Les marchés : Un lundi (presque) noir
Ce matin, les investisseurs ont une nouvelle fois paniqué, redoutant une escalade brutale de la guerre commerciale. Les Bourses mondiales ont plongé, à commencer par les asiatiques : -7,3% pour Shanghai, -7,8% pour Tokyo. L’indice allemand s’est effondré de plus de 10% en début de séance, un mouvement de panique inédit depuis la pandémie. Voyons le verre à moitié plein, cet après-midi, les indices européens ont effacé environ la moitié de leurs pertes.
À Paris, le CAC 40 cède finalement 3,64%, à 7 010 points, après avoir accusé une chute de 7% à l’ouverture. L’écart matinal entre Paris et Berlin s’explique assez facilement, le DAX est aujourd’hui l’indice le plus mondialisé au monde, et donc le plus exposé. Quand 82% du chiffre d’affaires des entreprises de l’indice dépend de l’international, chaque mur douanier devient un risque majeur.
Cette mondialisation, qui portait le DAX depuis de nombreuses années, devient aujourd’hui son point faible. Les marchés ne valorisent plus la puissance internationale, ils redoutent des chaînes d’approvisionnement perturbées, des coûts qui explosent, et une visibilité en berne. Même les entreprises françaises, pourtant très tournées vers l’international, apparaissent plus résilientes. Les sociétés du CAC génèrent environ 23% de leurs revenus en France, 77% à l’international. Une différence qui, dans un contexte de tensions commerciales, fait toute la différence.
Wall Street a brièvement rebondi lundi après une rumeur évoquant une pause de 90 jours dans les droits de douane. L’annonce a d’abord fait grimper le S&P 500 de plus de 3%. Mais la Maison Blanche a rapidement démenti, évoquant une fake news. Le S&P perd pour le moment 0,66%, -2% pour le Nasdaq. L’euphorie a donc été de courte durée. Autant dire que Trump dicte, à lui seul, la météo des marchés. Et il va falloir s’y habituer !
Petit point d'étape
En dehors de STMicro (+1,7%) et Schneider (+0,2%), toutes les composantes du CAC 40 clôturent dans le rouge ce soir. En pleine débâcle boursière, les plus fortes baisses journalières reviennent à Veolia (-6,9%), Safran (-6,5%), Air Liquide (-6,2%), Airbus (-6%) et AXA (-5,4%). Des valeurs essentiellement industrielles et qui réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires à l’international. Depuis le début de l’année, les plus fortes baisses de l’indice français reviennent pour le moment à Stellantis (-32%), Kering (-29,3%), STMicroelectronics (-28,7%), Publicis (-24%) et Capgemini (-23%). Et les plus fortes hausses sont signées par Thales (+67%), Société Générale (+27%), Orange (+25%), Bouygues (+22%) et Crédit Agricole (+14%). Affaire à suivre !
Le secteur du luxe
Nous vous en parlions via notre groupe WhatsApp, le secteur du luxe est particulièrement concerné par la guerre commerciale. Depuis le début de l’année, Kering s’effondre de 29%. LVMH -19%, l’éternel intouchable Hermès -6% et L’Oréal limite la casse à -2%. Autant dire que le parfum de récession commence sérieusement à sentir le souffre. Le problème ? Pratiquement tous les produits de luxe achetés par les Américains sont importés. Et Trump veut taxer à 20% les importations européennes. Résultat, des sacs plus chers, des marges potentiellement rabotées et surtout, surtout, un consommateur américain qui commence à faire grise mine. Le gestionnaire d’actifs Bernstein tire la sonnette d’alarme avec une prévision de croissance du secteur revue de +5% à… -2%. Sept points d’un coup. Un vrai krach de perspectives.
Et ce ne sont pas les 1 à 4% de hausses de prix envisagées pour compenser les taxes qui changeront la donne. Mais le danger est principalement ailleurs : incertitude mondiale, krach boursier, dollar en baisse et récession en embuscade. Bref, le cocktail parfait pour une déprime du consommateur global, américain et chinois, qui pèsent ensemble 55% des ventes du secteur. UBS chiffre déjà les dégâts potentiels pour 2025. -6% sur les résultats opérationnels de LVMH, -9% pour Hermès, et jusqu’à -45% pour l’italien Ferragamo. Seule consolation, les marques les plus haut de gamme, comme Hermès ou Richemont, pourraient mieux encaisser le choc grâce à leur capacité à faire passer la pilule côté prix. Le luxe, ce n’est pas seulement une histoire de tarifs. C’est une affaire de confiance. Et en ce moment, la confiance fond comme neige au soleil…
Valneva
Après un repli marqué de 17,6% vendredi dans le sillage des tensions boursières, l’action Valneva reprend 9,33% ce lundi, à 2,85€. Ce rebond intervient alors que le ministre des Outre-mer, en déplacement à La Réunion, a annoncé la livraison de 50 000 doses supplémentaires du vaccin développé par Valneva, d’ici fin avril, pour faire face à la recrudescence des cas de chikungunya sur l’île.
Cette commande s’ajoute aux 40 000 doses déjà livrées précédemment. Le vaccin bénéficie d’une autorisation d’utilisation chez les adultes en Europe, aux États-Unis et au Canada, et dès 12 ans sur le Vieux Continent. Cette annonce rassure les investisseurs et confirme l’intérêt croissant des autorités pour la solution développée par Valneva. Depuis le début de l’année, le titre gagne plus de 32%.
L'agenda du lundi : 1 seule véritable actu
Rares sont les publications économiques qui pourraient détourner l’attention des investisseurs cette semaine. Au programme, le compte-rendu de la dernière réunion du FOMC mercredi soir (voir lexique), l’inflation américaine jeudi après-midi et celle de l’Allemagne vendredi matin. Vendredi soir, la saison de publication des résultats du premier trimestre débutera avec plusieurs bancaires américaines. Mais clairement, les marchés vont continuer de vivre au rythme des annonces commerciales. Surtout entre les États-Unis, la Chine et la zone euro. Et ce n’est que le début !
Demain à la Une : Les niveaux à suivre
C’est une nouvelle séance 100% commerciale qui nous attend demain, aucune publication majeure n’est au programme. Nous profitons de l’occasion pour faire une mise à jour technique, tant la volatilité est forte sur les marchés. Dans les prochaines séances, les vendeurs devraient viser comme aujourd’hui les 6 900 et 6 770 points. Et les acheteurs les 7 090, 7 170 et 7 250 par extension.
Le lexique : FOMC
Le FOMC (Federal Open Market Committee) est le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Il se réunit régulièrement pour décider des taux d’intérêt directeurs et des mesures visant à réguler la masse monétaire et l'inflation, afin de soutenir la croissance économique, l’emploi et la stabilité des prix aux États-Unis.