Les marchés : Le CAC efface ses pertes
Ce n’était pas la séance de l’année ! Mais on a beaucoup de choses à vous dire ce soir. Les principaux indices ont évolué sans grande conviction aujourd’hui, avec un gain modeste de 0,30% à la clôture pour le CAC 40. L’indice français termine la séance à 7 874 points et efface (temporairement ?) toutes ses pertes générées depuis le 2 avril, date à laquelle Donald Trump a déclenché la guerre commerciale. Depuis le début de l’année, le CAC signe désormais un gain de 6,6%. Les espoirs d’accords commerciaux, et la trêve États-Unis Chine de 90 jours, ont soutenu sa hausse hier, et celle des autres grands indices mondiaux. Mais ce mardi, on cale, faute de nouvelles actus majeures sur le front commercial.
Pour l’heure, le Nasdaq gagne 1,5% et le S&P 500 0,8%, soulagés par le ralentissement inattendu de l’inflation. En comparaison avec le CAC, le Nasdaq perd toujours 3% depuis le 1er janvier. -0,7% pour le S&P 500. Selon l’indice des prix à la consommation (IPC), l’inflation annuelle recule à 2,3% en avril, contre 2,4% en mars, notamment grâce à la baisse des prix des carburants. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente reste stable à 2,8%.
Mais attention… l’impact de la guerre commerciale sur l’inflation est encore à venir. Si Trump a récemment allégé certaines de ses mesures commerciales, les experts anticipent en effet des hausses de prix dans les mois à venir, les droits de douane restant nettement supérieurs à ceux du début de son second mandat. L’université de Yale estime que ces surtaxes douanières pourraient coûter en moyenne 2 800$ par an aux consommateurs américains.
Les valeurs : GL Events, Hermès et Equasens
GL Events
Le spécialiste de l’événementiel bondit de 5,84% à 24,45€ ce mardi, propulsé par une annonce de taille. Le groupe obtient le contrat de concession du Stade de France pour 30 ans ! Un actif emblématique pour l'ex-Générale Location, qui renforce sa branche dédiée à la gestion de sites. L’État écarte le tandem Vinci-Bouygues, mettant un terme à un feuilleton judiciaire intense.
Le groupe lyonnais, déjà opérationnel sur le Stade Gerland et les grands événements internationaux, prendra les rênes dès août 2025. Financièrement, le contrat reste raisonnable, avec environ 100 millions d’euros d’investissements prévus, pour 70 à 80 millions de revenus annuels. Un coup stratégique sans déséquilibrer le bilan. En parallèle, GL Events affiche un excellent début d’année (+11 % de croissance au premier trimestre) et relève ses ambitions 2025. Le titre revient sur le devant de la scène, et affiche une hausse de 34% depuis le début de l’année.
Hermès
Hermès s’offre un nouveau coup d’éclat en Bourse, +2,24% à 2 596€, après une nouvelle recommandation de la Royal Bank of Canada à "surpondérer", avec un objectif à 2 600€. Pour la banque, Hermès incarne le luxe absolu, une marque reine au sommet de la pyramide du « soft luxury ». Certes, le titre est cher, mais il mérite sa prime : qualité artisanale inégalée, modèle intégré, croissance régulière. La banque canadienne prévoit 10% de croissance annuelle sur 5 ans, soit le double de la moyenne du secteur. Le maroquinier se distingue aussi par une diversification méconnue de ses revenus. Les sacs Kelly et Birkin ne pèsent en effet que 10% du total. Depuis le début de l’année, le titre affiche une progression de 11%.
Equasens
Equasens affiche une progression de +12,16% à 47,50€, après une publication trimestrielle qui rassure enfin. Le spécialiste des solutions logicielles pour les professionnels de santé signe une croissance de 6,9% au premier trimestre. Sa division phare, Pharmagest (près de 74% de l’activité), renoue avec une dynamique positive, portée par un regain de confiance des pharmaciens en France et en Italie. C’est la première progression annuelle depuis 2023.
La base de comparaison était facile, certes, mais le signal est clair pour les investisseurs, la reprise est là. Après avoir touché un plus bas de 2017, Equasens retrouve l’adhésion du marché. La banque d'investissement Stifel salue un "trimestre solide" et reste à l’achat avec un objectif de 75€. Le marché redevient preneur d’un dossier jugé historiquement défensif, aujourd’hui valorisé seulement 9,2 fois son excédent brut d’exploitation. Une revalorisation progressive paraît plausible, si le management reste au rendez-vous. Le titre éligible au PEA-PME affiche une hausse de 7% depuis le début de l’année.
Demain à la Une : Les détails du deal USA-Chine
En théorie, c’est une séance plutôt calme qui nous attend demain. Aucune publication économique majeure à l’horizon. L’inflation allemande d’avril sera dévoilée mais ne devrait pas soulever les foules. Côté entreprises, Cisco, Euronext, Bouygues et Ubisoft publieront leurs résultats du premier trimestre. En pratique, le marché espère découvrir tous les détails de l’accord commercial conclu entre les États-Unis et la Chine. Avec potentiellement à la clé, une nouvelle hausse des actions. En attendant de nouveaux deals…
Le monde d'après : Le retour des 7 Magnifiques
Longtemps adulées, les stars de la tech américaine ont connu un début d’année compliqué. Les Sept Magnifiques (Alphabet (Google), Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla) ont affiché ces derniers mois des performances décevantes, certaines chutant dans les profondeurs du S&P 500. Seules Microsoft et Meta parvenaient à rester légèrement dans le vert, tandis que Tesla flirtait avec les dernières places.
Cette situation s’explique en grande partie par les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Les surtaxes douanières ont pesé sur les chaînes d’approvisionnement, notamment pour Apple, dont 80% des iPhones vendus aux États-Unis sont assemblés en Chine. Amazon a été épinglée pour avoir envisagé de répercuter les hausses de prix liées aux droits de douane.
Mais hier, tout a changé. La trêve douanière de 90 jours entre Pékin et Washington a ravivé l’appétit pour les actions tech. Le Nasdaq a bondi de 4,35% et les Sept Magnifiques ont signé des hausses de +2,4% à +8%, regagnant à elles seules plus de 830 milliards de dollars de capitalisation boursière. Une remontée éclair ! Et une volatilité explosive.
Cette détente est perçue par les investisseurs comme un signe de désescalade durable. Plusieurs bureaux d’analyse y voient un possible tournant majeur pour les marchés en 2025, le retour en grâce des mégacaps pourrait ouvrir un nouveau chapitre haussier à Wall Street.
Le lexique : Le pricing power
Le "pricing power" des valeurs du luxe désigne leur capacité à fixer des prix élevés tout en maintenant une forte demande pour leurs produits. Les grandes maisons de luxe, comme LVMH, Hermès et Kering, bénéficient de cette force en raison de la rareté, de la qualité exceptionnelle et du prestige associés à leurs marques.
Ce pouvoir leur permet d’augmenter régulièrement leurs prix sans affecter significativement leur base de clients, souvent très fidèle et peu sensible aux fluctuations économiques. Le pricing power protège ainsi ces entreprises de l'érosion des marges face à l'inflation ou aux coûts de production, et renforce leur rentabilité à long terme. C'est un élément clé qui explique la résilience remarquable des valeurs du luxe sur le long terme.