Les marchés : Séance rouge vif à Wall Street
Le CAC 40 clôture ce soir à 7 916 points, en baisse de 0,93% ce vendredi et de 1,6% sur la semaine. Depuis début février, l’indice français oscille entre les 7 900 et les 8 200 points et revient donc à proximité de sa borne basse, lesté par la menace des droits de douane américains qui plane sur l’économie mondiale.
Vous le savez bien désormais, Trump veut imposer des taxes douanières dès le 2 avril sur les importations de véhicules, un "jour de libération" selon le président américain. À mesure que la date approche, la nervosité augmente sur le marché, comme en témoigne l’indice de la peur, le Vix, qui bondit de 13% aujourd’hui. En parallèle, Wall Street accueille dans le rouge les chiffres de l’inflation américaine avec une baisse de 2,5% du Nasdaq et de 1,8% du S&P 500. L’inflation reste en effet tenace : +2,8% en février hors énergie et alimentation contre 2,7% en janvier, 2,5% tous prix confondus (stable d’un mois à l’autre).
La Fed est donc dans une situation très délicate. Doit-elle baisser ses taux pour contrebalancer le ralentissement de l’économie américaine ? Ou les maintenir élevés, voire les rehausser, pour lutter contre une inflation toujours forte ?
Les valeurs : Edenred et Pluxee, Ubisoft et DBV Technologies
Edenred et Pluxee
Ce matin, c’était la panique sur Edenred et Pluxee. Les deux spécialistes des titres prépayés ont démarré la séance en chute libre, respectivement -5,5% et -8,4%, avant de limiter la casse. En cause, une rumeur sur un éventuel plafonnement des commissions des titres-restaurant, relayée par Les Échos. Simple rumeur car cette mesure n’est pas à l’ordre du jour ! Selon plusieurs sources, l’exécutif ne l’envisage pas dans la réforme portée par la ministre du Commerce, Véronique Louwagie.
Le mal est fait, la simple évocation de ce plafonnement a fait peur aux investisseurs, entraînant à la clôture une baisse de 1,59% d’Edenred et de 3,97% de Pluxee (respectivement -37% et -25% sur un an). Edenred tente de rassurer, mettant en avant la future dématérialisation complète du dispositif et son impact positif pour les restaurateurs. Mais ce type de turbulence rappelle à quel point ces sociétés restent exposées aux moindres soubresauts réglementaires. Affaire à suivre !
Ubisoft
Après avoir flambé de plus de 10% ce matin, l’éditeur de jeux vidéo clôture entre perte de 1,82% à 12,68€. Ubisoft a annoncé la création d’une filiale regroupant ses licences stars (Assassin’s Creed, Far Cry, Rainbow Six), dans laquelle le chinois Tencent injectera 1,16 milliard d’euros pour en détenir 25%. Résultat, une valorisation implicite de 4 milliards d’euros, un joli chèque qui efface presque toute la dette du groupe, et une nouvelle structure prête à faire fructifier ces franchises cultes.
Mais cette opération complexe ne vient pas sans questions. Elle verrouille un peu plus le capital au profit de Tencent et éloigne (à court terme) les espoirs d’une sortie de la cote. Le marché applaudit le désendettement massif, mais reste prudent car peu de détails sur la gouvernance circulent. L’action perd désormais 35% sur un an.
DBV Technologies
La biotech française, éligible au PEA-PME, s’envole de 38,28% ce vendredi, à 1,08€ (+86% en 2025). Spécialisé dans le traitement des allergies alimentaires, le groupe a annoncé un financement massif pouvant atteindre 306,9 millions de dollars. Cet afflux de cash offre à DBV un précieux sursis, alors que sa trésorerie ne lui permettait de tenir que jusqu’en avril 2025. Elle a désormais une visibilité financière jusqu’en juin 2026.
Son principal objectif désormais est de finaliser le développement et la commercialisation de Viaskin Peanut, son patch contre l’allergie à l’arachide. Encore faut-il décrocher le feu vert de la FDA, le régulateur américain. Principal bémol, la dilution massive des actionnaires, de 22,4% immédiatement et jusqu’à 73,7% si tous les bons de souscription (voir lexique) sont exercés. Un pari risqué, mais potentiellement gagnant si Viaskin Peanut réussit son lancement.
Le résultat du vendredi : 3 086$ !
On commence à s’y habituer… L’or atteint un nouveau record historique ce vendredi, à 3 086$ l’once, propulsé par l’incertitude ambiante. En cause bien sûr, les nouvelles taxes américaines sur les voitures importées, qui ravivent les craintes d’un ralentissement économique mondial et poussent les investisseurs vers les valeurs refuges. Le marché anticipe déjà une réaction de la Fed, qui pourrait baisser ses taux pour contrer l’impact des tensions commerciales et le ralentissement économique aux États-Unis.
Les membres de l’institution commencent à préparer le terrain, évoquant une incertitude grandissante. Pendant ce temps, le dollar reste résilient, soutenu par de bons chiffres économiques aux États-Unis, mais cela ne suffit pas à freiner la ruée vers l’or. Dans un monde où les risques s’accumulent, le métal précieux continue d’imposer sa loi. Ajoutez à cela les achats massifs des banques centrales, en particulier émergentes, et vous obtenez le cocktail haussier parfait pour la reine des valeurs refuges, en hausse de 7,6% en mars et de 17% depuis le début de l’année (+27% en 2024).
Le lexique : Les bons de souscription
Les bons de souscription sont des instruments financiers donnant à leur détenteur le droit (mais non l’obligation) d’acheter des actions d’une entreprise à un prix fixé à l’avance, pendant une période déterminée. Souvent émis lors de levées de fonds, ils permettent aux investisseurs d’entrer au capital à des conditions avantageuses tout en apportant des liquidités à l’entreprise.