Les marchés : La pression politique
La Bourse de Paris termine une nouvelle fois en baisse, le CAC 40 grappille 0,02% ce lundi, à 7 237 points, après avoir passé l’essentiel de la séance dans le rouge. L'incertitude politique qui plane sur l'Hexagone pèse lourdement sur les marchés. Les tensions autour de l'adoption du budget 2025 et la très probable chute du gouvernement Barnier créent un climat d'instabilité dont les investisseurs se seraient bien passés…
La plus forte chute de l’indice revient à Stellantis, en baisse de plus de 6%, on vous dit tout dans cette édition. Sa chute a accentué la pression sur l'indice parisien, malgré le rebond des valeurs du luxe en parallèle (Hermès, +4,75%). Par ailleurs, les perspectives économiques restent sombres. L'indice PMI manufacturier français continue de se dégrader, passant de 44,5 en octobre à 43,1 en novembre, signalant une forte contraction du secteur industriel. Le spread obligataire entre la France et l’Allemagne s'élargit, atteignant 88 points, reflet de la méfiance croissante des marchés envers la dette française.
Outre-Atlantique, Wall Street affiche comme bien souvent un visage plus serein. Les indices américains bénéficient des bons indicateurs économiques publiés cet après-midi, en particulier pour l’industrie. De quoi relancer une nouvelle vague de hausse, le S&P 500 gagne 0,20% pour le moment, contre +0,8% pour le Nasdaq. Néanmoins, la prudence reste de mise face aux tensions commerciales et aux incertitudes géopolitiques qui pourraient inverser la tendance.
Plus que jamais, les marchés naviguent en eaux troubles, entre une Europe engluée dans ses problèmes politico-économiques et des États-Unis affichant une santé boursière insolente…
Les valeurs : Worldline, Stellantis et Atos
Worldline
Acheter la rumeur… vendre la nouvelle ! Ce soir, Worldline prend la tête du SBF 120, en gain de 14,04% à 7,59€. En cause, une rumeur d’OPA. Parmi les candidats potentiels, Bain Capital, déjà impliqué dans le secteur des paiements via sa participation dans l’italien Nexi, étudierait une offre préliminaire. Ce regain d’intérêt survient alors que Worldline traverse une période délicate avec un cours en forte baisse (-51% cette année), des avertissements à répétition sur les bénéfices et un changement de direction.
Le marché, en quête de signaux positifs, a sauté sur la rumeur, malgré l’absence de confirmation officielle de Bain Capital ou de Worldline. Les discussions restent donc à un stade embryonnaire, et aucune certitude n’entoure une éventuelle offre. Mais en attendant, la rumeur redonne des couleurs à une action proche de ses plus bas historiques. Un sursis ou le début d’une transformation ? Affaire à suivre…
Stellantis
Stellantis décroche brutalement ce soir : -6,37% à 11,73€ (-45% en 2024). L’annonce surprise de la démission de Carlos Tavares fait chuter l’action ce lundi, plaçant le constructeur au cœur d’une nouvelle tempête. Après avoir été l’architecte du succès de PSA et du lancement de Stellantis, Tavares semble avoir perdu la confiance de son conseil d’administration, au point de quitter le navire prématurément. En cause ? Une gestion jugée trop rigide face aux défis actuels : stocks démesurés en Amérique du Nord, baisse des marges et un avertissement sur résultats en septembre.
Le départ de Tavares, perçu comme le signal d’une gouvernance perfectible, plonge le groupe dans l’incertitude. John Elkann, héritier des Agnelli, prend les rênes par intérim, un rôle qu’il avait déjà assuré avec succès chez Ferrari. Mais chez Stellantis, la tâche s’annonce autrement plus complexe. La Bourse s’interroge : qui pourra redresser ce géant en perte de vitesse ? Une page se tourne. Reste à écrire la suivante.
Atos
La volatilité reste extrêmement forte sur l’action Atos, suite aux récentes hausses spectaculaires des derniers jours, dont nous vous parlions. Après un bond de 33% en novembre, le titre éligible au PEA-PME perd 18,08% ce soir, à 0,73€. Des prises de bénéfices sont à l'œuvre alors que le groupe de services informatiques, en pleine restructuration, poursuit son désendettement. Il vient de confirmer la vente de son activité dans l’énergie, Worldgrid, à Alten pour 270 millions d’euros.
