Les marchés : Coup de froid allemand
Les temps sont durs pour le CAC 40… Dans de faibles volumes, l’indice français clôture ce soir en léger gain de 0,03% à 7 257 points, après cinq semaines consécutives de baisse. Un coup de froid venu d’Allemagne a une nouvelle fois plombé l’ambiance. Ce matin, l’indice IFO du moral des entrepreneurs allemands a chuté plus fortement que prévu, sur l’un de ses plus faibles niveaux depuis le Covid. Une déconvenue qui rappelle que l’économie européenne, et surtout allemande, restent particulièrement fragiles. Les patrons allemands ne voient pas le bout du tunnel, le pays doit encore traverser trois mois avant les élections anticipées de fin février censées mettre fin à la crise politique.
Côté américain, les marchés saluent la nomination de Scott Bessent comme futur secrétaire américain au Trésor, favorable à une baisse drastique des dépenses publiques, à une hausse des tarifs douaniers et à la fameuse dérégulation massive de l’économie promise par Trump. Pour l’heure, le S&P 500 et le Nasdaq gagnent environ 0,5%, à l’entame d’une semaine écourtée par Thanksgiving mais marquée par plusieurs chiffres importants. L’annonce permet aux indices US de se rapprocher de leurs records historiques, les investisseurs espérant que les taux d’intérêt américains vont de stabiliser. Ils sont d’ailleurs en légère baisse ce lundi.
Les valeurs : Les valeurs du luxe, Atos et Bénéteau
Les valeurs du luxe
Les valeurs du luxe reprennent des couleurs ce lundi. Les géants du secteur progressent en Bourse malgré une année compliquée. Kering s'illustre en tête du CAC, bondissant de 5,5%, tandis qu'Hermès affiche une solide progression de 2,5%. Ce rebond intervient alors que la Commission européenne a officiellement contesté auprès de l’OMC les mesures antidumping provisoires imposées par la Chine sur les importations de brandy européen.
Ce différend commercial, déclenché par l’imposition de droits de douane sur les véhicules électriques chinois par l’UE, reflète les tensions croissantes entre Bruxelles et Pékin. Les investisseurs saluent l’annonce de la Commission, espérant que la pression exercée sur la Chine permettra d’éviter une escalade commerciale et protégera les marques de luxe fortement exposées à ce marché clé.
Atos
Le spécialiste des services numériques s’envole de 98,85% à 0,31€ ! Il est porté par une offre non engageante de l’État français pour racheter ses activités liées aux supercalculateurs pour 500 à 625 millions d’euros. Cet actif stratégique, clé de la souveraineté nationale, a généré 570 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Une première bouffée d’air pour le groupe en pleine restructuration, sous pression après son augmentation de capital mal accueillie.
Mais ce n’est qu’une étape. Les activités Cybersecurity et Mission Critical Systems restent à céder, et l’exclusivité de l’État court jusqu’en mai 2025. Si l’annonce soulage temporairement les investisseurs, elle n’efface pas du tout les incertitudes autour de la santé financière d’Atos. Son redressement est amorcé, mais la route reste longue.
Bénéteau
Bénéteau prend l’eau ! L’action du spécialiste de l’industrie nautique, éligible au PEA-PME, cède 1,81% ce soir à 8,15€, portant sa chute à -36% depuis le début de l’année. En difficulté après une année 2023 record, Bénéteau voit le chiffre d’affaires de sa division Bateau plonger de 33% sur les neuf premiers mois de l’année, à 1,10 milliard d’euros, contribuant à une baisse globale de 28,5% du CA à 1,34 milliard.
Malgré ces vents contraires, Bénéteau confirme ses prévisions annuelles avec un chiffre d’affaires attendu autour de 1 milliard et une marge opérationnelle comprise entre 4 et 6%. Aujourd’hui, la pression sur le titre s’intensifie après que CIC Market Solutions ait abaissé sa recommandation, passant d’achat à neutre. Coup dur, CIC réduit également son objectif de cours de 13,50 à 8€. Les investisseurs restent prudents face à une industrie nautique marquée par un ajustement important des stocks dans les réseaux de distribution.
