Les marchés : Powell en ligne de mire !
Pris entre des forces opposées, le CAC 40 termine en repli de 0,32% à 7 872 points, pénalisé par la chute de LVMH après des résultats jugés décevants. Le luxe, poids lourd de l’indice parisien, plombe la tendance, tandis que Schneider Electric et Legrand rebondissent après avoir souffert ces derniers jours. Les semi-conducteurs reprennent également des couleurs, mais cela ne suffit pas à inverser la tendance. Comme à votre habitude, nous décryptons dans cette édition les mouvements marquants sur ces secteurs clés.
Mais la séance d’aujourd’hui n’était qu’un prélude aux deux événements majeurs qui se joueront après la clôture. D’un côté, les investisseurs attendent fébrilement les résultats de trois géants de la tech : Tesla, Meta et Microsoft. De l’autre, la Fed s’apprête à livrer son verdict sur sa politique monétaire. Un statu quo sur les taux est largement anticipé, mais tous les regards seront braqués sur les commentaires de Jerome Powell.
Et pour cause, cette réunion est la première depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, un facteur qui pourrait peser sur les futures décisions monétaires. Entre la pression politique et les interrogations sur le rythme des baisses de taux, la volatilité pourrait bien s’inviter sur les marchés…
Les valeurs : ASML et Rémy Cointreau
ASML
ASML déjoue les pronostics et s’envole en Bourse ! Le géant néerlandais des semi-conducteurs bondit de 5,55% à 682,5€ ce soir, porté par des prises de commandes bien supérieures aux attentes au quatrième trimestre atteignant 7 milliards d’euros contre 3,5 milliards attendus. Ce rebond de 169% en trois mois est tiré par la forte demande pour ses équipements de lithographie, clés dans la fabrication des puces avancées.
Le groupe dépasse aussi les prévisions avec un chiffre d’affaires de 9,3 milliards d’euros et une marge brute de 52%, contre 49% à 50% attendus. ASML reste confiant pour 2025 et vise un chiffre d’affaires entre 30 et 35 milliards d’euros. Son directeur général, Christophe Fouquet, rassure sur l’impact de Deepseek, la start-up chinoise de l’IA, estimant qu’elle stimulera la demande de semi-conducteurs. Ce regain de confiance fait souffler un vent d’optimisme sur tout le secteur après un début de semaine difficile
Rémy Cointreau
Rémy Cointreau chute de 7,35% ce soir après la publication d’un chiffre d’affaires en repli de 21,6% au troisième trimestre, pénalisé par la faiblesse de la demande en Chine et aux États-Unis. Bien que ce recul soit moins marqué que prévu, le groupe a revu ses prévisions à la baisse, anticipant désormais une contraction proche de 18% sur l’année. La consommation de cognac souffre des ajustements de stocks et d’un environnement économique morose.
Pour protéger ses marges, un plan d’économies de 50 millions d’euros a été annoncé. En parallèle, la Chine a instauré des droits de douane provisoires sur les importations de cognac, et les États-Unis pourraient rétablir des taxes sous Donald Trump. Ces incertitudes pèsent sur la visibilité du groupe. L’action signe la plus forte baisse du SBF 120.
L'événement du mercredi : Déception ou opportunité ?
Le marché ne pardonne rien, surtout lorsqu’il s’agit d’un mastodonte comme LVMH. Malgré un retour à la croissance au quatrième trimestre (+1% en données comparables), le titre dévisse de 4,98% ce soir, effaçant une partie de son impressionnante progression depuis le début de l’année (+12%). La chute s’explique par des investisseurs ayant relevé leurs attentes après les performances éclatantes de Richemont et Burberry, espérant une performance plus robuste, en particulier dans la division mode et maroquinerie, pilier du groupe, qui accuse finalement un recul de 1%. Le choc des attentes se traduit par un mouvement brutal sur le marché, avec un effet domino sur l’ensemble du secteur du luxe.
Au-delà de cette désillusion, c’est aussi la rentabilité qui déçoit. La marge opérationnelle recule à 23%, contre 26,5% un an plus tôt, sous l’effet de coûts accrus et d’un contexte défavorable sur les vins et spiritueux (-8%). Si Bernard Arnault s’est voulu rassurant en soulignant un début d’année prometteur et un retour en force de certaines marques comme Louis Vuitton et Tiffany, le marché attend désormais des preuves concrètes d’une accélération de la croissance en 2025. Dans un secteur où le moindre signe de faiblesse peut déclencher des prises de bénéfices, LVMH doit désormais prouver que sa dynamique reste intacte malgré un environnement plus incertain.
Demain à la Une : Verdict de la BCE
Demain, les marchés scruteront une série d’indicateurs économiques majeurs. En Asie, la Chine restera fermée pour le Nouvel An, limitant l’activité sur les marchés. En Europe et aux États-Unis, place aux chiffres de la croissance avec la publication du PIB 2024 et du quatrième trimestre pour la France, l’Allemagne, la zone euro et les États-Unis. Des données clés pour évaluer la dynamique économique en cette fin d’année. Enfin, la Banque centrale européenne rendra sa très attendue décision sur les taux d’intérêt, avec une baisse déjà anticipée par les opérateurs de marchés. Une journée sous haute tension pour les investisseurs.
Le monde d'après: Le rebond en 2025 ?
Le marché du luxe a trébuché en ce début d’année. La publication de LVMH a refroidi les investisseurs, contrastant avec les bons résultats de Richemont, soutenus par la bijouterie et la joaillerie. Le soft luxury (qui désigne la mode et la maroquinerie), dont LVMH dépend largement, montre des signes d’essoufflement après des années de hausses de prix. McKinsey rappelle que 80% de la croissance du secteur entre 2019 et 2023 était due aux augmentations tarifaires. Le problème aujourd’hui c’est que la demande suit moins. Seuls quelques acteurs comme Hermès et Ferrari, avec une clientèle ultra-premium, échappent à ce phénomène.
Faut-il pour autant enterrer le secteur ? LVMH reste optimiste pour 2025, misant sur un rebond aux États-Unis et une stabilisation progressive en Chine. À plus long terme, le groupe compte capitaliser sur la montée en puissance de Tiffany, la restructuration de sa division vins & spiritueux et l’essor du luxe expérientiel, en particulier dans l’hôtellerie et la restauration. Un pari stratégique, porté par des fondamentaux solides.
Avec un pricing power quasi intact et des marges solides, le secteur conserve des atouts. Pour ceux qui souhaitent s’y exposer, un fonds dédié comme SG Actions Luxe offre une alternative diversifiée sur les grandes maisons du secteur, avec un rendement moyen annuel de 7,20 % sur 10 ans.(+6,35%* en 2024).
Le lexique : Le pricing power
Le pricing power désigne la capacité d'une entreprise à augmenter ses prix sans perdre de clients ou voir la demande pour ses produits ou services diminuer de manière significative. Cela reflète la force concurrentielle de l'entreprise et sa capacité à transférer l'augmentation des coûts de production aux consommateurs, tout en maintenant ses marges bénéficiaires. Une entreprise avec un fort pricing power peut mieux résister aux pressions économiques et inflationnistes.