Les marchés : Les 100 jours
C’est une date symbolique. Les 100 premiers jours du second mandat de Trump marquent la pire performance boursière américaine depuis les années 1970. Depuis son investiture, le S&P 500 chute de 7,7%, une baisse inédite pour un début de mandat depuis celui de Gerald Ford en 1974. L’indice phare de Wall Street a même perdu 20% entre l’investiture et le 7 avril, au plus fort de la guerre commerciale.
Cette mauvaise performance est bien sûr attribuée à la politique commerciale agressive de Trump, marquée par l’instauration de tarifs douaniers élevés qui ont ravivé la volatilité sur les marchés, affaibli la confiance des investisseurs et suscité des craintes d’inflation. Ses annonces tarifaires imprévisibles ont semé la confusion, tant chez les investisseurs américains qu’étrangers, provoquant une vente massive d’actifs libellés en dollars, dont environ 60 milliards de dollars d’actions américaines vendues par des investisseurs européens. C’est le “Sell America” trade dont parlait récemment Marc Fiorentino.
Les grandes entreprises technologiques américaines, très prisées en fin d’année dernière, subissent un retournement brutal, devenant désormais des cibles de ventes à découvert. Voyons le verre à moitié plein ! Depuis le creux du 7 avril, les grands indices mondiaux ont rattrapé environ 70% à 90% de leurs pertes. Le S&P 500 ne perd plus que 2% par rapport à ses niveaux antérieurs à l’annonce des premiers droits de douane, le 2 avril. Mais attention à ne pas crier victoire trop vite. L’évolution des négociations commerciales et les résultats d’entreprises du premier trimestre sont à suivre de près. On continuera bien sûr de couvrir ces deux dossiers chauds dans le Journal de la Bourse et sur notre groupe WhatsApp. Dernier fait en date, Trump devrait alléger les taxes sur le secteur automobile.
En attendant les échéances importantes de demain, le CAC 40 clôture en légère perte ce soir (-0,24% à 7 556 points). La séance a été marquée par la baisse de Schneider et la hausse de Capgemini, on en reparle ci-dessous. Même son de cloche à Wall Street où les grands indices évoluent sans tendance claire dans les premières heures d’échange.
Les valeurs : Schneider Electric, Rheinmetall et Planisware
Schneider Electric
Schneider Electric recule de 6,38% à 203,25€ ce soir, pénalisé par une croissance trimestrielle inférieure aux attentes. Sur le premier trimestre, ses revenus progressent de 7,4%, contre 8,9% anticipés par le consensus. Si l’Amérique du Nord et l’Asie maintiennent une dynamique solide, l’Europe de l’Ouest enregistre un recul, notamment dans le résidentiel et les data centers.
Le leader des solutions numériques pour l’énergie confirme ses objectifs annuels, tablant sur une croissance comprise entre 7% et 10% et une amélioration de la marge opérationnelle. Le management se veut rassurant sur la solidité du carnet de commandes. Toutefois, dans un contexte de forte exigence des marchés, la moindre déception est lourdement sanctionnée. Le titre signe ainsi la plus forte baisse du CAC 40 ce mardi.
Rheinmetall
Rheinmetall avance de 7,73% à 1 443€, porté par des résultats trimestriels spectaculaires. Le groupe allemand de défense annonce une hausse de 46% de son chiffre d'affaires et des prises de commandes inédites, à 11 milliards d’euros. Dans un contexte géopolitique sous tension, la branche défense explose, avec un bénéfice opérationnel en hausse de 96%. Le carnet de commandes atteint un niveau record de 62,6 milliards d’euros, garantissant la visibilité sur plusieurs années.
Sans surprise, Rheinmetall confirme ses objectifs 2025, avec une croissance attendue de 25 à 30%. La dynamique pourrait même s’accélérer si les budgets militaires continuent de grimper. Les investisseurs saluent cette puissance de feu ! Rheinmetall s'impose clairement comme l'une des stars de l’indice européen Euro Stoxx 600. Pour aller plus loin, nous vous préparons un article complet sur le sujet, à découvrir dans l’édition de ce week-end.
