Les marchés : Le CAC continue de résister
La Bourse de Paris termine la séance en beauté avec une hausse de 0,66% à 7 303 points, malgré le tumulte politique qui secoue l’Hexagone. Les investisseurs semblent pour l’instant miser sur une issue sans chaos, malgré la censure du gouvernement. Le secteur automobile a porté l’indice français : Renault bondit de 5%, suivi de près par Forvia et Valeo, tandis qu’Opmobility s’octroie un solide +4,5%. Ce rebond fait suite à plusieurs séances rouge vif pour le secteur.
La séance a également été marquée par de sombres statistiques économiques. En zone euro, l’indice PMI composite plonge à 48,3 en novembre, signalant une contraction accélérée du secteur privé, la France en tête. Son indice PMI composite s’effondre à 45,9, au plus bas depuis janvier. Les perspectives économiques européennes continuent d’inquiéter, malgré la résilience affichée par certains secteurs. La BCE n’a plus le choix, elle devra à nouveau baisser ses taux la semaine prochaine. Espérons que ce soit une baisse importante…
Outre-Atlantique, les données de l’enquête ADP révèlent que 146 000 emplois ont été créés en novembre dans le secteur privé, un chiffre légèrement en deçà des attentes mais qui ne refroidit pas les investisseurs. Wall Street va de record en record et évolue largement dans le vert dans les premiers échanges. Ce soir, les opérateurs de marché vont rester attentifs aux interventions de Christine Lagarde et Jerome Powel, les deux leaders monétaires étant au centre des anticipations sur l’avenir des taux d’intérêt.
Les valeurs : Renault, Orange et Pierre & Vacances
Renault
Premier du CAC, Renault bondit ce soir de 4,86% à 41,64€. Aucune nouvelle actualité majeure n’a été dévoilée par le groupe au losange qui semble simplement profiter de rachats à bon compte après des séances mouvementées pour le secteur auto. Contre toute attente, Renault s’est imposé fin octobre comme l’exception dans un secteur automobile européen en difficulté. Avec un chiffre d’affaires de 10,7 milliards d’euros au troisième trimestre, en hausse de 1,8%, Renault dépasse les attentes des analystes et confirme ses objectifs 2024. Une rareté dans un contexte marqué par les avertissements de ses concurrents comme Volkswagen ou Stellantis…
La clé du succès ? Une offensive produit inédite. Des modèles comme le Scénic électrique et le Rafale soutiennent les ventes et compensent le recul général des immatriculations. La division de services financiers contribue également aux bons résultats, avec une croissance impressionnante de 21,6%. Renault prévoit d’amplifier cette dynamique grâce à la R5 électrique, prévue pour le quatrième trimestre, et sept nouveaux lancements en 2025. Résultat : une marge opérationnelle (voir lexique) attendue à 7,5% et un flux de trésorerie de 2,5 milliards d’euros pour l’année. Renault gagne 13% en Bourse sur l’année.
Orange
De l’autre côté du spectre boursier, Orange signe la pire performance du CAC : -3,01% à 9,41€. En cause, Morgan Stanley a abaissé sa recommandation sur le titre, estimant que l’intensification de la concurrence en France menace la rentabilité de l’opérateur. La banque américaine vise désormais 12,5€ (contre 15€ précédemment) et anticipe une stagnation de son résultat brut (+0,4% en 2024) avant une baisse en 2025 (-1,5%).
La montée en puissance d’offres agressives, notamment celles de Bouygues Telecom et Free, modifie les habitudes des consommateurs et pourrait éroder le revenu moyen par utilisateur. Bien que solidement positionné avec son réseau performant et une clientèle fidèle, Orange voit ses marges se réduire, ses coûts de rétention augmenter et ses perspectives de croissance en France s’assombrir. Si le dividende reste attractif, Morgan Stanley juge qu’Orange manque de catalyseurs boursiers pour rebondir. Depuis le début de l’année, le titre cède 8%.
Pierre & Vacances
Pierre et Vacances reprend des couleurs. Le spécialiste des loisirs éligible au PEA-PME bondit de 3,68% à 1,35€. Ses comptes repassent dans le vert, c’est une première depuis plus de dix ans. Le chiffre d’affaires touristique progresse de 3,7% à 1,8 milliard d’euros, et la marge avant impôts bondit de 27% à 174,3 millions d’euros, portée par le succès des marques Pierre & Vacances et Center Parcs.
Le groupe a drastiquement réduit sa dette brute, désormais à 53,9 millions d’euros contre 390 millions un an auparavant. Avec un résultat net positif de 28,7 millions d’euros, Pierres & Vacances montre qu’il a tourné la page de la crise sanitaire et de sa lourde restructuration financière. Grâce à la progression du jour, l’action réduit ses pertes à 13% depuis le début de l’année.
Demain à la Une : séance de transition
Avant le tant attendu rapport américain sur l’emploi qui sera publié vendredi, la séance de demain sera assez peu fournie en nouvelles données. On attend surtout la réunion mensuelle du cartel pétrolier de l’OPEP+ et ses décisions sur les quotas de production, ainsi que la balance commerciale américaine. Surtout, ce sera l’occasion de voir comment le marché réagit à la censure du gouvernement Barnier. Pour le moment, l’information ne semble pas chambouler le CAC 40. On en reparle demain soir !
Le monde d'après : Le Jackpot des télécoms
Le groupe américain AT&T frappe fort avec un plan de redistribution de plus de 40 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions entre 2025 et 2027, soit près d’un quart de sa capitalisation boursière. Grosso modo : 20 milliards en dividendes, 20 milliards en rachats d’actions. Lors de sa journée investisseurs, le géant américain des télécoms a dévoilé une stratégie audacieuse, appuyée par une génération de cash exceptionnelle. Un plan financé en partie par la cession de DirectTV pour 7,6 milliards de dollars et une projection de flux de trésorerie libre dépassant 18 milliards en 2027.
Le géant des télécoms américain voit loin. Avec la fibre optique pour connecter 50 millions de bâtiments d’ici 2029 et une expansion de son réseau 5G, le groupe mise sur une solide croissance. Le bénéfice par action, déjà prévu en hausse à 2,05$ en 2025, devrait accélérer pour atteindre une progression à deux chiffres d’ici 2027. Avis aux amateurs de revenus réguliers et croissants !
Le lexique : La marge opérationnelle
La marge opérationnelle est un indicateur financier qui mesure la rentabilité d'une entreprise sur son activité principale, avant la prise en compte des charges financières et des impôts. Exprimée en pourcentage, elle se calcule en divisant le résultat opérationnel (ou bénéfice d'exploitation) par le chiffre d'affaires. Plus la marge opérationnelle est élevée, plus l'entreprise est efficace dans la gestion de ses coûts par rapport à ses revenus.