Les marchés : La pire semaine depuis 2022
Le CAC 40 clôture ce soir à 7 916 points, en baisse de 0,93% ce vendredi et de 1,6% sur la semaine. Depuis début février, l’indice français oscille entre les 7 900 et les 8 200 points et revient donc à proximité de sa borne basse, lesté par la menace des droits de douane américains qui plane sur l’économie mondiale.
Vous le savez bien désormais, Trump veut imposer des taxes douanières dès le 2 avril sur les importations de véhicules, un "jour de libération" selon le président américain. À mesure que la date approche, la nervosité augmente sur le marché, comme en témoigne l’indice de la peur, le Vix, qui bondit de 13% aujourd’hui. En parallèle, Wall Street accueille dans le rouge les chiffres de l’inflation américaine avec une baisse de 2,5% du Nasdaq et de 1,8% du S&P 500. L’inflation reste en effet tenace : +2,8% en février hors énergie et alimentation contre 2,7% en janvier, 2,5% tous prix confondus (stable d’un mois à l’autre).
La Fed est donc dans une situation très délicate. Doit-elle baisser ses taux pour contrebalancer le ralentissement de l’économie américaine ? Ou les maintenir élevés, voire les rehausser, pour lutter contre une inflation toujours forte ?
Les valeurs : Les bancaires, Sodexo et Exosens
Les bancaires
Le secteur bancaire européen décroche lourdement en Bourse, plombé par la réplique chinoise. Après avoir lâché plus de 5% jeudi, l’indice des banques européennes dévisse encore de près de 8% ce vendredi. Un plongeon qui rappelle les heures sombres de mars 2020 (Covid).
Les investisseurs redoutent un double effet. Un ralentissement de la croissance mondiale et un repli des échanges transatlantiques. Deux tendances qui pèsent mécaniquement sur les marges des banques. Société Générale plonge de 10,4%, BNP Paribas de 6,8% et Deutsche Bank de plus de 9,9%. Le Japon n’est pas épargné, avec un indice bancaire en chute de 8%.
Sodexo
Le spécialiste de la restauration collective recule de 6,15% à 54,20€ ce soir après avoir révisé ses perspectives à la baisse. Les investisseurs digèrent mal un cash-flow libre (voir lexique) toujours négatif et un ralentissement net en Amérique du Nord, notamment dans les écoles et universités. Le chiffre d’affaires progresse modestement de 3,5% sur le semestre, avec une marge d’exploitation en léger recul à 5,2%.
Et si le marché ne sanctionne pas une nouvelle fois comme lors du profit warning du 20 mars, lorsque le titre avait perdu 17%, les doutes persistent. Recul du résultat net de 12,5%, dettes en hausse, et manque de catalyseurs à court terme. Certains analystes comme Oddo reste positif, misant sur un rebond plus net en 2026, mais la valorisation reste pénalisée, avec une décote jugée "historiquement élevée" par rapport à son rival Compass. Depuis le début de l’année, le titre cède 32%.
Exosens
C’est l’une des étoiles montantes de la défense européenne. Mais aujourd’hui, le spécialiste des capteurs de vision nocturne pour les armées cède 2,97% à 32€ malgré une recommandation à l’achat du bureau d’analyse TP ICAP Midcap. L’analyste salue un marché porteur, une croissance solide attendue de 13% par an jusqu’en 2028, et une marge EBITDA exceptionnelle de 30%. Le bureau vise 40€, soit un potentiel de +21% sur le cours de la veille.
Le titre éligible au PEA-PME a déjà bondi de près de 65% depuis janvier, porté par la hausse des budgets militaires en Europe. Intégré récemment au SBF 120, Exosens devient incontournable dans les jumelles de vision nocturne de l’OTAN. Des contrats se multiplient avec Thales, Elbit ou encore Hensoldt. Si le marché boursier tremble face à la guerre commerciale, le dossier reste stratégique.
Le résultat du vendredi : Le CAC passe dans le rouge
La Bourse de Paris, grisée par un début d’année prometteur, s’est brutalement réveillée ce vendredi avec une chute vertigineuse de près de 4%. Après -3,30% hier. Résultat, les gains de 2025 sont temporairement effacés. Le CAC perd désormais un peu plus d’1% depuis le 1er janvier. Rideau. La riposte commerciale chinoise a donné le coup de grâce. Réponse du berger à la bergère, après que les États-Unis ont décidé d’alourdir la facture des importations chinoises. Et l’Europe, en embuscade, promet à son tour des mesures de rétorsion. Ambiance Guerre Froide, version commerce mondial.
Le marché, déjà fébrile, commence à anticiper le pire : récession américaine, ralentissement global, coup de froid sur la consommation et l’industrie. Marc Fiorentino le rappelait ce matin, aucune certitude ne peut toutefois être établie à ce stade. Nul ne sait si les tarifs américains vont durer et s’ils vont provoquer une récession et une hausse de l’inflation. Mais à court terme, l’espoir d’un accord avant le 9 avril, date fatidique de l'entrée en vigueur des nouvelles taxes américaines, s'amenuise. La guerre commerciale n’est plus une hypothèse, c’est une réalité. Et comme souvent, c’est la Bourse qui trinque en premier.
Le lexique : Le Cash-flow libre
Le cash-flow libre représente la trésorerie réellement disponible pour une entreprise une fois qu’elle a payé ses dépenses d’exploitation et ses investissements nécessaires à l’activité (comme l’achat de machines ou de locaux). C’est l’argent "en trop", celui qu’on peut utiliser pour verser des dividendes, rembourser de la dette ou investir dans de nouvelles opportunités. En bref, c’est le nerf de la guerre pour les actionnaires.