L'agenda du lundi : Thanksgiving et inflation
C’est une semaine marquée par Thanksgiving et les derniers chiffres d’inflation qui débute. La séance de jeudi sera fériée aux États-Unis et celle de vendredi écourtée. Les volumes investis seront donc particulièrement faibles en fin de semaine, mais d’ici là plusieurs rendez-vous seront à suivre, à commencer par l’indice d’inflation PCE mercredi après-midi, on en reparle dans le lexique. Dans la foulée, une nouvelle estimation de la croissance américaine et les commandes de biens durables réalisées en octobre seront également publiées. Vendredi matin, les investisseurs suivront les chiffres d’inflation de la France et de la zone euro, en attendant la prochaine réunion de la BCE le 12 décembre. Sans surprise, elle devrait à nouveau abaisser ses taux à cette occasion. Trop faiblement et trop tard…
Demain à la Une : Les niveaux à suivre
Pas grand-chose au menu de demain ! Ce sera avant tout une séance américaine sur le front économique avec un nouvel indice de confiance des consommateurs, les ventes de logements neufs réalisées en novembre et les minutes de la Fed en soirée. Ce compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire devrait fournir quelques indications sur les futures baisses de taux américains mais rien de bien extraordinaire. Techniquement, les investisseurs continueront de surveiller cette semaine les niveaux des dernières séances sur le CAC : les résistances des 7 320 et 7 385 points, et les supports des 7 250 et 7 170 points.
800 milliards pour relancer l'Europe
L’Europe a-t-elle encore les moyens de rivaliser avec les États-Unis en Bourse ? Le dernier rapport d’UBS tire la sonnette d’alarme : le Vieux Continent accuse un retard croissant, tant en compétitivité qu’en innovation. Avec un Stoxx Europe 600 en hausse de seulement 6,3% cette année, contre 25% pour le S&P 500, la différence est flagrante. Mario Draghi avait déjà pointé du doigt cette perte de vitesse dans un récent rapport, appelant à un plan d’investissement massif de 750 à 800 milliards d’euros par an. Énergie, automatisation, défense : autant de secteurs où l’Europe doit investir pour retrouver son dynamisme. Selon UBS, si l’Union parvient à combler son retard, le potentiel de hausse des actions européennes pourrait atteindre 60%. Un potentiel vertigineux, mais à la hauteur des enjeux.
Au-delà de l’économie, le défi est également institutionnel et géopolitique. Finaliser l’union bancaire et les marchés de capitaux, renforcer la défense européenne et garantir une autonomie énergétique sont autant de chantiers essentiels pour rétablir la compétitivité du continent. Ces réformes, bien que complexes et politiquement sensibles, pourraient repositionner l’Europe comme un acteur de poids face aux superpuissances américaine et chinoise. Mais l’avenir reste clairement incertain, les divisions entre États membres freinent la dynamique, tandis que l’élection de Donald Trump va intensifier la pression. L’Europe est à un tournant historique. Reste à savoir si les gouvernements européens sauront dépasser les divisions nationales pour relever ce défi majeur…
Dans notre dossier Tempête en vue en Europe, nous vous présentons trois solutions pour traverser la période agitée qui nous attend. Le dossier est en libre accès !
Le lexique : PCE & PCE Core
L’indice PCE (Personal Consumption Expenditures) sera publié mercredi à 14h30. Il s’agit d’une statistique majeure de l’économie américaine, utilisée par la Réserve Fédérale pour estimer le niveau d’inflation nationale. Cet indice mesure la consommation des ménages portant sur les biens durables, non durables et les services.
Le PCE Core est une statistique similaire, à ceci près qu’elle exclut les dépenses d’alimentation et d’énergie, souvent considérées comme saisonnières, volatiles et générant des distorsions dans les mesures d’inflation. Jeudi, les investisseurs prendront connaissance des données d’octobre, les plus attendues de la semaine sur le front économique, alors que l’inflation se tasse petit à petit outre-Atlantique.