Cette opération, conclue après des négociations exclusives initiées en juin, permet à Atos de réduire sa dette nette de 200 millions d’euros. Ce désengagement s’inscrit dans une stratégie de recentrage pour le groupe, confronté à de lourds défis financiers. Atos reste sous pression, mais cette cession lui offre une bouffée d’oxygène. En parallèle, le groupe conclut une augmentation de capital de 233 millions d’euros auprès de ses créanciers, mal accueillie par le marché.
L'agenda du lundi : Barnier et le rapport NFP
La chute du gouvernement Barnier semble désormais inéluctable et les prochains jours seront agités, en particulier mercredi avec le vote de la censure. En plus des actualités politiques françaises, et de leur impact sur le CAC 40, plusieurs rendez-vous économiques animeront la semaine. Les indices d’activité PMI fourniront mercredi le dernier bilan de santé des services en Occident. Jeudi, place à la réunion mensuelle du cartel pétrolier de l’OPEP+ et à la balance commerciale américaine. Comme chaque première semaine du mois, c’est la séance de vendredi qui est la plus attendue, avec le rapport sur l’emploi américain. Plus largement, c’est la publication économique la plus scrutée par les marchés, tous les mois.
Demain à la Une : Nouvelle baisse du CAC ?
Marine Le Pen vient de confirmer que le groupe RN déposera sa propre motion de censure et qu’elle votera celle de la gauche. Le vote de la censure du gouvernement Barnier devrait avoir lieu mercredi. En attendant, la prudence sera de mise sur les actions françaises et on peut craindre que le CAC ne retrouve ses plus bas niveaux annuels dans les prochaines séances. Deux supports importants le séparent toutefois des 7 030 points atteints en août : les 7 170 et les 7 090 points. Les acheteurs ont principalement pour objectifs les 7 250 et 7 320 points. La séance de demain ne sera animée que par une publication de moyenne importance, le rapport Jolts sur l’emploi américain, prémice au rapport officiel qui sera dévoilé vendredi après-midi.
Le monde d'après: Auchan piraté !
550 000 comptes clients piratés et des données personnelles diffusées sur des forums illégaux. Auchan vient de subir une cyberattaque d’ampleur, révélatrice d’un fléau qui ne cesse de grandir. Plus une semaine ne passe sans qu’un grand nom ne soit piraté. Le parquet de Paris a pris en main l’affaire, ouvrant une enquête nationale. Les pirates ont mis la main sur des informations sensibles : noms, adresses, numéros de téléphone, voire la composition familiale des clients. Même si les données bancaires et les mots de passe semblent avoir été épargnés, les répercussions potentielles, notamment en termes de phishing et d’usurpation d’identité, sont importantes. Pour l’enseigne, la confiance des clients est en jeu, et le moindre faux pas pourrait coûter cher.
Cette attaque ne doit pas être vue comme un incident isolé. Elle s’inscrit dans une tendance globale. Les cyberattaques se multiplient et ciblent désormais des géants de tous les secteurs, avec des conséquences qui dépassent largement les seuls enjeux techniques. Auchan a beau affirmer avoir "circonscrit l’incident" et renforcé ses systèmes, cette crise rappelle une vérité essentielle : la cybersécurité n’est plus un luxe, c’est une nécessité stratégique. Et pendant que les entreprises renforcent leurs défenses, les pirates, eux, perfectionnent leurs attaques. Résultat ? Une course-poursuite permanente où chaque faille peut coûter des millions.
Le lexique : OPA
Une Offre Publique d'Achat (OPA) est une opération boursière par laquelle une société (l'initiateur ou l'offreur) propose d'acheter les actions d'une autre société (la cible) directement auprès de ses actionnaires. L'objectif est généralement de prendre le contrôle de la société cible ou d'augmenter sa participation au sein de celle-ci.
Lorsqu'une OPA est lancée, l'offreur propose un prix d'achat pour chaque action, généralement supérieur au cours actuel de l'action sur le marché, afin d'inciter les actionnaires de la société cible à vendre leurs titres. L'OPA peut être amicale si elle est approuvée par le conseil d'administration de la société cible, ou hostile si elle est lancée sans l'accord préalable du conseil.