés. Les prix du pétrole remontent légèrement, portés par les craintes d’éventuelles frappes sur des infrastructures pétrolières russes. Les investisseurs restent prudents, naviguant dans un contexte global où l’incertitude domine. Une semaine qui, malgré le calme apparent des indices, a vu les matières premières gagner du terrain sur fond de risques géopolitiques.
Les valeurs : Thales, Snowflake, Haffner Energy
Thales
Thales finit bon dernier du CAC ce soir, en perte de 3,67% à 146,90€. Cette dégringolade s’explique par l'annonce d'une enquête ouverte par le Serious Fraud Office (SFO) britannique, en collaboration avec le Parquet national financier (PNF) en France, qui soupçonne le groupe de défense de pratiques de corruption et de versements de pots-de-vin dans le cadre d'un contrat en Asie. Malgré des perquisitions en juin dans plusieurs bureaux de Thales en Europe, le groupe conteste fermement ces accusations et réaffirme sa coopération avec les autorités.
L'identité du contrat visé reste floue, ajoutant une incertitude qui plombe davantage la confiance des investisseurs. Thales n’est pas le seul grand groupe à se retrouver dans cette situation. Airbus a déjà fait face à une enquête similaire, soldée par des amendes massives. Aujourd’hui, Thales se retrouve lui aussi sur la sellette, avec des risques d'atteinte à son image et à sa valorisation boursière, rendant l’horizon incertain pour ses actionnaires. Le titre gagne toutefois 9% depuis le début de l’année.
Snowflake
Faute d’actus majeures à la Bourse de Paris, on revient ce soir sur une action américaine qui s’est envolée de plus de 30% hier, présente dans notre portefeuille international. Au troisième trimestre, le bénéfice par action du spécialiste du cloud atteint 20 cents par action, surpassant les prévisions de 15 cents. Les revenus du groupe ont bondi de 29%, à 900,3 millions de dollars, bien au-delà des 856,6 millions anticipés par le marché. Pour le trimestre en cours, Snowflake prévoit un chiffre d'affaires compris entre 906 et 911 millions de dollars, en hausse de 23% et dépassant les estimations de Wall Street fixés à 890,7 millions.
Sa marge opérationnelle (voir lexique), prévue autour de 4%, impressionne aussi, surpassant les prévisions. Grâce à cette dynamique, Snowflake pourrait bien séduire encore davantage les investisseurs, porté par une croissance soutenue et une rentabilité qui s'améliore trimestre après trimestre. Le groupe a également signé un partenariat avec le spécialiste de l’IA Anthropic, on en reparle dans notre publication du jour réservée à la Communauté.
Haffner Energy
Haffner Energy s’enflamme en Bourse ! Le spécialiste de l’hydrogène vert, éligible au PEA-PME, flambe de 8,56% ce soir à 0,90€, portant son gain à 41% depuis le début de l’année. L’inauguration de son centre de production d’hydrogène renouvelable à Marolles Champagne marque une étape clé, grâce à un procédé breveté de thermolyse de biomasse (un processus innovant qui décompose la biomasse et les déchets organiques à haute température sans oxygène pour produire un gaz de synthèse). Le site produira jusqu’à 120 tonnes d’hydrogène par an, tout en évitant ou capturant 2 400 tonnes de CO2.
Soutenu par France 2030, ce site ultra-moderne, équipé du Gasiliner (une technologie qui transforme la gazéification de la biomasse), se positionne comme une vitrine commerciale et technologique. Le groupe se place au cœur de la transition énergétique, séduisant des investisseurs en quête d’innovations vertes.
Le monde d'après : La riposte d'Hennessy !
Coup de tonnerre chez Hennessy, emblème du cognac français et fleuron de LVMH. Face aux menaces de surtaxes chinoises de plus de 30% sur les importations de cognac, la maison envisage une décision controversée : délocaliser l’embouteillage en Chine pour réduire ses coûts. Cette stratégie ferait économiser des millions d’euros en droits de douane et fret. Au-delà de la question sociale, embouteiller en dehors de la France briserait un tabou sacré dans le monde des spiritueux haut de gamme : l’authenticité et la qualité garanties à la source. Certains y voient aussi une carte stratégique pour pousser Bruxelles à négocier un apaisement des tensions commerciales avec Pékin.
Cette tempête arrive à un moment clé pour Moët Hennessy et LVMH. Alors que le chiffre d’affaires organique des spiritueux accuse un recul de 10% depuis 2019 et que les marges s’érodent, LVMH a entamé un remaniement majeur. Avec Jean-Jacques Guiony aux commandes de Moët Hennessy, les enjeux sont clairs : naviguer entre pression financière et préservation de l’héritage. Entre choix stratégiques risqués et défis économiques, Hennessy illustre les dilemmes des grandes marques dans un marché global où tradition et rentabilité ne font plus toujours bon ménage.
Le lexique : La marge opérationnelle
La marge opérationnelle est un indicateur financier qui mesure la rentabilité d'une entreprise sur son activité principale, avant la prise en compte des charges financières et des impôts. Exprimée en pourcentage, elle se calcule en divisant le résultat opérationnel (ou bénéfice d'exploitation) par le chiffre d'affaires. Plus la marge opérationnelle est élevée, plus l'entreprise est efficace dans la gestion de ses coûts par rapport à ses revenus.