Les marchés : Le CAC tient bon
Malgré la chute attendue du gouvernement Barnier, le CAC 40 résiste ce lundi et clôture en léger gain de 0,26% à 7 255 points. Il sauve pour le moment les meubles avant le verdict de demain après-midi à l’Assemblée nationale. Pourtant, la tension politique pourrait aggraver les fragilités du marché. Si l’écart de taux entre les obligations françaises et allemandes s’est légèrement contracté à 84 points de base, Morgan Stanley anticipe un dépassement des 95 points si la censure aboutit.
Du côté actions, Stellantis rebondit de 1,8% après sa chute de plus de 6% hier, tandis qu’Essilorluxottica (-1%) subit une dégradation d’UBS. En dehors du CAC 40, Forvia et Valeo encaissent des revers importants, reflétant un secteur automobile sous pression. Le marché résiste, mais l’équilibre reste précaire, dans ce paysage politique et économique incertain.
Après les sommets atteints lundi par le S&P 500 et le Nasdaq, Wall Street démarre la séance sur une note stable. L’attentisme règne alors que les investisseurs digèrent les bons chiffres de l’enquête Jolts sur l’emploi américain. Les regards sont déjà tournés vers le rapport officiel sur l’emploi prévu vendredi, incontournable pour anticiper les prochaines décisions de la Fed, qui se réunira le 18 décembre. Les traders parient majoritairement (à 72%) sur une baisse des taux de 25 points de base, mais les membres de la Fed seraient encore partagés.
Les valeurs : Edenred, Catana et Worldline
Edenred
Ce soir, Edenred trébuche malgré des annonces positives… Le spécialiste des titres prépayés, dont les titres-restaurant et cartes carburants, recule en effet de 2,50% à 30,40€, malgré des nouvelles encourageantes. La direction a confirmé ses objectifs ambitieux, visant 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2030, et le doublement du plafond de son programme de rachats d’actions à 600 millions d’euros d’ici 2027. Cependant, la confirmation d’un scénario prudent pour 2025, en raison d’une possible régulation en Italie limitant les commissions sur les titres-restaurant, a refroidi les investisseurs.
En Bourse, Edenred reste un des grands perdants de 2024, avec une chute de 44% depuis janvier. Si Jefferies a récemment relevé sa recommandation à conserver, estimant que le titre a atteint un plancher, les défis réglementaires pèsent sur le sentiment des investisseurs. Le marché attend des preuves concrètes d’une reprise pour accorder à nouveau sa confiance.
Catana
Le spécialiste des catamarans hisse haut ses voiles en Bourse ! Son titre s'envole de 9,23% à 4,85€, surfant sur des résultats 2023-2024 solides et une rentabilité historique. Le chiffre d'affaires grimpe de 10% à 229,5 millions d’euros, porté par le succès de sa gamme Bali et son recentrage stratégique sur les multicoques. Résultat : un bond de 46% du résultat opérationnel et une marge de 16,3%.
Pour soutenir la demande sur un marché en tassement, la direction a baissé ses tarifs de 2 à 8% selon les modèles, une stratégie qui semble déjà porter ses fruits avec un bon début de saison des commandes. Parallèlement, le groupe annonce vouloir transférer ses actions sur Euronext Growth pour réduire ses contraintes réglementaires et coûts de cotation. Avec la hausse du jour, l’action parvient à limiter ses pertes à 16% depuis le début de l’année.
Worldline
Il semble que l’euphorie laisse place à la désillusion. Après un rebond de 14% hier grâce aux rumeurs d’OPA dont nous vous parlions, l’action du spécialiste des paiements électroniques recule de 10,49% ce mardi, à 6,79€. En cause, l’annonce de sa sortie de l’indice Stoxx Europe 600, effective le 23 décembre. Cette décision pourrait engendrer des désinvestissements des fonds indiciels, ajoutant un poids supplémentaire à un titre déjà fragilisé par des performances décevantes.
Depuis le début de l’année, l’action chute de 56%, victime d’avertissements sur résultats successifs, dont le dernier en septembre, lié à un ralentissement de l’activité en Asie-Pacifique. Ces difficultés avaient poussé à un changement de direction. Worldline reste confronté à des vents contraires dans un secteur très compétitif, et la volatilité de son titre reflète les incertitudes sur sa capacité à se redresser durablement.
Demain à la Une : La censure et les PMI
Le principal événement de demain, ce sera bien sûr le vote de la censure du gouvernement Barnier. Du moins, pour les investisseurs français. En dehors de l’Hexagone, les opérateurs attendent une batterie d’indicateurs sur l’activité des services, les fameux PMI dont nous vous parlons souvent. Les résultats ne devraient pas être brillants pour la France et l’Allemagne où une nouvelle contraction de l’activité est attendue pour le mois de novembre.
À l’inverse, comme ces derniers mois, le marché table sur de solides résultats américains. Wall Street jettera également un œil au rapport ADP, qui viendra compléter le Jolts publié aujourd’hui sur le front de l’emploi avant les données officielles de vendredi. Dans la soirée, la Fed dévoilera son Livre Beige, on en reparle dans le lexique ci-dessous. D’un point de vue technique enfin, pas de changement notable après la séance assez calme de ce mardi. Le CAC est entouré par deux résistances fortes à 7 250 et 7 320 points, et par les supports des 7 170 et 7 090.
Le monde d'après : Paris, capitale de l'IA
La France s’apprête à devenir le centre névralgique mondial de l’intelligence artificielle. Pendant un temps, seulement. Les 10 et 11 février prochains, Paris accueillera un sommet d’envergure réunissant près d’une centaine de chefs d’État, des experts renommés et des figures emblématiques comme Elon Musk. Organisé par l’Élysée, cet événement promet d’être axé sur des thématiques aussi variées que la gouvernance de l’IA, son impact sur l’emploi ou encore son rôle dans la culture et l’innovation.
Le sommet a pour ambition d’inscrire l’Europe comme un acteur majeur dans le développement éthique et responsable de l’IA. Vaste programme ! L’Élysée met en avant trois grandes priorités : favoriser une IA tournée vers l’intérêt public, soutenir une innovation qui conjugue culture et progrès et renforcer la confiance grâce à une gouvernance internationale solide. Cette initiative arrive à un moment crucial, où les risques liés à l’IA, qu’il s’agisse de biais algorithmiques ou de cybersécurité, suscitent des inquiétudes croissantes.
Le lexique : Le Livre beige
La Banque centrale américaine publiera demain son traditionnel Livre Beige à 20h, heure française. Le Livre Beige, ou “Beige Book”, est un rapport produit huit fois par an par la Réserve fédérale américaine, avant chacune de ses réunions de politique monétaire. Il offre une analyse de la situation économique aux États-Unis, par district et par secteur d'activité, couvrant des sujets comme le marché du travail, la consommation, l'industrie, l'immobilier et les finances. Les informations proviennent de diverses sources et le rapport aide à orienter les décisions de politique monétaire de la Fed.