Planisware
Ce mardi, Planisware affiche une hausse de 4,88% à 23,65€, propulsé par un premier trimestre sans faute. Le champion des logiciels de gestion de projets a publié des chiffres parfaitement alignés avec ses ambitions, rassurant des investisseurs à cran en pleine saison des résultats. Avec un chiffre d'affaires en hausse de 16%, porté par ses contrats SaaS, Planisware surfe sur une demande accrue des entreprises.
Ses clients historiques, de Philips à Continental, renforcent leurs commandes. Le pipeline commercial reste solide, et la société confirme ses objectifs pour 2025. Visibilité, discipline, cash-flow... la recette plaît. Aujourd'hui, Planisware signe l’une des plus fortes hausses du SBF 120, même si l’action cède 16% depuis le début de l’année. Elle est éligible au PEA-PME.
Demain à la Une : Séance critique !
Les séances de demain et de vendredi sont les plus chargées de la semaine en nouvelles données, entrecoupées par la fête du Travail jeudi (les places européennes seront fermées). Au programme de ce mercredi, l’indice PMI d’activité industrielle en Chine, l’inflation française et les derniers chiffres de croissance des États-Unis, de la zone euro, de l’Allemagne et de la France. Surtout, les investisseurs attendent avec impatience l’indice américain PCE Core à 16h. Comme chaque mois, la mesure préférée d’inflation de la Fed animera les spéculations sur ses prochaines baisses de taux.
Mais ce n’est pas tout ! Beaucoup de poids lourds publieront leurs résultats du premier trimestre, tout au long de la séance. Microsoft, Meta, Total, Airbus, Crédit Agricole, Société Générale, Stellantis, Ayvens (ex-ALD Automotive) et Teleperformance passeront sur le gril. On radote, mais l’autre grande inconnue sera bien sûr l’évolution de la guerre commerciale… Est-ce que Donald Trump continuera de se montrer relativement clément dans l’attente des premiers accords commerciaux ? C’est LA grande question en suspens, en parallèle des résultats d’entreprises, pour les prochaines séances.
Le monde d'après : Capgemini surfe sur l'IA
Vous êtes nombreux à nous demander le retour de notre rubrique Le monde d’après, destinée aux nouvelles tendances structurelles. On sait aussi que Battle vous plait. On va donc alterner entre les deux rubriques, chaque soir, pour contenter le maximum de nos fidèles lecteurs. Ce soir, notre regard se porte sur Capgemini, symbole des mutations technologiques en cours.
Le géant français des services numériques a enregistré 5,55 milliards d'euros de revenus au premier trimestre, légèrement au-dessus des attentes des analystes, dans un environnement toujours marqué par les incertitudes géopolitique et commerciale. L'action s'est envolée de près de 7% en début de séance, portée par l'optimisme autour de l'intelligence artificielle générative, un axe stratégique mis en avant par le directeur général. Ce dernier a également assuré que les objectifs financiers pour 2025 étaient maintenus, avec une approche prudente sur la croissance et la rentabilité.
Si l'Amérique du Nord et le Royaume-Uni soutiennent l’activité, on assiste à un ralentissement en France et en Europe. Dans un contexte toujours très incertain, Capgemini capitalise clairement sur l'IA qui s'impose comme un pilier de son développement. Le titre clôture en tête du CAC ce soir, à 138€ (+5,67%).
Le lexique : Les aristocrates des dividendes
Les aristocrates des dividendes sont des actions de sociétés qui ont augmenté leur dividende chaque année pendant au moins 25 ans consécutifs. Ces entreprises, généralement solides et bien établies, sont prisées pour leur stabilité financière, leur gestion prudente et leur capacité à générer des flux de trésorerie réguliers, même en période de turbulences économiques.